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🎵 Chère cousine


Nos vingt ans brûlent clair,
Nos cinquante doutent encore,
Entre colère et lumière,
On apprend à vivre fort.



Poème, version mise en musique, à écouter de Adnane Benchakroun


Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Adnane Benchakroun

Chère cousine, à vingt ans, la vie est un combat,
On mord dans chaque jour comme un fruit qu’on n’a pas,
On rêve d’être vrai, sans masque et sans destin,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

On veut tout déconstruire, brûler les certitudes,
Jeter le vieux langage, revêtir l’attitude,
Mais même dans la fièvre, un souffle nous retient,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

La jeunesse se forge dans l’éclat des refus,
Elle heurte, elle apprend, elle aime ce qu’elle tue,
Mais sous le fer des mots couve un feu plus humain,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

Puis vient la cinquantaine, et le monde s’apaise,
On mesure la route, on sourit à sa braise,
Et l’on tend une main à son propre chemin,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

Se faire accompagner n’est ni faiblesse ni drame,
C’est relire son cœur, rallumer son âme,
Apprendre à s’aimer sans juger le lendemain,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

Le “wookiste” ou le sage ont le même besoin,
De remettre le monde à l’endroit du chagrin,
D’y planter un espoir au milieu du chagrin,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

Certains fuient la foule et choisissent le silence,
Ils parlent à la nuit comme à une présence,
Leur paix vaut mille bruits qu’invente le destin,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

On croit qu’être seul, c’est manquer de lumière,
Mais c’est parfois là que s’effacent les guerres,
Et qu’un mot intérieur devient un matin,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

Les années sont des eaux qui sculptent nos visages,
Elles usent, elles apaisent, elles lavent les outrages,
Et font d’un cœur brisé un temple incertain,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

Chère Cousine, le temps n’est pas un ennemi,
Il enseigne en secret le courage du “oui”,
Quand tout semble fini, il ouvre un jardin,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

À ceux qui doutent, dis : “vivre n’est pas s’excuser”,
Que l’on soit révolté ou qu’on ait renoncé,
Il y a mille façons de rester humain,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

Alors marchons plus doux, sans fierté ni rancune,
Acceptons nos erreurs, nos lunes et nos dunes,
Et s’il faut un adieu, qu’il soit sobre et serein,
Il n’est jamais trop tard pour se comprendre enfin.

De la révolte à la clarté ou l’art de ne plus lutter contre soi

Oui, entre dix-huit et vingt-cinq ans, il faut être cash, brut, entier. C’est presque un devoir générationnel. La jeunesse se construit dans le frottement, dans le “non” aux certitudes trop bien repassées. Elle doit heurter un peu pour exister. On apprend d’abord à dire non avant de comprendre à quoi on dit oui. Se brûler les doigts, se tromper de colère, croire que tout commence avec soi : c’est normal, c’est même sain.

Mais si, passé cinquante ans, on reste dans cette posture d’opposition permanente, il y a sans doute matière à introspection. Pas forcément un drame, plutôt une invitation : pourquoi cette armure ne tombe-t-elle jamais ? Peut-être qu’un travail sur soi, une parole partagée, un accompagnement pourraient aider à comprendre ce qui, en nous, refuse encore d’apaiser la bataille. Se faire aider n’a rien de honteux ; c’est au contraire un acte de lucidité, un signe que l’on veut enfin comprendre son propre chaos.

Et si malgré tout on reste “wokiste”, si on continue à vouloir déconstruire, à questionner tout — eh bien, tant mieux. C’est aussi une forme d’hygiène intellectuelle. Il faut juste veiller à ne pas confondre le marteau de la critique avec le sens de la construction. Déconstruire, oui, mais pour mieux bâtir.

Et puis, rien de grave non plus si l’on préfère la solitude, si le monde, parfois, fatigue ou dégoûte. Être en retrait n’est pas être perdu. C’est peut-être simplement choisir le silence pour mieux penser, ou respirer à son rythme dans un monde qui court à contresens. Au fond, il n’y a pas qu’une seule manière d’être vivant.

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Vendredi 17 Octobre 2025

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