François Bayrou utilise deux 49.3 pour faire adopter les budgets de l’État et de la Sécurité sociale
L’article 49.3 de la Constitution française permet au gouvernement d’engager sa responsabilité sur un texte de loi, ce qui entraîne son adoption automatique sauf si une motion de censure est votée. François Bayrou a justifié son choix en évoquant la nécessité d’adopter rapidement ces budgets "dans un contexte économique et social incertain". Cependant, cette manœuvre a été perçue par certains comme un aveu de faiblesse, témoignant des difficultés du gouvernement à obtenir une majorité claire pour ses propositions.
L’opposition, notamment La France insoumise (LFI) et Les Républicains (LR), a dénoncé un "passage en force" et une "atteinte à la démocratie parlementaire". "Le gouvernement refuse le débat et impose sa vision, au mépris des élus et des citoyens", a déclaré un député de LFI.
Le budget 2025 présenté par le gouvernement a été vivement critiqué, notamment pour son manque d’ambition en matière de transition écologique et pour des coupes budgétaires jugées sévères dans certains secteurs, comme la santé et l’éducation. De nombreux observateurs estiment que ces choix budgétaires risquent d’aggraver les inégalités sociales et de freiner la reprise économique.
Malgré ces critiques, François Bayrou a défendu son projet comme étant "responsable et pragmatique", affirmant qu’il vise à réduire le déficit public tout en soutenant les secteurs clés de l’économie. "Nous devons faire des choix difficiles pour assurer la stabilité économique et sociale de notre pays", a-t-il déclaré.
Le lendemain, Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a surpris en annonçant que son parti ne voterait pas les motions de censure contre le gouvernement. Selon lui, une censure entraînerait une période d’"incertitude" politique dont la France n’a pas besoin. "Ce budget est mauvais, mais plonger le pays dans une crise institutionnelle serait encore pire", a-t-il expliqué.
Cette position a été interprétée comme une tentative du RN de se positionner en parti "responsable" et de se démarquer des autres forces d’opposition. Certains y voient également une stratégie visant à affaiblir François Bayrou tout en évitant de porter la responsabilité d’une éventuelle instabilité politique.
En ayant recours au 49.3 pour faire adopter les budgets de l’État et de la Sécurité sociale, François Bayrou a pris un pari risqué qui souligne les fragilités de sa majorité. Si les motions de censure ne devraient pas aboutir, cette situation illustre les tensions croissantes au sein du paysage politique français. À long terme, le gouvernement devra trouver des moyens de renforcer sa légitimité et de rétablir le dialogue avec une opposition de plus en plus critique.