L’idée d’“externalités positives” est devenue un mantra : infrastructures sportives = tourisme accru, mobilité améliorée, connectivité renforcée, hôtellerie densifiée, BTP dynamisé, PME locales en orbite. Elle n’est ni fausse ni automatique. Elle dépend de trois conditions : l’accessibilité, la programmation (calendrier d’événements) et la densité urbaine autour du site. Sans ces trois leviers, le stade reste un îlot.
Les cas à fort potentiel ? Casablanca (marché domestique large, hub aérien, MICE*), Marrakech (tourisme international, tourisme d’événements), Tanger (porte atlantique-méditerranéenne, hot spot logistique), dans une moindre mesure Agadir (tourisme, hôtellerie réceptive). Chaque ville gagne à penser son stade comme un district : desserte TC (tram, bus express), parkings intelligents, zones piétonnes événementielles, incitations à la restauration de qualité et au retail expérientiel.
Côté finances publiques, il ne faut pas idéaliser. Le budget de l’État contribue déjà aux infrastructures sportives (morasse : 500 MDH en 2024 pour la mise à niveau des stades ; 1,2 MMDH en 2025 et 1,4 MMDH en 2024 dans des lignes globales “infrastructures sportives”)
C’est donc un investissement mixte, avec un retour attendu via impôts locaux, emplois, activité hôtelière, billetterie, naming, etc. La transparence sur l’affectation de ces enveloppes — ville par ville — devient essentielle pour lisser les inégalités territoriales et vérifier que l’argent public irrigue l’économie réelle.
Le second enjeu est celui de l’offre événementielle. Les enceintes ne peuvent survivre avec 20 ou 30 dates par an. Il faut industrialiser la programmation : championnats nationaux et compétitions régionales, concerts internationaux, exhibitions sportives (MMA, tennis, e-sports), salons pro-grand public. Une task-force commerciale nationale peut mutualiser le démarchage, optimiser les calendriers, négocier des contrats cadres avec grands promoteurs d’événements, et répartir l’activité entre villes selon la taille/destination.
Troisième levier, le tourisme d’affaires (MICE) : un stade qui est pensé comme venue modulaire (gradins rétractables, plateaux techniques, loges-studios) attire des congrès et conventions. Il devient une usine polyvalente : terrain le week-end, plateforme événementielle en semaine. Cette mixité justifie des investissements additionnels (insonorisation, réseaux, studios média) qui, bien calibrés, accélèrent le pay-back.
Les gagnants territoriaux ne seront pas uniquement les métropoles. Des villes moyennes, dotées d’un bon effet de destination (nature, culture, niche sport) peuvent capter des formats spécifiques (festivals, salons thématiques, compétitions scolaires/universitaires). L’État et les régions doivent financer, au-delà des stades, la mobilité fine (navettes, pistes cyclables, trottoirs) et la formation (métiers de l’événementiel, sécurité, son & lumière, hospitalité) pour ancrer localement la chaîne de valeur.
Mais attention au mirage foncier. Autour des stades, la spéculation peut expulser les commerces historiques et les ménages modestes. Il faut anticiper par des chartes d’urbanisme : pourcentage d’espaces accessibles, plafonnement de certains loyers commerciaux, mixité (logements, bureaux, loisirs), espaces verts vivants plutôt que simples parcs d’apparat. Le stade n’est pas seulement un “driver” économique ; c’est un objet urbain qui raconte une certaine idée de la ville.
L’économie politique compte aussi. Les partisans des mégaprojets y voient un catalyseur : sans l’échéance internationale, la mobilité, la connexion, l’espace public avanceraient plus lentement. Les sceptiques redoutent des “éléphants blancs” et la socialisation des pertes. Le débat est sain — à une condition : publier les KPI. Pour chaque stade, fixons 10 indicateurs trimestriels : fréquentation, taux d’occupation, panier moyen, recettes non sportives, emplois directs/indirects, nuitées hôtelières liées, retombées fiscales locales, satisfaction visiteurs/riverains, coût d’exploitation, investissement de maintenance. L’État finance déjà une partie du dispositif ; il doit au public toute l’information
Les stades ne sont ni des baguettes magiques ni des gouffres par nature. Ils deviennent moteurs si l’on aligne mobilité, programmation, gouvernance, urbanisme, et formation. Dans le cas contraire, ils s’apparentent à des cathédrales vides. L’heure n’est ni à l’adoration ni au dénigrement ; elle est à la discipline d’exécution.
