Un cessez-le-feu à Souaïda, ville à majorité druze située dans le Sud de la Syrie, a été annoncé par les autorités de Damas après une semaine de violents affrontements qui opposent des milices armées appartenant à la minorité druze et les forces du gouvernement syrien soutenues par des tribus de bédouins sunnites.
Même si l’arrêt des combats n’est que partiellement respectée, des échanges sporadiques de coups de feu continuent d’être signalées, c’est sûrement une bonne nouvelle pour les habitants de Souaïda, le dernier bilan des combats faisant état de plus d’un millier de morts enregistrés jusqu’à présent.
Pour le gouvernement mené par l’ancien jihadiste, Ahmed Al Sharaa, c’est loin d’être une victoire, même s’il est parvenu à déployer les forces du ministère de l’intérieur syrien à Souaïda, qui n’en demeure pas moins toujours tenue par les milices druzes.
Ces dernières ne sont d’ailleurs pas toutes hostiles au pouvoir en place à Damas, celle menée par un dignitaire druze, le cheikh Hikmat Al-Hijri, faisant exception en raison du soutien israélien.
Même si l’arrêt des combats n’est que partiellement respectée, des échanges sporadiques de coups de feu continuent d’être signalées, c’est sûrement une bonne nouvelle pour les habitants de Souaïda, le dernier bilan des combats faisant état de plus d’un millier de morts enregistrés jusqu’à présent.
Pour le gouvernement mené par l’ancien jihadiste, Ahmed Al Sharaa, c’est loin d’être une victoire, même s’il est parvenu à déployer les forces du ministère de l’intérieur syrien à Souaïda, qui n’en demeure pas moins toujours tenue par les milices druzes.
Ces dernières ne sont d’ailleurs pas toutes hostiles au pouvoir en place à Damas, celle menée par un dignitaire druze, le cheikh Hikmat Al-Hijri, faisant exception en raison du soutien israélien.
L’intrus israélien
Ce que les médias syriens évitent soigneusement de souligner, c’est que l’accord de cessez-le-feu, appuyé par les Etats-Unis, la Turquie, la Jordanie et d’autres pays, a été conclu entre les autorités syriennes et celles… d’Israël !
Difficile, en effet, pour d’anciens jihadistes d’avouer qu’à travers cet accord avec Israël, ils lui reconnaissent le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures de la Syrie. Les jihadistes n’ont d’ailleurs jamais caché que leur plus profonde inimitié est plus dirigée contre les musulmans chiites qu’envers les sionistes.
Israël, qui compte quelques 150.000 druzes au sein de sa population, a usé d’arguments très « convaincants » pour dissuader le pouvoir en place à Damas d’imposer de force son autorité sur la ville à majorité druze de Souaïda.
Prétextant chercher à protéger les druzes syriens, l’aviation israélienne a bombardé, les 15 & 16 juillet, les forces syriennes ainsi que le ministère de la défense et le QG de l’armée syrienne à Damas, ainsi que les abords du palais présidentiel.
Pour le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, l’occasion était trop belle d’envoyer un double message, à Damas et Ankara.
Difficile, en effet, pour d’anciens jihadistes d’avouer qu’à travers cet accord avec Israël, ils lui reconnaissent le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures de la Syrie. Les jihadistes n’ont d’ailleurs jamais caché que leur plus profonde inimitié est plus dirigée contre les musulmans chiites qu’envers les sionistes.
Israël, qui compte quelques 150.000 druzes au sein de sa population, a usé d’arguments très « convaincants » pour dissuader le pouvoir en place à Damas d’imposer de force son autorité sur la ville à majorité druze de Souaïda.
Prétextant chercher à protéger les druzes syriens, l’aviation israélienne a bombardé, les 15 & 16 juillet, les forces syriennes ainsi que le ministère de la défense et le QG de l’armée syrienne à Damas, ainsi que les abords du palais présidentiel.
