Une déclaration du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui, sans constituer une reconnaissance formelle, marque une évolution stratégique de la position russe, longtemps perçue comme “neutre, mais proche d’Alger”.
Dans une sortie remarquée, Lavrov a salué le plan marocain comme une solution “probable et respectueuse du principe d’autodétermination”, rompant ainsi avec la ligne traditionnelle du “référendum”. Une formulation soigneusement calibrée, mais suffisante pour signaler un réalignement discret de Moscou. Cette évolution intervient alors que Washington, Paris et Londres soutiennent déjà la proposition marocaine, qualifiée par l’ONU de “sérieuse et crédible”.
Jusqu’ici, la Russie ménageait son positionnement : coopération militaire et énergétique étroite avec l’Algérie, mais relations stables et stratégiques avec le Maroc, notamment dans le monde arabe et en Afrique. Moscou cherche à s’affirmer comme acteur constructif dans le processus onusien plutôt que simple observateur, tout en évitant de froisser Alger.
Le virage russe s’explique aussi par le nouvel ordre international en recomposition. Sous le poids des sanctions occidentales, Moscou renforce ses partenariats africains et cherche de nouveaux leviers d’influence. Dans ce contexte, le Maroc devient une passerelle stratégique : un pays stable, influent sur le continent et clé dans la coopération Sud-Sud.
Le timing est révélateur : la déclaration de Lavrov coïncide avec la préparation d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara, et les propos du président algérien Abdelmadjid Tebboune dénonçant des “pressions de grandes puissances”.
Reste à savoir si Moscou passera, dans les prochains mois, du soutien “conditionnel” à un appui explicite dans les résolutions onusiennes. Mais une chose est sûre : le jeu diplomatique autour du Sahara vient de changer d’équilibre.