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Club fermé, IA et gouvernance associative : protéger les fondateurs et prévenir les dérives dans le modèle marocain


Par Dr Az-Eddine Bennani

Le Maroc connaît aujourd’hui une dynamique remarquable autour de l’intelligence artificielle. Initiatives, réseaux, communautés, clubs, laboratoires citoyens et associations émergent dans un enthousiasme légitime : celui de contribuer à la souveraineté numérique et au développement national.

Mais à côté de cette effervescence positive, un enjeu central doit être clarifié : la gouvernance associative, et les dérives possibles lorsqu’une structure se transforme en club fermé, contrôlé par une poignée de personnes ou par un individu unique.

Cet article est un appel à la prudence, à l’éthique et à la responsabilité collective.



L’association, un outil puissant mais vulnérable

En théorie, l’association est un espace de collaboration, d’ouverture, de démocratie interne, de transparence et de partage de compétences.

Dans le domaine de l’IA, où l’expertise et la crédibilité sont essentielles, l’association joue un rôle clé dans l’éducation, la sensibilisation, la structuration d’écosystèmes régionaux, l’accompagnement des jeunes et la création de ponts entre universités, entreprises et citoyens.

Cependant, cet outil puissant est aussi extrêmement vulnérable si la gouvernance n’est pas protégée dès le départ.

Le risque du club fermé

Une association dérive vers le club fermé lorsqu’elle cesse d’être un espace collectif pour devenir le prolongement de la volonté d’un groupe restreint ou l’outil personnel d’une personne physique ou morale.

Les signaux d’alerte sont connus : modification unilatérale des statuts, nomination contrôlée des membres du bureau, exclusion de fondateurs gênants, opacité sur les convocations et les votes, absence de rotation des responsabilités, absence de comité éthique indépendant, instrumentalisation des experts au début puis mise à l’écart.

La question critique : qui contrôle la version finale des statuts ?

Dans la pratique, la dérive la plus dangereuse se produit avant même la création officielle : un président ou un membre peut modifier discrètement la version numérique des statuts avant le dépôt auprès des autorités.

Pour prévenir cette situation, il existe une règle simple et indispensable :

Les fondateurs doivent exiger une version papier des statuts, imprimée et paraphée par chacun Cette étape est la seule protection réelle contre la modification unilatérale, l’ajout ou le retrait d’articles, le changement des modes d’élection, la concentration du pouvoir dans une seule personne ou l’exclusion programmée des fondateurs. Un fichier Word peut être modifié.

Un PDF peut être remplacé. Un document papier, paraphé page par page par l’ensemble des fondateurs, ne peut pas l’être. Si des abus surviennent avant l’autorisation, il faut refuser la création de l’association Lorsqu’une association est en cours de demande d’autorisation, elle n’existe pas encore légalement.

Elle est en situation de création conditionnelle. Si un fondateur modifie les statuts sans concertation, si un président altère le document avant dépôt, si l’esprit de la fondation est détourné, ou si des tensions graves apparaissent, il est souhaitable de ne pas autoriser la création de l’association.

Un modèle marocain de l’IA ne peut pas reposer sur des pratiques opaques

Le Maroc a les moyens de construire un modèle d’intelligence artificielle inclusif, souverain, transparent et éthique.

Cela exige que les associations ne deviennent pas des instruments personnels, que les fondateurs soient protégés, que les statuts soient sécurisés et que la transparence soit totale.

Protéger les statuts, protéger le collectif, protéger l’IA au Maroc.

Pour qu’un écosystème IA soit durable et souverain, les fondateurs doivent parapher une version papier des statuts, vérifier l’intégrité du document transmis aux autorités, refuser les modifications unilatérales et si nécessaire demander de ne pas autoriser la création de l’association.

Un modèle marocain de l’IA doit reposer sur la confiance. La transparence statutaire en est la première condition.

Par Dr Az-Eddine Bennani



Vendredi 21 Novembre 2025



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