​OM : Benatia, point final.


Rédigé par La rédaction le Vendredi 12 Septembre 2025

L’été marseillais a tout eu d’un scénario de film : une victoire à Rennes qui vire à la foire d’empoigne, un vestiaire en ébullition, des réseaux sociaux en furie et, en toile de fond, un mercato aussi ambitieux que calculé. Rien d’ordinaire, même pour l’OM. Entre éclats de voix, coups échangés et un joueur victime d’un malaise, la soirée bretonne a offert le décor parfait pour révéler les fissures d’un club qui cherche, encore et toujours, la continuité qu’il promet chaque saison.



Par Kamal El Hassane journaliste stagiaire à LODJ

À la Commanderie, Pablo Longoria a tenu le gouvernail. Mais celui qui a donné le tempo, c’est bien le directeur du football, Mehdi Benatia. L’ancien capitaine du Maroc n’a pas besoin de lever la voix pour imposer le respect.

Son passé parle pour lui : Rome, Munich, Turin, des vestiaires où la hiérarchie se gagne, pas où elle se réclame. Il sait qu’un groupe se perd quand on laisse passer les premières entorses. Son style est direct, parfois tranchant, mais toujours réfléchi. « Ici, on ne plaisante pas avec l’institution », glisse-t-il en privé, comme une évidence plus qu’une menace. Rabiot et Rowe en ont fait l’expérience : malgré leur statut, les deux ont été placés sur la liste des transferts dès l’incident. Message reçu, même par les plus sceptiques.

Pendant que l’orage grondait, le mercato avançait sans dévier. Igor Paixão, Nayef Aguerd, Facundo Medina, Angel Gomes, Tim Weah, le retour d’Aubameyang, et même un prêt de Benjamin Pavard : une liste de renforts qui mêle flair et pragmatisme. Prêts avec option d’achat, profils jeunes mais aguerris, aucune folie financière. Derrière ce casting, la patte Benatia est visible : un défenseur central qui sait qu’un mur solide commence par l’axe. Son œil d’ancien joueur pèse sur les choix, et il n’hésite pas à recaler des pistes « tape-à-l’œil » quand il juge l’adaptation trop risquée.

Le dossier Rabiot–Rowe reste l’illustration la plus parlante de cette nouvelle ère. Pas de compromis, pas de « on verra plus tard ». Benatia a rencontré les joueurs, exposé la situation et assumé que la sanction fasse du bruit.

Ce n’est pas qu’une question d’autorité, c’est une vision : construire un vestiaire où le collectif prime sur les egos. Longoria a validé, mais c’est bien le Marocain qui a incarné la décision sur le terrain, dans les couloirs, face au groupe.

Les supporters oscillent entre admiration et méfiance. Ils aiment ce discours de fermeté, mais savent que Marseille adore tester ceux qui veulent imposer l’ordre. Les plus anciens rappellent que le Vélodrome peut porter un dirigeant aussi vite qu’il le bouscule. Benatia le sait, et joue la carte de l’intelligence : jamais un mot plus haut que l’autre en public, mais toujours une pique bien sentie quand il faut calmer l’enthousiasme excessif.

À un journaliste qui lui demandait s’il craignait la réaction des « fortes têtes », il a simplement souri : « Vous savez, j’ai déjà vu Cristiano Ronaldo râler à l’entraînement… » Manière subtile de rappeler qu’il ne découvre pas la pression.

À l’étranger, on observe cette mutation avec curiosité. La presse italienne, qui n’a pas oublié ses années juventines, salue « la méthode Benatia », mélange de rigueur et d’humanité. En Allemagne, certains comparent son rôle à celui d’anciens joueurs devenus décideurs au Bayern, capables de comprendre les coulisses comme les tribunes. Même au Maroc, son nom revient avec une fierté assumée : voir un enfant de Casablanca tenir un club aussi volcanique que l’OM résonne comme une revanche douce, un clin d’œil à sa carrière de joueur déjà marquée par une autorité naturelle.

La question, évidemment, c’est la durée. Marseille reste un club imprévisible : une série de victoires, et on le proclame sauveur ; une mauvaise passe, et on se demande s’il n’est pas allé trop loin. Benatia ne s’en cache pas. Il sait que sa poigne, aussi subtile soit-elle, sera jugée à l’aune des résultats. « Le vestiaire doit grogner aujourd’hui pour sourire demain », a-t-il confié à un proche. Sarcastique ? Peut-être. Mais surtout lucide.

Ce qui se joue ici dépasse l’été 2025. C’est une tentative de redéfinir l’OM : une équipe bâtie sur des bases solides, un club qui ne tremble plus au premier coup de vent. Si ce pari réussit, on dira que la tempête de Rennes fut le point de bascule. Et que dans ce virage décisif, un Marocain au regard perçant aura laissé son empreinte plus profondément que bien des entraîneurs passés.
 

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Vendredi 12 Septembre 2025
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