Trump menace le Nigeria d’une action militaire pour "sauver les chétiens" : Abuja réplique et défend son intégrité


Rédigé par le Lundi 3 Novembre 2025

Le président américain Donald Trump a menacé, samedi, de déclencher une action militaire contre le Nigeria s’il n’« arrête pas les meurtres de chrétiens » attribués à des « terroristes islamistes ». Dans une réponse rapide, la présidence nigériane a assuré « saluer l’aide américaine » à condition qu’elle respecte « l’intégrité territoriale » du pays.



L’annonce, assortie d’un ordre adressé au « ministère de la Guerre » de se tenir prêt à agir « immédiatement », intervient alors que Washington vient d’inscrire Abuja parmi les pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse.
 

Les faits se sont enchaînés en quelques heures. D’abord la sortie de Donald Trump, affirmant que les États-Unis pourraient « aller au Nigeria en défouraillant à tout-va » pour « anéantir complètement » les groupes responsables d’attaques visant des chrétiens. Puis la mise en garde formelle : l’aide américaine serait coupée si Abuja « tolère » ces violences. Le lendemain, Daniel Bwala, porte-parole de la présidence, a répondu que le Nigeria est ouvert à une coopération sécuritaire, mais refuse toute remise en cause de sa souveraineté. Dans la foulée, le président Bola Tinubu a rappelé que la « tolérance religieuse » reste « au cœur de l’identité » nationale.
 

Le contexte sécuritaire nigérian est lourd et multiforme. Dans le nord-est, Boko Haram et sa scission ISWAP continuent de frapper malgré l’affaiblissement de leurs capacités depuis 2015. Dans le centre, les heurts entre éleveurs peuls et agriculteurs prennent régulièrement une dimension confessionnelle, alors qu’ils relèvent aussi de la pression foncière et de la raréfaction des ressources. Dans le nord-ouest, des « bandits » mènent raids, enlèvements et pillages, alimentant un climat d’insécurité diffuse. Les autorités fédérales affirment multiplier opérations et coopérations régionales pour contenir ces menaces.
 

La dimension diplomatique s’est durcie avec la décision américaine de classer le Nigeria en « pays particulièrement préoccupant », sur fond de lobbying d’élus conservateurs à Washington et d’ONG chrétiennes. Des voix politiques aux États-Unis parlent de « génocide » des chrétiens, ce que contestent Abuja et plusieurs chercheurs. Les données d’ACLED, citées par des analystes, dressent un tableau plus nuancé : depuis 2009, des dizaines de milliers de civils de toutes confessions ont été tués dans des violences politiques, les attaques visant chrétiens et musulmans fluctuant selon les zones et les périodes.
 

Côté réactions officielles, Abuja maintient sa ligne : coopération oui, tutelle non. « Nous saluons l’aide américaine à condition qu’elle respecte notre intégrité territoriale », a déclaré Daniel Bwala. Le pouvoir nigérian récuse l’idée d’un pays « intolérant » religieusement et met en avant des efforts de désarmement des milices, de renforcement de la justice et de développement local. À Washington, la rhétorique martiale de Donald Trump accroît la pression politique et médiatique, au risque de tendre davantage la relation bilatérale si elle se prolonge en mesures coercitives.
 

La suite se jouera sur deux scènes. Sur le terrain, à la capacité d’Abuja à réduire les attaques, protéger les lieux de culte et juguler les enlèvements. Sur le plan diplomatique, à la manière dont les deux capitales calibreront leurs messages : coopération sécuritaire ciblée ou bras de fer symbolique. Pour l’heure, le Nigeria affirme qu’il n’acceptera aucune atteinte à sa souveraineté, tandis que la Maison-Blanche menace de conditionner l’aide. 


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Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.… En savoir plus sur cet auteur
Lundi 3 Novembre 2025
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