Sortir de la fiction de l’IA comme acteur politique
Elle est un artefact socio-technique, conçu, entraîné et déployé par des acteurs humains, économiques et institutionnels. En la présentant comme un sujet politique, on déplace le regard et l’on efface les véritables lieux du pouvoir : la maîtrise des données, des infrastructures et des algorithmes.
Ce déplacement du débat est dangereux, car il contribue à une dilution de la responsabilité politique.
Une critique épistémologique : contre l’illusion de neutralité algorithmique
L’IA ne décide pas ; elle exécute des modèles construits à partir de données situées. Le véritable risque démocratique n’est donc pas algorithmique, mais épistémologique : accepter que des dispositifs techniques se substituent à la délibération humaine au nom d’une prétendue objectivité.
Le Maroc face à la question de la souveraineté informationnelle
Les données produites par les citoyennes et citoyens marocains sont captées, traitées et valorisées ailleurs. Dans ces conditions, parler de démocratie algorithmique sans poser la question de la souveraineté informationnelle relève d’une illusion.
Une démocratie qui ne maîtrise pas ses données ne maîtrise plus pleinement son débat public.
Gouverner l’IA : la nécessité de l’alignement stratégique
Réguler sans maîtriser les architectures techniques et les flux de données conduit à une régulation de façade.
Gouverner l’IA, ce n’est pas seulement produire des textes, c’est organiser un système cohérent de responsabilités.
Tracer une ligne rouge démocratique
Une démocratie qui délègue ses fonctions cognitives, informationnelles et décisionnelles à des systèmes qu’elle ne gouverne pas renonce progressivement à sa souveraineté.
Le choix est clair : soit l’IA est intégrée dans un cadre politique assumé, souverain et transparent, soit elle devient un instrument silencieux de dépolitisation. Ne pas gouverner l’IA, c’est déjà accepter d’être gouverné par elle.
Par Dr Az-Eddine Bennani












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