Réforme de la Moudawana : il faut libérer le débat


Rédigé par le Vendredi 13 Octobre 2023

C'est un moment crucial pour l'avancement des droits des femmes et de la famille au Maroc. En ce mois d'octobre, lorsque nous commémorons la Journée de la Femme marocaine, nous assistons à une période de changement significatif.



Une nouvelle réforme de la Moudawana,lancée sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ouvre la voie à des progrès accrus dans le Code de la famille, renforçant ainsi l'orientation vers une société plus égalitaire et inclusive.

En 2004, la révision du Code de la famille, initiée par le Souverain, a apporté une transformation majeure à la société marocaine, éliminant d'importantes inégalités qui pesaient sur la vie quotidienne des femmes. Cette démarche délibérée et déterminée reflétait l'évolution du Maroc moderne. Aujourd'hui, la réaffirmation de cet engagement par le Souverain dans ce domaine témoigne de l'irréversibilité de l'effort en faveur des droits des femmes et de la famille, ne cédant en rien face aux obstacles pratiques.

La correspondance émise par Sa Majesté à l'attention du chef du gouvernement définit de manière précise les objectifs de la réforme du Code de la famille. Elle témoigne une fois de plus de la ferme volonté royale de promouvoir le statut des femmes et leur rôle au sein de la société à travers des actions concrètes.

Cet Appel Royal affirme que les objectifs ambitieux ne seront pas compromis en raison de résistances au changement ou de failles dans la mise en œuvre. Ces lacunes actuelles permettant des abus ne sont pas acceptables dans un pays qui cherche à embrasser la modernité et s'engage résolument vers une société basée sur des valeurs.

Fréquemment, les femmes sont l'objet de représailles vindicatives de la part de leurs conjoints lors d'une séparation, sans que la loi ou la justice puisse intervenir efficacement. Les enfants sont souvent pris en otage, avec leurs intérêts ignorés par des parents engagés dans des conflits juridiques. La mère est systématiquement privée du droit de garde de ses enfants en cas de remariage. Le processus de divorce lui-même est régi par la loi de manière équitable, alors pourquoi ses conséquences ne le sont-elles pas ? Malheureusement, les exemples abondent, suscitant de nombreuses questions.

Une transformation significative va au-delà de la simple modification de la législation ; elle requiert également un changement profond des mentalités. C'est un appel à l'unité de tous les citoyens pour construire un Maroc plus égalitaire, où chaque femme peut pleinement réaliser son potentiel, où la famille et les droits des enfants sont protégés. C'est aussi un appel à promouvoir la libre réflexion et le débat, en dépassant les supposées limites invoquées par ceux qui résistent au changement. Aujourd'hui, toutes les questions doivent être posées sans aucune forme d'autocensure.

Il n'est plus acceptable d'ignorer délibérément certaines inégalités manifestes entre les hommes et les femmes sous prétexte de manque de discernement. Un débat restreint entravera les possibilités de réforme et conduira à des propositions incomplètes, en deçà des attentes de l'initiateur de cette démarche volontariste qui vise une réforme innovante et porteuse de solutions.

Il n'est plus acceptable d'ignorer délibérément certaines inégalités manifestes entre les hommes et les femmes sous prétexte de manque de discernement. Un débat restreint entravera les possibilités de réforme et conduira à des propositions incomplètes, en deçà des attentes de l'initiateur de cette démarche volontariste qui vise une réforme innovante et porteuse de solutions.

Les attentes des femmes marocaines sont considérables, mais tout à fait justifiées. Une société ne peut pleinement bénéficier de la contribution de la moitié de sa population sans lui offrir les conditions essentielles pour libérer son potentiel.


Salma LABTAR




Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 13 Octobre 2023
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