Pour le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, l’occasion était trop belle d’envoyer un double message, à Damas et Ankara.
Un processus de déliquescence accéléré
Le message au pouvoir en place à Damas est que le Sud de la Syrie est librement accessible aux forces israéliennes. Toute prétention d’Ahmed Al Sharaa et ses compagnons d’armes à imposer la souveraineté de l’Etat syrien sur cette partie de son territoire est tout simplement niée par Tel-Aviv.
Quant au président turc, Tayyep Erdogan, parrain et protecteur d’Ahmed Al Sharaa, Tel-Aviv lui signifie que la Syrie post-Assad est devenue également une arrière-cour d’Israël et qu’il n’est pas autorisé à y étendre son influence comme bon lui semble.
Comment un pays arabe, actuellement dirigé par d’anciens jihadistes, en est arrivé à une telle perte de souveraineté sur une partie de son territoire ?
A titre de rappel, les évènements sanglants à Souaïda ont été déclenchés par l’enlèvement d’un marchand de légumes druze à un point de contrôle sur l’axe routier Damas-Soueïda tenu par des miliciens bédouins.
Les druzes, un groupe ethno-religieux qui représente 3 à 4% de la population syrienne, n’a jamais constitué un soutien politique au régime déchu de Bachar Al Assad, mais il n’en est pas, non plus, mieux disposé envers le nouveau régime de l’ancien jihadiste, Ahmed Al Sharaa, dont il craint le sectarisme sunnite.
Quant au président turc, Tayyep Erdogan, parrain et protecteur d’Ahmed Al Sharaa, Tel-Aviv lui signifie que la Syrie post-Assad est devenue également une arrière-cour d’Israël et qu’il n’est pas autorisé à y étendre son influence comme bon lui semble.
Comment un pays arabe, actuellement dirigé par d’anciens jihadistes, en est arrivé à une telle perte de souveraineté sur une partie de son territoire ?
A titre de rappel, les évènements sanglants à Souaïda ont été déclenchés par l’enlèvement d’un marchand de légumes druze à un point de contrôle sur l’axe routier Damas-Soueïda tenu par des miliciens bédouins.
Les druzes, un groupe ethno-religieux qui représente 3 à 4% de la population syrienne, n’a jamais constitué un soutien politique au régime déchu de Bachar Al Assad, mais il n’en est pas, non plus, mieux disposé envers le nouveau régime de l’ancien jihadiste, Ahmed Al Sharaa, dont il craint le sectarisme sunnite.
Antagonisme éleveurs/agriculteurs
Les relations tendues entre druzes et bédouins s’expliquent pas un antagonisme aussi vieux que le monde ; l’affrontement historique entre éleveurs de bétail et agriculteurs à propos de l’exploitation des terres, celles situées au Sud de la Syrie dans le cas de figure.
Cet aspect de la problématique entre druzes et bédouins syriens, peu évoquée par les médias, a été bien expliquée par Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et chargé de recherche à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) le 17 juillet sur les ondes de RFI.
C’est, malheureusement, beaucoup plus vendeur d’ergoter à l’infini sur les différences religieuses, quitte à les attiser encore plus, que de mettre en évidence un « vulgaire » problème socio-économique d’exploitation des terres.
Il en a, d’ailleurs, été également ainsi lors de la révolte contre le régime Al Assad, où les volets sécheresse, avec ses conséquences sur la production de céréales, et pic pétrolier, et ses conséquences sur le budget de l’Etat syrien assadiste et son modèle de redistribution sociale, ont été largement occulté au profit d’un vague discours sur la tyrannie de la minorité alaouite.
Aussi machiavélique et métamorphe que soit l’ancien jihadiste Ahmed Al Sharaa, il ne peut faire entendre raison à ses combattants, idéologiquement formatés pour détester et combattre tout ce qui n’est pas musulman sunnite, exception faite des sionistes.
Cet aspect de la problématique entre druzes et bédouins syriens, peu évoquée par les médias, a été bien expliquée par Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et chargé de recherche à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) le 17 juillet sur les ondes de RFI.
