Le Robotic Process Automation (RPA), déjà utilisé dans les banques, assurances, ou administrations comme la CNSS et la DGI, a permis de réduire les coûts et d’accélérer l’exécution de tâches répétitives. Mais il est rigide, dépend de logiciels importés (UiPath, BluePrism, Automation Anywhere), et reste incapable de gérer l’imprévu ou l’information non structurée.


L’APA, basé sur les agents IA et les grands modèles de langage (LLMs), marque un tournant :

- Compréhension des instructions en langage naturel.
- Construction et adaptation automatique des workflows.
- Décisions en temps réel selon les données disponibles.
- Amélioration continue par apprentissage.

L’APA permet donc de passer d’une automatisation statique à une automatisation intelligente, flexible et auto-apprenante.

1. Administration publique : Un citoyen demande un certificat. L’agent APA comprend la requête en arabe ou en amazigh, construit le processus (CNIE, DGI, registre communal), traite les exceptions et délivre le document en ligne. Résultat : rapidité, simplicité, zéro déplacement inutile.

2. Agriculture et logistique : Des agents APA connectés aux prévisions météo, aux prix des marchés et aux données d’irrigation ajustent automatiquement les circuits de distribution. Résultat : réduction des pertes, productivité accrue.

3. Santé : Les agents coordonnent les rendez-vous, les dossiers médicaux, les pharmacies et les assurances. Résultat : un parcours patient fluide et une meilleure inclusion sanitaire.

En Europe, la société Mistral développe déjà des briques technologiques proches de l’APA :

- LLMs puissants pour le traitement du langage et des données.
- Agents IA capables d’intégrer des outils et API.
- Des plateformes comme Le Chat Enterprise, assistants IA privés pour les entreprises.

Cela place Mistral dans la catégorie agentique, bien au-delà de l’IA cognitive classique.

Pour le Maroc, deux voies s’ouvrent :

- Importer ces solutions au risque de dépendre de technologies étrangères.
- Ou développer des équivalents locaux, adaptés aux langues et aux priorités nationales, tout en établissant des partenariats équilibrés avec des acteurs comme Mistral.

Le partenariat signé avec Mistral doit permettre au Maroc de construire et de déployer l’APA sans tarder, dans ses administrations, ses entreprises et ses infrastructures numériques. Il ne s’agit pas d’un projet à long terme, mais d’une transformation immédiate et progressive, avec des projets pilotes concrets dès 2025.

1. Accélération technologique : Grâce à Mistral, le Maroc pourrait expérimenter rapidement des workflows intelligents dans l’administration, la santé, la logistique ou l’agriculture, sans attendre le développement de toutes les briques technologiques localement.

2. Adaptation locale : Les solutions doivent être adaptées aux besoins marocains : modèles multilingues (arabe, amazigh, français), hébergement sur cloud souverain, conformité CNDP.

3. Transfert de compétences : Le partenariat inclut la création de programmes conjoints de formation, de laboratoires R&D APA au Maroc, et la montée en expertise locale sur les LLMs et les architectures d’agents.

4. Écosystème entrepreneurial : Le partenariat avec Mistral peut soutenir l’émergence de startups marocaines spécialisées dans l’APA, intégrées à un pôle national, pour développer des solutions exportables en Afrique.

5. Positionnement stratégique : Le partenariat Maroc–Mistral donnerait au Royaume un rôle pionnier : premier pays africain à intégrer l’APA dans une stratégie nationale, et hub régional de l’automatisation intelligente.

L’intégration de l’APA dans la feuille de route nationale permettrait de :

- Déployer des projets pilotes dans l’administration, la santé et la logistique.
- Créer un pôle national APA, combinant recherche, startups et infrastructures.
- Développer une expertise locale en agents IA et en architectures de LLMs.
- Positionner le Maroc comme hub africain et méditerranéen de l’automatisation intelligente.

Ce n’est pas seulement un enjeu technologique, mais un choix stratégique qui engage la souveraineté numérique, l’efficacité administrative, la compétitivité économique et l’inclusion sociale.

Le partenariat avec Mistral permet de transformer cette vision en réalité concrète. À condition de l’accompagner d’une stratégie claire — adapter, former, localiser et innover — le Maroc peut introduire l’APA sans tarder et en faire un levier central de Maroc Digital & IA 2030.

La question n’est plus de savoir si le Maroc doit adopter l’APA, mais comment il va la construire et la déployer immédiatement, sans tarder.

Par Dr Az-Eddine Bennani