Les cas à fort potentiel ? Casablanca (marché domestique large, hub aérien, MICE*), Marrakech (tourisme international, tourisme d’événements), Tanger (porte atlantique-méditerranéenne, hot spot logistique), dans une moindre mesure Agadir (tourisme, hôtellerie réceptive). Chaque ville gagne à penser son stade comme un district : desserte TC (tram, bus express), parkings intelligents, zones piétonnes événementielles, incitations à la restauration de qualité et au retail expérientiel.
Côté finances publiques, il ne faut pas idéaliser. Le budget de l’État contribue déjà aux infrastructures sportives (morasse : 500 MDH en 2024 pour la mise à niveau des stades ; 1,2 MMDH en 2025 et 1,4 MMDH en 2024 dans des lignes globales “infrastructures sportives”)
C’est donc un investissement mixte, avec un retour attendu via impôts locaux, emplois, activité hôtelière, billetterie, naming, etc. La transparence sur l’affectation de ces enveloppes — ville par ville — devient essentielle pour lisser les inégalités territoriales et vérifier que l’argent public irrigue l’économie réelle.
Le second enjeu est celui de l’offre événementielle. Les enceintes ne peuvent survivre avec 20 ou 30 dates par an. Il faut industrialiser la programmation : championnats nationaux et compétitions régionales, concerts internationaux, exhibitions sportives (MMA, tennis, e-sports), salons pro-grand public. Une task-force commerciale nationale peut mutualiser le démarchage, optimiser les calendriers, négocier des contrats cadres avec grands promoteurs d’événements, et répartir l’activité entre villes selon la taille/destination.
Troisième levier, le tourisme d’affaires (MICE) : un stade qui est pensé comme venue modulaire (gradins rétractables, plateaux techniques, loges-studios) attire des congrès et conventions. Il devient une usine polyvalente : terrain le week-end, plateforme événementielle en semaine. Cette mixité justifie des investissements additionnels (insonorisation, réseaux, studios média) qui, bien calibrés, accélèrent le pay-back.
Les gagnants territoriaux ne seront pas uniquement les métropoles. Des villes moyennes, dotées d’un bon effet de destination (nature, culture, niche sport) peuvent capter des formats spécifiques (festivals, salons thématiques, compétitions scolaires/universitaires). L’État et les régions doivent financer, au-delà des stades, la mobilité fine (navettes, pistes cyclables, trottoirs) et la formation (métiers de l’événementiel, sécurité, son & lumière, hospitalité) pour ancrer localement la chaîne de valeur.
Mais attention au mirage foncier. Autour des stades, la spéculation peut expulser les commerces historiques et les ménages modestes. Il faut anticiper par des chartes d’urbanisme : pourcentage d’espaces accessibles, plafonnement de certains loyers commerciaux, mixité (logements, bureaux, loisirs), espaces verts vivants plutôt que simples parcs d’apparat. Le stade n’est pas seulement un “driver” économique ; c’est un objet urbain qui raconte une certaine idée de la ville.
L’économie politique compte aussi. Les partisans des mégaprojets y voient un catalyseur : sans l’échéance internationale, la mobilité, la connexion, l’espace public avanceraient plus lentement. Les sceptiques redoutent des “éléphants blancs” et la socialisation des pertes. Le débat est sain — à une condition : publier les KPI. Pour chaque stade, fixons 10 indicateurs trimestriels : fréquentation, taux d’occupation, panier moyen, recettes non sportives, emplois directs/indirects, nuitées hôtelières liées, retombées fiscales locales, satisfaction visiteurs/riverains, coût d’exploitation, investissement de maintenance. L’État finance déjà une partie du dispositif ; il doit au public toute l’information
Les stades ne sont ni des baguettes magiques ni des gouffres par nature. Ils deviennent moteurs si l’on aligne mobilité, programmation, gouvernance, urbanisme, et formation. Dans le cas contraire, ils s’apparentent à des cathédrales vides. L’heure n’est ni à l’adoration ni au dénigrement ; elle est à la discipline d’exécution.