Depuis le 19 décembre, le MACAAL à Marrakech révèle une facette moins connue de l’œuvre de Abdelkébir Rabi’ avec « D’un trait intime ». L’exposition rassemble dessins et petits formats, témoins d’une gestuelle méditative et d’une abstraction profondément spirituelle. Loin de la monumentalité des grandes toiles, elle propose au visiteur une immersion dans l’espace intérieur de la création, au plus près du geste et de sa résonance intime.

Jusqu’au 18 janvier, le Musée d’art contemporain africain Al Maaden (MACAAL) offre une plongée rare dans le cœur de la pratique de Rabi’. « D’un trait intime » met en avant une part longtemps restée discrète : dessins, fragments et petits formats, considérés non comme des travaux périphériques, mais comme le socle même de sa démarche.

Bouchra Khnafou, peindre l’exil et la mémoire à l’Espace Rivages

Entre superposition des mémoires et exploration de la matière, l’artiste marocaine Bouchra Khnafou présente une œuvre de maturité où contraste, vide et couleur deviennent langage. « Palimpseste de l’exil » déploie une réflexion sensible sur l’identité en mouvement et sur une création façonnée par la distance.

Le parcours de l’exposition invite à ralentir le regard. Sous le commissariat de Mouna Annasse Hassani, il s’écarte de toute tentation spectaculaire pour privilégier la proximité, le silence et l’attention au geste. Comme le précise la commissaire, « le petit format n’est pas marginal » : il concentre l’essentiel du processus créatif.

Réalisés pour la plupart dans les années 1970, ces dessins, pastels, gouaches et craies sur papier témoignent d’un travail de dépouillement et d’introspection. Chaque trace semble porter la mémoire d’un geste ancien, nourri par l’apprentissage calligraphique de l’artiste à l’école coranique. Chez Abdelkébir Rabi’, le dessin est un territoire spirituel, un lieu où la main médite avant d’engendrer la forme.

Cette exploration de l’intime se prolonge dans la conversation « Rabi’ : entre sacré et secret », organisée par le MACAAL. Aux côtés de Pascale Le Thorel et de l’historien de l’art Brahim Alaoui, Abdelkébir Rabi’ revient sur plus de six décennies de création, de Boulemane aux scènes internationales, pour éclairer la place centrale de ce « trait intime » dans sa pensée.

Avec « D’un trait intime », le MACAAL propose une lecture sensible et exigeante de l’œuvre de Rabi’. Une exposition qui rappelle que, dans un monde saturé d’images, le sens peut se loger dans la discrétion, le retrait et la lenteur du trait.

Biographie de l’artiste Abdelkébir Rabi’

Né en 1944 à Boulemane, Abdelkébir Rabi’ construit depuis plus de soixante ans une œuvre majeure de la scène marocaine. Il a présenté de nombreuses expositions individuelles et pris part à d’importantes manifestations au Maroc et à l’international, dans des galeries telles que Le Savouroux, L’Atelier, Nadar, Venise Cadre, Atelier 21, l’Espace d’art de la Fondation Société Générale, SoArt Gallery, Artorium ou encore Khalid Fine Arts Gallery, qui le représente aujourd’hui. Son travail a également été montré dans des foires, biennales, instituts, fondations et musées à Grenoble, Paris, Bruxelles, São Paulo, Tunis, Barcelone et Rotterdam.