Réforme électorale au Maroc : entre exigences de représentativité et défi démocratique


Rédigé par le Vendredi 5 Septembre 2025

Alors que les débats autour de la réforme électorale s’intensifient à l’approche des législatives de 2026, les partis politiques, les experts et les institutions poursuivent leurs consultations pour aboutir à un nouveau code électoral conforme aux orientations royales. Si plusieurs pistes sont sur la table, la question centrale reste celle du maintien des quotas, qui continue de diviser l’opinion.



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Un chantier sous tension : entre représentativité, équité et efficacité

Le ministère de l’Intérieur a ouvert une série de rencontres avec les partis politiques afin de définir les contours du futur système électoral, dans l’esprit du discours du Trône. Parmi les formations les plus actives, le Parti de l’Istiqlal, par la voix de son secrétaire général Nizar Baraka, milite pour une réforme qui renforce la présence des femmes dans les institutions élues, tout en garantissant des élections transparentes et inclusives.

Lors d’une récente réunion à la Chambre des Représentants, le groupe istiqlalien « Pour l’Unité et l’Égalitarisme » a réaffirmé son adhésion au processus de réforme, en présentant un mémorandum détaillé couvrant les volets juridiques, institutionnels, éthiques, financiers et médiatiques du processus électoral.


Quotas : une réforme nécessaire mais à repenser

Le Centre Al-Moachar d’études et de recherches, dans un rapport critique, estime que le système actuel de quotas a dérivé de ses objectifs initiaux. Conçues pour encourager la participation des femmes et des jeunes, les listes régionales sont devenues, selon le Centre, un outil de clientélisme politique, excluant largement les jeunes au profit d’une représentation féminine déséquilibrée.

Le rapport propose un nouveau découpage du quota : 60 sièges pour les femmes, 30 pour les jeunes, sur des listes régionales distinctes.

Objectif : rétablir l'équilibre initial et garantir une représentation significative de chaque catégorie. Il plaide également pour l’introduction de critères de compétence, notamment le baccalauréat comme niveau minimum de formation pour se présenter à la Chambre des Représentants et aux Conseils régionaux.


Une représentativité en crise : symptôme d’un mal plus profond

Au-delà des textes, c’est la crise de la représentativité politique qui inquiète. Le rapport du Centre va plus loin que les revendications partisanes, en pointant l'incapacité des élites politiques à se renouveler, la domination persistante des notables, et une vie politique affaiblie par l'absence de véritable mérite et d’alternance générationnelle.

Face à cette réalité, le Centre recommande que 20 % des têtes de liste soient réservées à des candidats de moins de 35 ans, titulaires au minimum d’un master. Une mesure destinée à favoriser l’émergence de nouveaux profils et à briser l’hégémonie de figures politiques installées de longue date.


Découpage électoral et zones rurales : une inéquité persistante

Autre point de tension : le découpage des circonscriptions, jugé obsolète par de nombreux experts. Selon le professeur Abderazak Kabouri, la configuration actuelle ne tient pas compte des mutations démographiques et pénalise les zones rurales.

Il appelle à un rééquilibrage territorial qui garantirait une représentation plus équitable entre l’urbain et le rural, condition indispensable pour restaurer la confiance dans les institutions.

Le défi de la participation : l’ombre de l’abstention

La réforme se déroule dans un contexte préoccupant : la démobilisation citoyenne. Bien que la population en âge de voter soit en hausse (25 millions aujourd’hui contre 23 millions en 2016), le risque d’une abstention massive plane sur les prochaines élections. En 2021, la participation avait atteint 51 % grâce à un vote punitif contre le PJD, mais la dynamique semble s’être essoufflée.

Un consensus encore à construire

Le Comité Exécutif de l’Istiqlal a réitéré son soutien aux réformes engagées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, appelant à un processus électoral fondé sur l’intégrité, la transparence et la concurrence loyale. Son mémorandum, qui a été soumis au ministère de l’Intérieur, insiste sur l’importance de renforcer la participation, de moraliser la vie politique et de réconcilier les citoyens avec les urnes.


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Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec… En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 5 Septembre 2025
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