C’est, malheureusement, beaucoup plus vendeur d’ergoter à l’infini sur les différences religieuses, quitte à les attiser encore plus, que de mettre en évidence un « vulgaire » problème socio-économique d’exploitation des terres.
Il en a, d’ailleurs, été également ainsi lors de la révolte contre le régime Al Assad, où les volets sécheresse, avec ses conséquences sur la production de céréales, et pic pétrolier, et ses conséquences sur le budget de l’Etat syrien assadiste et son modèle de redistribution sociale, ont été largement occulté au profit d’un vague discours sur la tyrannie de la minorité alaouite.
Aussi machiavélique et métamorphe que soit l’ancien jihadiste Ahmed Al Sharaa, il ne peut faire entendre raison à ses combattants, idéologiquement formatés pour détester et combattre tout ce qui n’est pas musulman sunnite, exception faite des sionistes.
A chacun sa part du gâteau
La Turquie n’a fait aucun effort pour institutionnaliser la vie socio-politique et économique au Nord de la Syrie, sous le contrôle des jihadistes, eux-mêmes contrôlés par Ankara, depuis le début de la rébellion armée, en 2011. Il y avait besoin de combattants, pas de promoteurs.
Les alaouites, minorité anciennement au pouvoir et majoritaire sur la côte méditerranéenne de la Syrie, se sont placés sur la protection des bases russes de Hmeimim et Tartous, après les massacres perpétrés par les combattants ex-jihadistes de la nouvelle armée syrienne, au cours du mois de mars.
Le mois d’après, ce sont les druzes qui ont fait l’objet d’exactions de la part des anciens jihadistes qui peinent à se reconvertir en soldats disciplinés. Les Israéliens ont d’ailleurs profité de la chute du régime Al assad pour dépasser largement le plateau occupé du Golan et pénétrer profondément dans le Sud de la Syrie.
Les kurdes, proxys et protégés des Etats-Unis au Nord-Est de la Syrie, se sont avérés plus malins, en ayant su négocier avec le nouveau pouvoir à Damas au mieux de leurs intérêts, afin de préserver leur autonomie.
Somme toute, après avoir réussi à chasser Bachar Al Assad du pouvoir ainsi que les combattants du Hezbollah et les Iraniens de Syrie, les nouveaux maîtres de Damas se retrouvent à la tête d’un pays quasi-démembrée, n’exerçant qu’une souveraineté limitée, si ce n’est purement théorique, sur de larges pans du territoire.
Requiem pour une nation qui fut, antan, une brillante civilisation.
Les alaouites, minorité anciennement au pouvoir et majoritaire sur la côte méditerranéenne de la Syrie, se sont placés sur la protection des bases russes de Hmeimim et Tartous, après les massacres perpétrés par les combattants ex-jihadistes de la nouvelle armée syrienne, au cours du mois de mars.
Le mois d’après, ce sont les druzes qui ont fait l’objet d’exactions de la part des anciens jihadistes qui peinent à se reconvertir en soldats disciplinés. Les Israéliens ont d’ailleurs profité de la chute du régime Al assad pour dépasser largement le plateau occupé du Golan et pénétrer profondément dans le Sud de la Syrie.
Les kurdes, proxys et protégés des Etats-Unis au Nord-Est de la Syrie, se sont avérés plus malins, en ayant su négocier avec le nouveau pouvoir à Damas au mieux de leurs intérêts, afin de préserver leur autonomie.
Somme toute, après avoir réussi à chasser Bachar Al Assad du pouvoir ainsi que les combattants du Hezbollah et les Iraniens de Syrie, les nouveaux maîtres de Damas se retrouvent à la tête d’un pays quasi-démembrée, n’exerçant qu’une souveraineté limitée, si ce n’est purement théorique, sur de larges pans du territoire.
Requiem pour une nation qui fut, antan, une brillante civilisation.