​La déferlante GEN Z sur le Maroc, entre revendications légitimes et dérives inacceptables

Un signe de vitalité ?




Par Pr Aziza Benkirane

Mais qui sont-ils, ces jeunes nés entre 1997 et 2012 qui ont envahi nos rues, nos réseaux sociaux, nos conversations ? Ils ont tous un smartphone greffé à la main, maîtrisent les canaux de communication instantanée, filment tout ce qui passe sous leurs yeux – le beau, le laid, le vrai, le faux – amplifient les problèmes, influencent… du moins, tentent de le faire. Si certains y voient une menace, d'autres, et j'en suis, y perçoivent avant tout un signe de vitalité, une chance pour le Maroc.

Moi, médecin de la préhistoire des CHU marocains,  j'observe cette "déferlante Gen-Z" avec un optimisme prudent. Leurs revendications, même lorsqu'elles sont grossières ou mal formulées, témoignent d'un engagement civique, d'une conscience sociale, d'une volonté de faire bouger les lignes. Une jeunesse ultra-connectée qui manifeste, qui exprime ses frustrations et ses aspirations, n'est-ce pas le signe d'une société civile en bonne santé, capable de se remettre en question et de se réinventer ?

Oh bien sûr, devant quelques dérives – matérielles, physiques, verbales, ou de timing – les Cassandre s'empresseront d’évoquer un jeu d’ingérences étrangères, de manipulations occultes, de complots ourdis dans l'ombre. Mais ne nous laissons pas distraire par ces explications, même si ce ne sont pas des fantasmes conspirationnistes.

Qu’importe ! Concentrons-nous sur l'essentiel : ces jeunes expriment un malaise profond, un besoin de changement, une soif de justice. Et si leur agitation, même maladroite, aboutissait à des réformes nécessaires, attendues depuis trop longtemps, notamment en matière d’enseignement et de santé, ne serait-ce pas une victoire pour le Maroc tout entier ?

Cette Gen-Z, contrairement à ce que certains pourraient penser, n'est pas une génération désabusée, individualiste, ou uniquement préoccupée par les selfies et les "likes." Elle est consciente des défis auxquels le Maroc est confronté, qu'il s'agisse du chômage, des inégalités sociales, de la corruption, ou du changement climatique. Elle a des idées, elle a de l'énergie, et elle a la volonté de s'impliquer.

En matière d'enseignement, par exemple, elle réclame une éducation de qualité, accessible à tous, qui prépare les jeunes aux métiers de demain, qui encourage la créativité et l'esprit critique, et qui valorise la diversité culturelle. En matière de santé, elle aspire à un système de soins performant, équitable, et accessible à tous les citoyens, quel que soit leur niveau de revenu ou leur lieu de résidence. Quel marocain ne souhaiterait pas cela ? 

Reste aux professionnels et à la volonté politique à traduire ces aspirations en propositions concrètes. Alors, oui, la déferlante Gen-Z peut parfois être tumultueuse, imprévisible, voire dérangeante.

Mais elle est avant tout un signe de vitalité, une source d'espoir, une chance pour le Maroc. À nous de savoir l'écouter, la comprendre, et la canaliser de manière positive, pour construire ensemble un avenir meilleur, un avenir où la jeunesse marocaine pourra enfin s'épanouir pleinement et contribuer au rayonnement de son pays.


Dimanche 5 Octobre 2025

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