​L’imagerie médicale, le vigie de la penibilté au travail




Dr Anwar CHERKAOUI avec le concours du Dr Bounhir BOUMEHDI – Médecin-Radiologue

 1er mai : Journée mondiale du travail – Quand le corps souffre en silence, les examens radiologiques dévoilent les dysfonctionnements 

Chaque année, le 1er mai rend hommage aux travailleurs. 

On y célèbre les métiers, les combats syndicaux, les droits acquis. 

Mais derrière les slogans et les cortèges, subsiste une vérité plus discrète : celle des corps fatigués, abîmés, souvent sacrifiés au nom de l’effort quotidien. 

Le monde du travail compte ses héros anonymes à la force tranquille : maçons, aides-soignants, éboueurs, ouvriers agricoles, agents d’entretien... Autant de métiers dits « pénibles » où l’on ne compte ni les heures ni les douleurs.

Car ici, le temps ne s’égrène pas en réunions ou en clics, mais en charges portées, en escaliers montés, en postures contraignantes. 

Chaque geste répété finit par laisser une trace. 
Une épaule qui s’enraie. 
Un dos qui lâche. 
Un poignet qui picote. 
Un genou qui proteste. 

Ce sont les premiers signaux d’alerte d’un corps en souffrance, souvent ignorés, repoussés, tus. 

Jusqu’à ce que la machine humaine, trop sollicitée, cède.

C’est dans ce contexte que la radiologie moderne s’impose comme une alliée discrète mais précieuse. 

Bien au-delà du cliché de la fracture ou de la luxation, l’imagerie médicale permet aujourd’hui de traquer l’invisible : la tendinite sournoise, la microfissure de fatigue, la compression nerveuse débutante, ou l’arthrose insidieuse qui s’installe sans prévenir. 

Elle permet de poser un diagnostic avant que la douleur ne devienne invalidante, avant que la blessure ne ruine une carrière ou une autonomie.

Des épaules surutilisées aux poignets trop sollicités, des genoux mis à rude épreuve aux lombaires broyées par les mauvaises postures, chaque zone du corps a ses failles, ses faiblesses, ses alertes. 

Et chaque spécialité radiologique – de la simple radio à l’échographie ciblée, de l’IRM au scanner – devient un outil de veille, un révélateur de ces fatigues silencieuses. 

L’imagerie ne répare pas, mais elle éclaire. 
Elle guide la prise en charge, oriente la prévention, rassure ou alerte.

C’est pourquoi intégrer les bilans radiologiques dans la médecine du travail ne devrait plus être un luxe, mais un droit. 

Un réflexe de santé publique. 
Un investissement humain. 

Car dépister tôt, c’est préserver plus longtemps. 

C’est éviter l’arrêt brutal, la reconversion forcée, la dépendance. 

C’est aussi, tout simplement, respecter les corps qui construisent, nettoient, soignent, portent, ramassent, assemblent.

Il est temps de revaloriser la santé des travailleurs manuels, non seulement par des primes ou des discours, mais par une médecine proactive, à l’écoute de leurs souffrances muettes. 

L’imagerie médicale, dans cette démarche, a toute sa place. 
Car elle sait lire ce que les travailleurs n’osent pas toujours dire.

En cette Journée mondiale du travail, rappelons-nous que chaque geste professionnel laisse une empreinte. 

Et que derrière chaque main tendue vers le progrès social, il y a parfois un muscle tendu, une articulation blessée, un os fatigué. Offrons-leur, au moins, le droit d’être vus, reconnus… et soignés.

Jeudi 1 Mai 2025



Rédigé par La Rédaction le Jeudi 1 Mai 2025
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