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Influenceurs sans scrupules : la menace sur nos fondations morales




Par Marouane Bouchikhi

 À l’ origine, les réseaux sociaux avaient une vocation : créer des espaces de créativité, de partage et de savoir. Ils devaient rapprocher les individus, élargir les horizons et stimuler l’innovation. Quinze ans plus tard, le bilan est tout autre. De lieux d’échange et d’ouverture, ils sont devenus des vitrines où triomphent la futilité, le sensationnel et parfois même la débauche.

Il suffit d’observer TikTok ou les Reels de Facebook pour constater cette dérive : les contenus qui y prospèrent ne doivent leur succès ni à la pertinence du message ni à la qualité de la réflexion, mais uniquement à leur capacité à capter l’attention. La logique est simple : plus c’est superficiel, plus ça attire. Partager une idée, transmettre un savoir-faire ou inspirer par une expérience n’est plus l’enjeu. Désormais, l’essentiel est de générer du buzz, fût-ce au prix du ridicule, de la vulgarité ou de la provocation.

Un phénomène inquiétant se dessine : la multiplication de vidéos qui véhiculent des modèles de vie décadents. Certaines influenceuses, plutôt que d’incarner des figures d’inspiration, misent sur la provocation et la futilité, allant parfois jusqu’à normaliser des comportements contraires à toute éthique sociale. Ces contenus ne sont pas anodins. Ils transmettent des messages insistants qui banalisent la débauche et sapent les repères d’une société encore largement attachée à ses valeurs traditionnelles et à une culture conservatrice.

 Les conséquences sont graves. D’un côté, ces pratiques favorisent une normalisation de la vulgarité et de la décadence morale. De l’autre, elles exercent une influence délétère sur les jeunes générations, en particulier les adolescents, qui en viennent à confondre notoriété et réussite, buzz et talent, provocation et liberté d’expression. L’imaginaire collectif se trouve ainsi fragilisé, et avec lui la cohésion sociale.

Face à cette dérive, une question s’impose : comment expliquer le silence de l’État ? La liberté d’expression est un droit fondamental, certes, mais elle ne saurait servir de prétexte à la prolifération de contenus qui sapent les fondements de la morale et menacent l’équilibre social. Il devient impératif d’instaurer de véritables mécanismes de régulation et de contrôle pour assainir l’espace numérique. Les plateformes elles-mêmes ont, à ce titre, une responsabilité majeure : celle de valoriser des contenus éducatifs, créatifs et porteurs de sens.

Le véritable péril qui plane aujourd’hui sur notre société, ce n’est pas seulement la médiocrité des contenus numériques, mais l’ignorance grandissante et l’analphabétisme fonctionnel qui gangrènent nos générations. Quand une nation place les divertissements et les futilités au-dessus du savoir et de l’éducation, elle se condamne à la décadence. Et que dire de notre système éducatif, mourant, essoufflé, incapable de redresser la tête malgré des décennies de réformettes stériles ? Il ne s’agit plus de bricoler, il s’agit de reconstruire, de remettre l’école au centre du projet national. Car sans éducation, il n’y a ni citoyenneté éclairée, ni société digne. L’académicien américain Derek Bok le disait avec une lucidité implacable : “Si vous trouvez que l’éducation est coûteuse, essayez donc l’ignorance.” Une phrase qui devrait résonner comme un avertissement pour nous tous.

Mais la responsabilité n’incombe pas qu’aux pouvoirs publics. Les utilisateurs aussi doivent prendre conscience de leur rôle : en refusant de cautionner la médiocrité par leurs vues et leurs partages, ils peuvent inverser la tendance.

L’enjeu dépasse les simples écrans et réseaux sociaux : il touche au cœur même de notre manière de vivre ensemble. Une société qui célèbre le superficiel et le vide, qui sacrifie le savoir, la dignité et la responsabilité collective sur l’autel du divertissement, s’expose à l’effritement de ses fondations morales et intellectuelles. Seules ces valeurs constituent les véritables piliers d’une civilisation durable. Sans elles, ce n’est plus la société qui avance, mais un écho vide incapable de résister à l’épreuve du temps.



Jeudi 28 Août 2025


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