Taux directeur inchangé sur fond d’une implosion de la dette directe du Trésor

Forte contraction de l’économie de 6,6 % en 2020


Rédigé par Noureddine Batije le Mercredi 16 Décembre 2020

A l'issue de sa quatrième et dernière réunion trimestrielle de l'année 2020, tenue ce mardi 15 décembre, le Conseil de Bank Al-Maghrib a estimé que l’orientation de la politique monétaire reste largement accommodante assurant un financement adéquat de l’économie et a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié, le maintenant ainsi inchangé à 1,5 %.



Le ratio de la dette inquiéte
Et pourtant, de l’avis même de la Banque centrale, la balance des risques ressort orientée à la hausse tant au niveau national qu’international. Et pour causes, l’évolution de la pandémie, la qualité de mise en place d’une réponse médicale ou traitement adéquat, le devenir des relations commerciales sino-américaines, les négociations sur le Brexit…sont autant de variables qui nourrissent le niveau exceptionnellement élevé d’incertitudes du contexte actuel totalement inédit.

Quoique l’effet d’annonce afférent à l’efficacité des premiers vaccins anti- Covid-19 et à l’initiative de vaccination à grande échelle ait stimulé l’idée de reprise plus rapide de l’économie, le point sur les toutes dernières évolutions mondiales de la pandémie et des conséquences qui s’en dégagent en termes de retour au confinement et/ou couvre-feu pourrait avoir un impact plus prononcé qu’attendus sur un éventuel retour à la « normale ».

Diktat de la conjoncture

De par ses multiples interconnexions avec le reste du Monde, le Maroc est lui aussi sous l’emprise du diktat de la conjoncture.
S’exprimant à l’issue du Conseil de Bank Al Maghrib, lors de sa traditionnelle conférence de presse, M. Abdellatif Jouahri a brossé le tableau de la situation économique actuelle et des projections macroéconomiques à venir.

Aussi, précise-t-il « qu’après cette forte baisse de l’activité au deuxième trimestre, la reprise post-déconfinement demeure lente et partielle en lien notamment avec les restrictions locales et sectorielles instaurées pour endiguer la recrudescence des contaminations ainsi que les incertitudes entourant l’évolution de la pandémie aux niveaux national et international ». Et d’ajouter que pour l’ensemble de l’année 2020, l’économie nationale accuserait une contraction de 6,6 %, avec un repli de 5,3 % de la valeur ajoutée agricole et de 6,6 % de celle non-agricole.

Et qu’à moyen terme, à la faveur principalement de l’amélioration des revenus des ménages et des mesures visant le soutien de l’investissement, la croissance des activités non-agricoles devrait atteindre 3,3 % en 2021 et se consolider à 3,6 % en 2022. Et ce, au moment où, sous l’hypothèse de récoltes céréalières annuelles de 75 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole progresserait de 13,8 % en 2021 et de 2 % en 2022. Le tout fait que les prévisions de la Banque centrale tablent sur un rebond de la croissance à 4,7 % en 2021 et sur une consolidation à 3,5 % en 2022.

Nuance

Aussi, faut-il garder que ce scénario reste entouré d’un degré élevé d’incertitudes. D’autant, plus que sur l’ensemble de l’année 2020, le déficit budgétaire hors privatisation se situerait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 7,7 % du PIB. Les mêmes projections signifient qu’à moyen terme, tenant compte notamment des données de la loi de Finances 2021 et sous l’hypothèse de la poursuite de la mobilisation des financements spécifiques, la consolidation budgétaire devrait reprendre graduellement et le déficit hors privatisation reculerait à 6,5 % du PIB en 2021 et à 6,4 % en 2022.

Une hausse de 11 points de PIB

Parallèlement et tenant compte notamment des émissions réalisées par le Trésor sur le marché international cette année et de celles prévues en 2021 et en 2022, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 321,9 milliards à fin 2020 et évolueraient autour de ce niveau au cours des deux prochaines années, assurant ainsi une couverture d’un peu plus de 7 mois d’importations de biens et services. Et la dette directe du Trésor, après une quasi-stabilité en 2019 à 65 % du PIB, devrait connaître une hausse de 11 points de PIB à 76 % au terme de cette année et atteindre 77,5 % du PIB en 2021 et 79,3 % du PIB à fin 2022. 
Noureddine BATIJE

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Mercredi 16 Décembre 2020
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