Recensement du cheptel national : l’Intérieur prend les rênes, l’Agriculture à la traîne..


Rédigé par le Mercredi 27 Aout 2025

Le recensement du cheptel national, dévoilé fin août, en est l’illustration parfaite. D’un côté, une photographie exhaustive : plus de 32,8 millions de têtes répertoriées, dont 23 millions d’ovins. Un effort colossal mené sur l’ensemble du territoire, dans un contexte marqué par la sécheresse, la flambée des prix des intrants et les stigmates laissés par la pandémie. De l’autre, une évidence : si ce travail a pu être réalisé avec autant de rigueur et de rapidité, c’est bien parce que le ministère de l’Intérieur a mis à disposition ses moyens humains, son maillage territorial et ses procédures éprouvées.



Quand l’Intérieur devient le vrai gardien de la souveraineté alimentaire :

Le ministère de l’Agriculture s’empresse d’annoncer l’augmentation des effectifs du cheptel comme un succès. Pourtant, derrière la façade des chiffres, la réalité est plus nuancée. Les bovins et les camelins reculent dangereusement : près de 30% de baisse par rapport aux moyennes historiques. Les causes sont connues – restriction de l’irrigation, crise du lait, sécheresses à répétition – mais les remèdes tardent. On se retrouve avec une communication ministérielle qui se contente de constater et commenter, plutôt que d’anticiper et corriger.

Ce paradoxe illustre une faiblesse structurelle : le ministère de l’Agriculture excelle dans la compilation statistique, mais peine à transformer ces données en stratégies de long terme. Le recensement devient un miroir sans tain : il reflète le présent sans éclairer l’avenir.

À l’inverse, c’est au ministère de l’Intérieur que revient le mérite d’avoir donné au recensement sa cohérence nationale. Walis, gouverneurs, autorités locales, commissions techniques : la mécanique administrative a fonctionné comme une horloge. Cette architecture de gouvernance, adossée à des instructions royales précises, a permis d’identifier, marquer, centraliser les données et surtout de bâtir une base numérique nationale du cheptel et de ses propriétaires.

Ce travail dépasse le simple recensement : il prépare une reconstitution raisonnée du cheptel, avec un suivi au plus près des réalités locales. Les aides aux éleveurs – près de 11 milliards de dirhams mobilisés – ne seront plus distribuées à l’aveugle, mais indexées sur des données vérifiables. Dans un pays où les subventions sont souvent synonymes d’opacité, l’Intérieur apporte ici méthode et transparence.

Ce n’est pas un hasard si le comité de pilotage central est présidé par l’Intérieur. La souveraineté alimentaire est trop sensible pour être laissée aux hésitations techniques. Face à la sécheresse chronique, aux tensions sociales liées à l’Aïd al-Adha annulé en 2025, ou encore aux défis des importations de viande et de lait, le Royaume a besoin d’un État stratège, capable de décider vite et de contrôler efficacement.

L’Intérieur, souvent perçu comme garant de l’ordre public, s’affirme désormais comme acteur de la sécurité alimentaire. Ses méthodes – recensement exhaustif, numérisation des procédures, supervision locale – démontrent que le pays peut se doter d’une gouvernance moderne, même dans un secteur aussi dispersé et sensible que l’élevage.

La critique n’est pas une condamnation, mais un appel. Le ministère de l’Agriculture doit retrouver son rôle moteur : penser les filières, anticiper les crises, orienter les investissements, moderniser les pratiques. Les chiffres bruts ne suffisent pas. Sans vision, le recensement restera une photographie figée, incapable de protéger le Maroc des prochaines tempêtes climatiques et économiques.

L’Intérieur, chef d’orchestre discret mais efficace :

Pendant que l’Intérieur assure la logistique et la méthode, l’Agriculture doit reprendre son rôle de capitaine de navire. C’est à elle de donner le cap, pas de s’abriter derrière les bulletins de recensement. Le Maroc rural et ses éleveurs attendent une stratégie claire : quelles solutions pour la filière laitière ? Quel avenir pour les camelins frappés par la sécheresse ? Quelle politique pour préserver les femelles reproductrices sans sacrifier la rentabilité des troupeaux ?

Au fond, cette séquence est une leçon de gouvernance. Elle montre qu’un pays ne se nourrit pas de statistiques mais de décisions. Qu’un ministère de l’Intérieur, souvent critiqué pour son poids, peut devenir un modèle de rigueur et d’efficacité lorsqu’il applique des Hautes Instructions royales. Et qu’un ministère de l’Agriculture, pourtant au cœur du sujet, peut perdre de sa crédibilité lorsqu’il confond comptabilité et stratégie.

Le Maroc, confronté à la crise climatique, ne peut pas se permettre ce luxe. La souveraineté alimentaire exige un État stratège, un ministère de l’Agriculture visionnaire et un ministère de l’Intérieur garant de la mise en œuvre. Entre les deux, c’est une complémentarité qu’il faut construire, pas une compétition. Mais pour l’instant, c’est bien l’Intérieur qui sauve la mise.

L’histoire retiendra que dans les années de sécheresse et de crise, le Maroc a pu compter sur l’efficacité des autorités territoriales pour recenser et protéger son cheptel. Mais elle retiendra aussi que l’Agriculture, malgré ses chiffres, doit encore apprendre à transformer ses constats en stratégies. L’avenir du pays rural ne se joue pas dans les tableaux Excel, mais dans la capacité à conjuguer méthode et vision. Et pour l’instant, la méthode, c’est l’Intérieur qui l’incarne.

​La sagesse royale, socle de l’opération

Impossible de comprendre la cohérence de ce chantier sans rappeler l’élément fondateur : les Hautes Instructions Royales.

C’est sous l’impulsion directe de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, que l’opération de recensement et de reconstitution du cheptel a été engagée. Le Souverain a insisté sur la nécessité de combiner professionnalisme, objectivité et efficacité, tout en confiant le suivi aux autorités locales. Cette vision royale dépasse la simple urgence : elle trace une ligne de durabilité, dans un contexte où la sécheresse et les défis économiques fragilisent la souveraineté alimentaire nationale.

En rappelant que la réussite de ce chantier exige une implication totale de chaque acteur – ministres, walis, gouverneurs, techniciens – SM le Roi a replacé le cheptel au cœur de la stratégie de résilience du Royaume. La dimension numérique, avec la création d’une base de données nationale précise, traduit cette volonté de bâtir une gouvernance moderne, adaptée aux réalités du terrain et tournée vers l’avenir.

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Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls… En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 27 Aout 2025
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