Lundi 23 octobre 2023, soit 16 jours après l'attaque du Hamas marquant le début du conflit armé entre Israël et le Hamas, l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) a rendu public un rapport analysant comment les différences de genre peuvent aggraver la situation dans la bande de Gaza.

Le 13 octobre, Israël a décrété une évacuation générale dans le nord de Gaza, entraînant un déplacement massif de la population vers le sud. Les résidents déplacés de Gaza se retrouvent alors contraints de résider dans des abris d'urgence, souvent surpeuplés.

Ces conditions précaires, conjuguées au conflit armé, entraînent de nombreuses victimes, en particulier parmi les femmes et les enfants. La jeunesse importante de la population de Gaza en fait une des plus jeunes au monde.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, environ 7 000 personnes, dont 3 000 enfants, ont perdu la vie depuis le début des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, et environ 17 000 autres ont été blessées.

Plus d'un million de personnes, équivalant à près de la moitié de la population de Gaza, ont été contraintes de quitter leur domicile, parmi lesquelles près de 493 000 femmes et filles, selon les données d'ONU Femmes. L'organisation souligne également les dommages considérables infligés aux infrastructures civiles, avec 5 262 bâtiments détruits ou gravement touchés par les frappes israéliennes.

Dans son rapport diffusé le 20 octobre 2023, les Nations unies mettent en garde contre les besoins pressants et la vulnérabilité spécifique des femmes de Gaza, dans une région où la situation était déjà désastreuse avant le déclenchement du conflit. Leurs fragilités sont exacerbées par les lois palestiniennes, qui soumettent les femmes à la tutelle et à la protection d'une autorité masculine.

Dépourvues d'indépendance financière, parfois dépourvues de documents d'identité, ces femmes sont davantage exposées aux violences sexistes et à l'insécurité alimentaire. De plus, elles présentent un risque accru de se retrouver dans des logements ou des abris temporaires insalubres.

Selon les estimations d'ONU Femmes, avec le décès de plus de 1500 hommes, le nombre de veuves a sensiblement augmenté, entraînant près de 900 nouveaux foyers dirigés par des femmes. Ces femmes, malgré la société palestinienne largement patriarcale qui leur reconnaît peu de droits, assument la responsabilité des plus de 3000 enfants ayant perdu leur père.

Selon le Fonds des Nations unies pour la population, parmi les 540 000 femmes en âge de procréer à Gaza, 50 000 sont actuellement enceintes, et on prévoit que 5 522 accoucheront d'ici fin novembre 2023. Cependant, les hôpitaux du territoire palestinien, déjà confrontés à des pénuries graves, font face à un défi supplémentaire pour répondre aux besoins médicaux des milliers de blessés qui affluent après près de trois semaines de conflit entre le Hamas et Israël.

Du fait du "siège complet" déclaré par Israël, l'approvisionnement en électricité de la bande de Gaza a été interrompu. Ainsi, le territoire dépend principalement de générateurs, lesquels nécessitent du carburant pour fonctionner, une ressource cruellement déficitaire dans la bande de Gaza.

Ainsi le fonctionnement des couveuses de plus de 120 nouveau-nés prématurés, d'après un décompte du Fonds des Nations unies pour l'enfance, est-il en péril. "Actuellement, nous avons plus de 120 nouveau-nés dans des couveuses, dont 70 sous ventilation mécanique et bien entendu, c'est pour eux que nous sommes particulièrement préoccupés", déclare le porte-parole de l'Unicef à Jérusalem, Jonathan Crickx.

"La plupart des habitants de la bande de Gaza n’ont plus accès à l’eau potable", ajoute le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, d'autant qu’un réservoir d’eau et une usine de désalinisation ont été touchés par des frappes aériennes. De plus, les installations sanitaires ont été endommagées, détruites ou rendues inopérantes.

 

"Bien que l’attention se concentre sur Gaza, la situation en Cisjordanie reste tendue", note le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, évoquant là aussi des déplacements de populations. Les violences se poursuivent et s'étendent au-delà de Gaza et d'Israël : une centaine de Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre, tandis que des combats se déroulent aussi en Syrie et au Liban.

Salma LABTAR