Le top 3 reste inchangé depuis 2024 : WhatsApp (75%), Facebook (62%) et Instagram (42%). Ces plateformes captent toujours la majorité des usages, même si l’on note une stagnation ou un léger recul par rapport à l’an dernier (WhatsApp -1 pt, Facebook -3 pts, Instagram +2 pts). Ces variations, bien que peu significatives statistiquement, signalent un plafond d’usage.

Ce trio est solidement ancré chez les jeunes de 18 à 34 ans, les citadins et les classes moyennes et supérieures. À noter que 95% des utilisateurs WhatsApp s’y connectent quotidiennement, tout comme 89% des usagers Facebook, preuve que l’usage est non seulement fréquent, mais quasi réflexe.

YouTube bouleverse le classement
Nouvel entrant en 2025, YouTube prend directement la 4ᵉ place avec 40% de taux d’utilisation. La plateforme se distingue par sa montée en puissance dans la consommation longue et quotidienne, notamment grâce à l’intégration de l’IA, aux doublages automatiques multilingues et à des formats publicitaires ciblés.

Cette arrivée relègue TikTok à la 5ᵉ position, bien qu’il enregistre une forte croissance : +5 points en un an, pour atteindre 24% d’utilisateurs. TikTok séduit la jeunesse (35% chez les 18-24 ans) et investit massivement dans le e-commerce, les créateurs locaux et l’IA pour scénariser les contenus.

Des outsiders qui peinent à convaincre
Derrière ce peloton de tête, d’autres plateformes peinent à émerger :

Snapchat et Telegram stagnent à 8%, en baisse ou en plateau.
LinkedIn (6%) tente une percée auprès des CSP+ et jeunes diplômés avec des fonctions IA pour la carrière.
X (ex-Twitter) (5%) se réinvente en "super-app", mais reste marginal.
Pinterest (4%), bien que modeste, montre une forte progression d’usage quotidien (+29 points), notamment auprès de la Gen Z.

L’intelligence artificielle : moteur commun des plateformes
2025 marque un tournant décisif avec l’arrivée massive de l’intelligence artificielle dans toutes les plateformes. Meta AI, Grok (X), IA de création chez TikTok et Pinterest... L’IA n’est plus un gadget mais devient un levier de création, de modération, de personnalisation et de monétisation. L’intégration est parfois bien accueillie (recommandations plus pertinentes), parfois critiquée (surveillance, intrusions dans la vie privée).

Une fracture numérique persistante
Si 81% des Marocains sont utilisateurs des réseaux sociaux, 19% restent hors ligne, majoritairement des personnes âgées (+55 ans), rurales, ou issues des CSP D-E. Ces citoyens invisibles pour les algorithmes soulèvent des questions fondamentales d’inclusion numérique, enjeu majeur du Nouveau Modèle de Développement (NMD).

Une évolution contrastée depuis 2020
Depuis 2020, le taux d’utilisation global des réseaux sociaux au Maroc est passé de 73% à 81%, soit une croissance de +8 points en 5 ans. Mais cette dynamique semble s’essouffler (+1 point seulement en 2025). WhatsApp reste stable, Facebook perd 3 points, et seules Instagram et TikTok progressent significativement.

Quels enseignements pour 2025 ?

Maturité d’usage : les plateformes sociales sont devenues des réflexes pour une majorité de Marocains.
Concurrence verticale : chaque plateforme spécialise ses usages (messagerie, vidéo courte, e-commerce, carrière…).
IA généralisée : les réseaux deviennent intelligents, mais soulèvent des dilemmes éthiques.
Fractures sociales : les plus âgés, les ruraux et les plus modestes sont encore largement exclus du numérique.
Réinventions en cours : Facebook tente un retour aux fondamentaux, X veut devenir une "app totale", TikTok s’installe comme un canal commercial.

Le Maroc digital avance, connecté, curieux, mais fragmenté. Entre sophistication algorithmique et exclusion persistante, 2025 sera une année de transition stratégique autant que sociale.