Marrakech, carrefour africain du commerce
Placée sous le thème « Ensemble pour une mise en œuvre efficiente de la ZLECAf », cette deuxième édition du Forum n’avait rien d’un simple événement institutionnel. Pendant deux jours, les débats ont porté sur des mécanismes concrets pour stimuler le commerce intra-africain, renforcer les chaînes de valeur régionales et accélérer l’intégration économique.
Dans un contexte où la ZLECAf concerne un marché potentiel de 1,4 milliard d’habitants, l’enjeu est énorme. Pour le Maroc, l’équation est simple : connecter ses infrastructures, ses entreprises et sa finance aux besoins réels du continent. Marrakech est ainsi devenue, le temps du forum, un véritable laboratoire d’idées et de partenariats Sud-Sud.
La vision royale au cœur du projet africain
Prenant la parole, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a rappelé que l’engagement du Maroc en Afrique s’inscrit dans une vision constante portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Une vision claire : une Afrique maîtresse de son destin, capable de transformer ses ressources localement et de relier ses régions, de la Méditerranée à l’Atlantique, du Sahel aux façades maritimes.
Cette orientation stratégique se traduit sur le terrain par des initiatives structurantes. Akhannouch a notamment mis en avant l’Initiative Atlantique, qui met les infrastructures portuaires et logistiques marocaines au service de 23 pays africains atlantiques, y compris ceux qui n’ont pas d’accès direct à la mer. Une manière concrète de désenclaver le continent par le commerce.
Gazoduc Nigeria–Maroc, finance et paiements panafricains
Parmi les projets phares cités, le gazoduc Nigeria–Maroc retient particulièrement l’attention. Long d’environ 6.000 kilomètres, traversant plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ce projet dépasse la simple dimension énergétique. Il est pensé comme une colonne vertébrale industrielle, capable de soutenir des secteurs clés comme les engrais, la pétrochimie, l’agro-industrie ou les matériaux de construction.
Autre levier stratégique : la finance. Casablanca Finance City s’impose comme une plateforme centrale pour l’intégration économique africaine, appuyée par la présence de groupes bancaires marocains dans plus de vingt pays. L’adhésion récente de Bank Al-Maghrib au système panafricain de paiements PAPSS ouvre aussi la voie à des paiements en monnaies locales, un sujet sensible mais décisif pour les PME africaines.
Une ZLECAf qui passe enfin à l’action
Le message politique est assumé : la ZLECAf ne doit pas rester un simple accord sur le papier. Pour Rabat, elle doit devenir un véritable projet de transformation économique, créateur de prospérité, de stabilité et d’emplois sur le continent. Le Forum d’Affaires s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large, portée par l’État marocain, mais aussi par des acteurs comme l’ASMEX, la CGEM et l’Association des Régions du Maroc.
La question désormais n’est plus de savoir si la ZLECAf avance, mais à quelle vitesse elle se traduira en opportunités concrètes pour les entreprises africaines. Projets pilotes, paiements régionaux, intégration industrielle : les prochains mois seront décisifs. Une chose est sûre : Rabat ne veut pas regarder le train africain passer. Il compte bien être dans la locomotive.