Succès et excès de la diplomatie marocaine ou pas !

Seule l'histoire tranchera


Rédigé par le Mardi 8 Juin 2021



L'excès en toute chose est contreproductif
Les forces armées du Maroc et des Etats-Unis tiennent un exercice militaire conjoint au cours de ce mois, des manœuvres de grande envergure, dont une partie va se dérouler à proximité des provinces du Sud.

L’administration Biden n’a pas reculé concernant la reconnaissance par celle de son prédécesseur de la marocanité du Sahara. Elle ne semble pas, pour l’instant du moins, décidée à aller plus dans ce sens.

En parallèle, le Maroc s’est engagé dans un bras de fer avec l’Espagne et l’Allemagne, deux pays de poids au sein de l’Union européenne. Le malheureux épisode de Sebta a encore plus envenimé les relations avec les pays du vieux continent.

Avec le recul, le déroulement de ces évènements donne la désagréable impression d’un excès de confiance en soi de la diplomatie marocaine, qui n’est tempéré que par la prise en considération du poids stratégique réel du royaume par ses partenaires européens.

En Israël, l’administration Biden a poussé en sous-main différents courants politiques à se coaliser pour constituer un nouveau gouvernement et se débarrasser définitivement de Benjamin Netanyahu.

Washington n’accorde plus aucune dimension ‘abrahamique’ aux derniers accords de normalisation des relations entre Israël et des pays arabes, dont le Maroc. Aucun des nouveaux ‘normalisants’ n’est proche de la zone de conflit.

Or, les récents affrontements armés entre Gaza et Israël, qui a vu toutes les factions palestiniennes dépasser leurs querelles et se liguer contre l'ennemi commun, a démontré que lesdits accords de normalisation n’ont apporté aucune solution au problème existant des droits des Palestiniens.

Washington est, par ailleurs, déterminée à revitaliser l’accord nucléaire avec l’Iran, chose qu’elle sait ne pas pouvoir réussir avec un sioniste radical comme Netanyahou à la tête du gouvernement israélien.

La nouvelle politique des Etats-Unis au Moyen-Orient ne sera, donc, pas sans conséquences sur le niveau d’engagement des différents signataires des accords de normalisation.

Dans le cas du Maroc, il devient évident que, sans chercher se rétracter à propos de la marocanité du Sahara, Washington ne semble plus avoir de raisons objectives d’en rajouter dans ce sens, sachant à quel point la décision de Trump a irrité ses partenaires européens.
    
L’Allemagne cherche, apparemment, à apaiser la récente tension diplomatique avec le Maroc. Le royaume est invité à prendre part à la nouvelle conférence de Berlin sur la Libye, qui sera tenue à la fin de ce mois. Les Allemands semblent, toutefois, se démener pour éviter le sujet du Sahara, s’obstinant à ne pas faire le moindre pas à ce sujet.

L’Espagne s’est faite prendre en flagrant délit d’infiltration sur son territoire, puis d’exfiltration d’un tortionnaire polisarien sous fausse identité, avec un passeport diplomatique algérien falsifié. Puis elle s’est accrochée aux tristes évènements de Sebta comme à une bouée de sauvetage stupidement tendue par le Maroc.

Somme toute, le Maroc s’appuie politiquement sur des Etats-Unis peu enthousiastes à le soutenir plus dans sa lutte pour faire reconnaître définitivement sa souveraineté sur ses provinces du Sud.

Le royaume s’est, d’autre part, brouillé avec deux de ses partenaires européens, trop contents, il est vrai, de voir le royaume perpétuellement empêtré dans son affaire du Sahara, ce qui leur procure un moyen de pression sur ce dernier.

Jusqu’à présent, le bilan de la diplomatie marocaine est plutôt bon, mais à trop vouloir en faire, elle risque de recueillir des contre-effets indésirables.




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Mardi 8 Juin 2021
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