Le Maroc a gagné du terrain dans l’indice mondial du climat des affaires selon la dernière édition du Business Ready, qui remplace depuis 2024 l’ancien rapport Doing Business. Avec un score agrégé de 63,44 points sur 100, en progression par rapport aux 62,41 points de la première édition, le Royaume dépasse désormais la moyenne mondiale estimée à 60,11 points.
Ce résultat ne se limite pas à un score brut. Il place le Maroc au 2ᵉ rang en Afrique et dans le monde arabe, derrière le Rwanda sur le continent et le Bahreïn dans l’espace arabe – un positionnement régional solide qui confère au Royaume une crédibilité accrue aux yeux des investisseurs étrangers. L’édition 2025 du rapport couvre un échantillon élargi de 101 économies, contre 50 lors de la première édition, ce qui rend la performance marocaine d’autant plus significative étant donné que 60 % de ces économies affichent un revenu par habitant supérieur à celui du Maroc.
Derrière ce score global se cachent des dynamiques contrastées. Sur le plan du cadre réglementaire, le Maroc réalise des progrès nets, avec un score de 70,06 points, reflétant la consolidation des textes et des normes qui encadrent l’activité économique. Dans la même veine, la qualité des services publics se renforce, avec 64,55 points, un signe que la digitalisation et la modernisation administrative commencent à porter leurs fruits.
Des secteurs clés tirent également leur épingle du jeu. Les services d’utilité publique se distinguent avec un score de 80,05 points – une performance qui suggère que les entreprises et citoyens bénéficient d’infrastructures plus fiables et d’un accès amélioré à l’eau, à l’électricité ou aux télécommunications. Le commerce international (74,50), la création et l’implantation d’entreprises (73,95 et 73,82 respectivement) ainsi que les services financiers (68,24) dessinent un paysage où plusieurs piliers essentiels du développement économique progressent.
Pourtant, dans les couloirs des PME ou des start-ups à Casablanca comme à Rabat, on ressent ce que les statistiques appellent « l’efficacité opérationnelle » comme une contrainte réelle. Sur ce pilier, qui mesure l’expérience concrète des entreprises – délais administratifs, coûts de conformité, complexité procédurale –, le Maroc recule à 55,70 points, contre 59,66 lors de la première édition. Cette baisse, partiellement liée à l’élargissement de l’échantillon et à l’utilisation des mêmes données d’enquête que précédemment, masque une réalité quotidienne pour de nombreux opérateurs économiques : avoir une bonne loi sur le papier ne suffit pas si son application tardive ou inégale ralentit l’activité.
Dans une interview informelle à Casablanca, le fondateur d’une PME technologique confiait récemment : « On sent que les réformes sont bien pensées, mais à l’heure de déposer un dossier ou d’obtenir un agrément, on fait souvent plusieurs allers-retours entre administrations. C’est là que l’on perd du temps et de l’énergie. » Cette remarque illustre le décalage entre ambition et pratique que pointe le rapport.
Ce frein opérationnel n’est pas anodin. Au regard des investisseurs privés, c’est précisément la fluidité des interactions avec l’administration et la simplicité des procédures qui permettent de franchir le pas d’un engagement à long terme. À ce sujet, les experts soulignent à juste titre que réduire les frictions administratives est aussi stratégique que de concevoir de bons textes.
L’enjeu est particulièrement sensible sur des volets comme le marché du travail ou le traitement des difficultés des entreprises – deux domaines identifiés par le rapport comme prioritaires pour rendre le climat des affaires plus attractif et compétitif à l’international.
Mais au-delà des chiffres, ce que retiennent les acteurs économiques marocains, c’est une dynamique structurée autour d’un objectif clair : renforcer l’investissement privé et favoriser une création d’emplois durable, dans un cadre propice à l’innovation et à la croissance.
Le chemin parcouru est réel. Le Maroc se positionne comme un hub régional du climat des affaires dans un environnement mondial compétitif. Toutefois, pour que cette progression ne reste pas un simple élément de communication, elle doit se traduire par une transformation profonde de la manière dont les règles se vivent au quotidien. Simplifier, accélérer, réduire les frictions – c’est là que se joue l’avenir du tissu économique national dans une économie globalisée.












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