Une décision du ministre de l'agriculture qui laisse perplexe


Rédigé par le Vendredi 26 Septembre 2025



Monsieur le ministre de l’Agriculture, permettez-moi de vous interpeller publiquement, car le document que vous venez de signer le 24 septembre 2025 nous laisse, pour le moins, dans la confusion.

En mars dernier, votre département avait pris une décision claire, logique et compréhensible : interdire l’abattage des femelles ovines et caprines en contre partie d'une subvention de 400 DH par tête sauvegardées 

L’objectif était limpide, presque pédagogique : protéger le cheptel reproducteur, éviter une hémorragie dans les effectifs et préparer une reconstitution durable du troupeau national. Cette ligne avait rassuré les éleveurs, donné un signal positif aux professionnels et tracé une perspective cohérente pour la filière.

Or voilà qu’à peine six mois plus tard, la décision tombe : interdiction levée, sauf pour les femelles gestantes. Autrement dit, on rouvre la porte à l’abattage massif de brebis et de chèvres qui, même si elles ne portent pas de petits à cet instant précis, représentent l’avenir génétique de nos cheptels.

Comment expliquer ce revirement ? Sur quelles bases scientifiques ou économiques repose cette volte-face ? Certes, vous mentionnez un recensement national réalisé entre juin et août, mais les chiffres de ce recensement justifient-ils réellement qu’on affaiblisse le capital reproducteur au moment même où la sécheresse, la hausse des prix des aliments pour bétail et les aléas climatiques fragilisent déjà les éleveurs ?

Le citoyen, lui, y voit une intrigue, un jeu d’équilibrisme entre pressions des abattoirs, demandes immédiates du marché et impératifs de durabilité. Mais l’intrigue devient incohérence quand les décisions se contredisent en si peu de temps. Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Ici, on a plutôt l’impression d’un pilotage à vue.

Le Maroc a besoin d’une stratégie claire pour sécuriser son cheptel, stabiliser les revenus des éleveurs et préserver la souveraineté alimentaire. Ce n’est pas en oscillant entre interdictions et levées partielles qu’on rassurera la filière ni qu’on consolidera la confiance des citoyens.

Alors oui, monsieur le ministre, nous attendons des explications. Pas seulement un texte administratif, mais une justification intelligible : comment espérez-vous reconstituer et protéger le cheptel avec une telle mesure ? Quels garde-fous concrets comptez-vous instaurer pour éviter l’hémorragie annoncée ?

Peut-être nous n'avons pas bien compris votre stratégie !
En attendant votre réponse, la chronique reste ouverte, et le doute aussi.




Vendredi 26 Septembre 2025
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