Rythmologie cardiaque au Maroc : un battement d’avance ou un retard sous surveillance ?


Entre nouvelles technologies, manque de centres spécialisés et formations pointues, la rythmologie marocaine cherche son tempo

La rythmologie au Maroc progresse mais reste inégalement répartie. Experts et médecins lancent un registre national et appellent à des centres spécialisés régionaux.



Tachycardies, fibrillations auriculaires, troubles du rythme ventriculaire… Les maladies du rythme cardiaque tuent plus qu’on ne le croit, souvent de façon brutale. Au Maroc, cette discipline encore jeune, la rythmologie, progresse à pas comptés. Au Morocco Medical Expo 2025, les experts réunis ont dressé un état des lieux : avancées, limites, espoirs. Où en est-on vraiment ?

Le cœur bat, mais pas toujours comme il faut
Les troubles du rythme cardiaque (ou arythmies) touchent des milliers de Marocains. Ils peuvent être bénins (palpitations passagères) ou graves (fibrillation ventriculaire, cause de mort subite). Pourtant, ces affections restent largement sous-diagnostiquées, faute d’accès rapide à un électrocardiogramme, à une surveillance prolongée ou à des consultations spécialisées.

Des avancées réelles, mais inégalement réparties
Pr. Jamal Kheiyi, spécialiste en rythmologie, a présenté les progrès notables réalisés ces dernières années : déploiement de stimulateurs cardiaques miniatures, développement de techniques d’ablation par radiofréquence ou cryothérapie, intégration de la télésurveillance des patients porteurs de pacemakers.

Mais ces avancées concernent quelques centres urbains bien dotés : CHU de Rabat, Casablanca, Marrakech… Dans les régions, les patients doivent parfois attendre des mois, voire se déplacer loin pour un simple diagnostic ou une pose de stimulateur.

Une spécialité exigeante… et rare
La rythmologie exige une formation très spécialisée, des plateaux techniques lourds, une rigueur extrême. Or, le Maroc compte encore trop peu de rythmologues et les jeunes cardiologues hésitent parfois à se spécialiser, par manque d’opportunités ou de reconnaissance institutionnelle.

Le Pr Mbarek Nazzi va plaidé pour la création de pôles régionaux de rythmologie, avec un accès élargi à l’ablation, à la cartographie électrophysiologique et aux consultations avancées.

Un registre national pour sortir de l’ombre
Lors du salon, un projet structurant a été lancé : la mise en place d’un registre marocain des arythmies, permettant de mieux connaître les cas, les profils à risque, les résultats des traitements, et d’orienter les politiques de santé.

Ce registre servira aussi à mesurer les effets du vieillissement, du diabète, de l’hypertension et du stress, facteurs majeurs de troubles du rythme dans la population.


Former, équiper, coordonner
La rythmologie ne peut plus être vue comme une discipline d’élite. Elle doit devenir un pilier de la cardiologie moderne. Cela suppose :

des formations continues pour les cardiologues généralistes,
des équipements adaptés dans chaque région,
et une collaboration forte entre cardiologues, urgentistes, médecins de famille et pharmaciens.

FOCUS : Ce que change la rythmologie moderne
Diagnostic précis grâce à l’électrophysiologie et au Holter
Traitement ciblé : ablation, pacemakers, défibrillateurs implantables
Prévention secondaire : télésurveillance, éducation du patient
Défi actuel : généraliser l’accès à l’expertise en dehors des grands CHU

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Vendredi 23 Mai 2025



Rédigé par Hind Ed-dbali le Vendredi 23 Mai 2025
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