Toto, les dents de lait et les caries nationales !!


Rédigé par le Lundi 8 Septembre 2025

Au Maroc, on croyait avoir tout vu : les scandales politiques, les fuites budgétaires, les discours soporifiques… Mais non, voilà qu’on a droit à une nouvelle tragédie nationale « la poussée dentaire du fils de Toto »... Un drame humain, selon l’intéressé, qui accuse le pays de l’avoir chassé avant d’assister au miracle de la première quenotte…



Par Mohammed Yassir Mouline

Dans une démarche polémique, Toto a publié sur son compte officiel une photo de son jeune fils, accompagnée d’un commentaire sévère : « Je ne vous pardonnerai pas de m’avoir forcé à fuir ma maison avant même de voir pousser les dents de mon enfant… »…

Exprimant ainsi sa tristesse et sa colère contre ce qu’il considère comme une répression de sa liberté d’expression artistique… Après la plainte déposée contre lui par une association pour « atteinte publique à la pudeur » lors d’un concert à Kénitra, et après avoir reçu une convocation judiciaire à la suite de cette plainte… le rappeur Toto a quitté le pays, fuyant vers l’étranger, plus précisément en France…
 
Dans sa publication, Toto s’est préoccupé des dents de son fils… Mais dans son parcours artistique, rempli de saleté, de vulgarité et de caries morales et artistiques… il n’a jamais pris en considération les dents des enfants de ce pays, rongées par la carie immorale d’un style musical et de paroles grossières et vulgaires qui ont contribué à la dégradation morale d’une génération montante…
 
Pendant ce temps, des millions de parents marocains, eux, attendent aussi de voir pousser les dents de leurs enfants – pas seulement celles d’un rappeur en fuite… La différence ? Les leurs poussent dans des bouches fragilisées par une société qui les gave de chômage, de précarité et d’un système scolaire qui a plus de trous que le sourire d’un vieillard édenté...
 
Toto, lui, s’inquiète pour son héritier, noble cause… Mais le Maroc, dans son ensemble, aimerait que tous ses enfants aient droit à des dents solides, pas des molaires cariées par la drogue, l’oisiveté et la culture du « Salgoat » qu’on érige en art de vivre… Car soyons clairs : l’« art » de Toto, c’est un chewing-gum de bas étage, mâchouillé jusqu’à l’usure, qu’on nous vend comme liberté d’expression alors qu’il ne fait que recracher les relents d’un fast-food culturel…
 
La métaphore est trop belle : d’un côté, le pays rêve de sourires sains, fruits d’une éducation éclairée, d’un art qui élève, d’une pensée critique qui renforce les gencives sociales… De l’autre, Toto nous offre des caries artistiques : un rap gâté, gorgé de vulgarité et de substances illicites, qui fragilise tout ce qu’il touche…
 
Car rappelons-le : l’art n’est jamais neutre… Il peut être dentifrice ou soda sucré… Il peut blanchir les sourires ou les pourrir en quelques années… Toto, avec son niveau culturel digne d’un dentiste de rue armé d’une pince rouillée, croit combattre l’extrémisme en perçant les tympans… En réalité, il creuse des cavités...

Le Maroc a besoin d’un art qui fortifie l’émail social : littérature, musique, théâtre, peinture qui nourrissent l’esprit... Pas d’un rince-bouche au goût de cannabis… Les racines de l’extrémisme ne se déracinent pas avec des punchlines de caniveau, mais avec la brosse à dents de la pensée critique et le fil dentaire de la recherche scientifique
 
Alors oui, Toto n’a peut-être pas vu pousser les dents de son fils… Mais s’il continue à confondre micro et brosse à dents, il risque surtout de voir son gamin hériter d’un sourire édenté – reflet d’un art qui, au lieu de nourrir l’avenir, s’est contenté de mâchouiller la médiocrité…
 
Bref, Toto : occupe-toi de tes molaires familiales, mais laisse les Marocains construire une bouche collective sans caries… Car, dans ce pays, on a tous appris une chose : quand les dents de Toto grincent, c’est souvent le peuple entier qui serre les siennes…
 
Les Marocains pensent tous aux dents de leurs enfants, tandis que Toto ne pense qu’aux dents de son fils… Nous voulons, en tant que Marocains, voir pousser les dents de nos enfants « y compris celles du fils de Toto » dans une terre saine, non atteinte par la carie qui finirait par les fragiliser et les faire tomber... Et il est certain que Toto, au fond de lui-même, ne souhaite pas que son fils, demain, se vante d’être un «Salgoat » (voyou) et se détruise en consommant toutes sortes de drogues, pas plus que nous ne voulons voir nos enfants suivre ce chemin…
 
L’art, en vérité, n’est pas neutre. Se berce d’illusions celui qui croit que l’art existe pour lui-même : la théorie de « l’art pour l’art » est morte depuis longtemps… On ne peut combattre les racines de l’extrémisme au Maroc en banalisant ce type d’« art » médiocre incarné par Toto et consorts… La lutte contre l’extrémisme passe par la diffusion de la pensée éclairée, la promotion de l’esprit critique, de la recherche scientifique et d’un art noble, en harmonie avec l’identité des Marocains… Mais peut-être que Toto, au vu de son niveau culturel limité, n’a pas encore compris qu’il a été poussé dans une bataille perdue d’avance…
 
En somme, Toto voulait voir pousser les dents de son fils… Nous, on voudrait surtout que le Maroc retrouve des dents de sagesse... Car si le pays continue à mâcher du Toto matin, midi et soir, il ne lui restera bientôt plus qu’une mâchoire édentée… idéale pour avaler toutes les médiocrités.

Par Mohammed Yassir Mouline




Mohammed Yassir Mouline: Journaliste caricaturiste professionnel... 34 ans d'expérience à… En savoir plus sur cet auteur
Lundi 8 Septembre 2025
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