​Variant « Frankenstein » : info, rumeur et réalité


Rédigé par le Dimanche 28 Septembre 2025

Depuis quelques jours, un message largement relayé sur les réseaux sociaux alerte sur un supposé « retour en force » de la Covid-19 avec un nouveau variant baptisé « Frankenstein », présenté comme « plus contagieux » et « capable d’échapper au système immunitaire ». L’annonce s’appuie sur des chiffres précis : plus de 26 000 nouveaux cas recensés en France entre le 8 et le 14 septembre, 32 000 la semaine suivante, et une hausse des hospitalisations de 37 %. Mais que disent réellement les données officielles et les experts ?



Un nom accrocheur, mais pas scientifique

Contrairement à ce que suggère l’intitulé sensationnaliste, « Frankenstein » n’est pas le nom officiel d’un variant reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou par Santé publique France. Il s’agit en réalité d’un surnom populaire, repris par certains médias étrangers pour désigner un recombinant appelé « Stratus » (ou XFG). Ce variant est bien placé sous surveillance par l’OMS, comme d’autres lignées émergentes, mais les chercheurs n’emploient jamais ce type de terminologie dramatique.

Le choix du mot « Frankenstein » n’est pas anodin : il évoque un monstre incontrôlable, un amalgame qui frappe l’imaginaire mais ne reflète pas la réalité scientifique. Le risque, ici, est d’alimenter plus la peur que la vigilance.

Que disent les chiffres ?

Selon les données de Santé publique France, relayées par le réseau Sentinelles, environ 32 000 nouveaux cas de Covid-19 ont été recensés en médecine générale durant la semaine du 15 au 21 septembre. La semaine précédente, les estimations tournaient autour de 26 000 cas. L’augmentation est donc réelle et mesurable.

De plus, les passages aux urgences pour suspicion de Covid-19 chez les adultes ont progressé de 37 % au cours de cette même période, ce qui représente environ +375 passages supplémentaires. Toutefois, nuance importante : il s’agit de passages aux urgences et non forcément d’hospitalisations longues ou de réanimations. Le raccourci entre « urgences » et « hospitalisations » contribue à exagérer la gravité perçue de la situation.

Un variant vraiment plus dangereux ?

Pour l’instant, aucune étude scientifique publiée n’atteste que le variant Stratus/XFG, surnommé « Frankenstein », soit significativement plus contagieux ou plus dangereux que ses prédécesseurs. Comme souvent avec les nouveaux variants, les chercheurs observent des mutations et suivent leur diffusion, mais il faut plusieurs semaines de recul pour évaluer leur impact réel sur la gravité des formes ou sur l’efficacité des vaccins.

Les premières observations suggèrent une circulation plus active, mais sans preuve formelle d’une augmentation de la sévérité. Autrement dit : le variant existe, il est surveillé, mais les affirmations catégoriques sur son caractère « monstrueux » ne reposent pas sur des données consolidées.

La réalité épidémiologique en France

Ce qui est certain, c’est que la Covid-19 continue de circuler, avec des rebonds saisonniers. Chaque automne, la reprise de la vie en intérieur, la baisse de l’immunité chez certains publics et la co-circulation avec d’autres virus respiratoires (grippe, bronchiolite, rhinovirus) favorisent une remontée des cas.

Les autorités sanitaires rappellent que la vaccination reste un outil essentiel, notamment pour les personnes vulnérables. Les vaccins actualisés demeurent efficaces contre les formes graves, même face à de nouveaux variants. Par ailleurs, les gestes simples — port du masque dans les lieux bondés, aération des espaces clos — gardent toute leur pertinence.

Désinformation et vigilance

L’épisode met surtout en lumière la puissance des réseaux sociaux dans la diffusion d’informations anxiogènes. En accolant un nom effrayant à des chiffres exacts mais sortis de leur contexte, certains messages gagnent en viralité mais brouillent la compréhension. Or, en matière de santé publique, ce flou peut être dangereux : il génère panique d’un côté, scepticisme de l’autre, et complique la confiance envers les recommandations officielles.

Le rôle du journalisme est donc double : vérifier les données, les replacer dans leur contexte, et éclairer sur ce qui est encore incertain. Dans le cas présent, oui, la Covid-19 connaît un regain. Oui, un variant recombinant est observé. Mais non, il n’y a pas aujourd’hui de preuve que ce « Frankenstein » soit un virus hors de contrôle, ni que le système immunitaire soit totalement désarmé face à lui.

« Variant “Frankenstein” au Maroc ? Ce que les données (ne) disent (pas) »

Depuis plusieurs jours, de nombreux messages en ligne prêtent à la Covid-19 un retour fracassant au Maroc via un variant surnommé “Frankenstein”, présenté comme extrêmement contagieux et capable de contourner le système immunitaire. Ces affirmations sont-elles fondées dans le contexte marocain ? Tour d’horizon.

Une situation relativement calme, pas d’alerte rouge

Selon les autorités marocaines, la situation sanitaire liée à la Covid-19 est « stable » : une légère hausse des cas a été observée ces derniers mois, mais elle semble désormais s’étirer vers une baisse. 

Les sous-variants d’Omicron continuent de circuler, sans que l’on ait de preuve publique qu’un variant recombinant ait pris le dessus. 

Dans ce contexte, aucun signe d’“explosion” virale comparable à certaines inquiétudes relayées en Europe n’a été confirmé.

Ce que “Frankenstein / Stratus” pourrait (ou pas) faire ici

Le variant “Stratus” (aussi appelé XFG) est surveillé dans le monde entier : certains experts suggèrent qu’il pourrait être légèrement plus transmissible que les variantes précédentes. 

Mais au Maroc, il n’existe pas (à ce jour) de données publiques fiables montrant :

qu’il soit déjà largement présent
qu’il provoque une hausse massive d’hospitalisations
qu’il échappe complètement à la protection vaccinale ou immunitaire

Ce qu’on recommande aux Marocains

La vigilance reste de mise : garder un œil sur les symptômes respiratoires inhabituels, surtout pour les personnes fragiles.
La vaccination demeure une arme essentielle : même face à de nouveaux variants, les vaccins réduisent significativement le risque de formes sévères.
Les mesures de bon sens (masque en lieux fermés, aération, hygiène) continuent d’avoir du sens, surtout en période de co-circulation virale.

Au Maroc, les signaux d’alarme restent faibles pour l’instant. Le variant “Frankenstein / Stratus” est surveillé internationalement, mais son impact réel ici est incertain — et peut-être encore faible. Mieux vaut informer sans paniquer, rappeler les bonnes pratiques, et surveiller l’évolution avec rigueur.




Dimanche 28 Septembre 2025
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