Sourire de Reda : Un dernier adieu à 16 ans de lutte contre le suicide des jeunes


Sourire de Reda s’éteint… mais qui prendra le relais ?
16 ans de combat, et après ? Le Maroc face au suicide des jeunes
Le Maroc perd son pilier de prévention du suicide, alerte rouge pour la jeunesse



Un problème de santé publique sous-estimé

C’est une nouvelle qui résonne comme un cri d’alerte silencieux. Après 16 années de combat acharné pour la prévention du suicide chez les jeunes au Maroc, l’association Sourire de Reda annonce la fin de ses activités, faute de soutien financier et structurel.

Fondée en 2008, l’association avait pour mission de briser le tabou du suicide, un sujet longtemps ignoré au sein de la société marocaine. À travers des campagnes de sensibilisation, une ligne d’écoute et des interventions auprès des jeunes en détresse, Sourire de Reda est devenue un acteur clé de la prévention en apportant une écoute bienveillante et un soutien psychologique à des milliers de jeunes et de familles.

La disparition de cette structure met en lumière un manque criant de politiques publiques adaptées face à un fléau en croissance. Selon l’OMS, près de 1 600 suicides sont recensés chaque année au Maroc, et les jeunes en sont parmi les premières victimes. Pourtant, la prise en charge de la santé mentale reste largement déficiente, avec un nombre insuffisant de psychologues, un accès limité aux soins psychiatriques et un tabou persistant autour du mal-être psychologique.

Dans de nombreux pays, des initiatives similaires ont pu être pérennisées grâce à l’implication de l’État et du secteur privé. À titre d’exemple, la France a mis en place le numéro national de prévention du suicide (3114), entièrement financé par les pouvoirs publics, tandis que le Royaume-Uni dispose de la Samaritans Hotline, une plateforme soutenue par des fonds publics et privés.

Avec la disparition de Sourire de Reda, un vide considérable se creuse dans l’accompagnement des jeunes en souffrance. Si le ministère de la Santé a récemment annoncé des réformes dans le domaine de la psychiatrie et de la santé mentale, la question de la prévention reste encore largement sous-financée et absente des priorités publiques.

Le drame réside dans cette indifférence : combien de jeunes auraient pu être sauvés si l’association avait reçu un soutien adéquat ? La fin de Sourire de Reda doit être un signal d’urgence pour les pouvoirs publics, les entreprises et la société civile, afin qu’ils prennent le relais de cette mission essentielle.

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Vendredi 7 Février 2025



Rédigé par La Rédaction le Vendredi 7 Février 2025
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