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Influenceuses millionnaires au Maroc : entre argent, mirage numérique et scandales


Entre promesses de fortune et réalité judiciaire, les influenceuses marocaines cristallisent fantasmes et polémiques. Derrière les villas et voitures exhibées sur Instagram, un secteur inégalitaire, désormais dans le viseur du fisc et ébranlé par des scandales à répétition, révèle ses failles et ses dérives.



Sur Instagram, TikTok ou YouTube, certaines influenceuses marocaines affichent villas, voitures de luxe et voyages à répétition. Mais derrière ces images scintillantes, quelle est la réalité économique ? Une enquête de Finances News Hebdo (août 2025) révèle un écosystème profondément inégalitaire : une poignée de stars franchissent le cap du million de dirhams annuel, mais la majorité des créateurs se situent entre 10.000 et 50.000 dirhams par mois, avec une dépendance extrême aux partenariats de marques et aux ventes de produits sponsorisés.
 

YouTube, souvent perçu comme une manne, ne rapporte en réalité que très peu au Maroc, avec un CPM oscillant entre 0,3 et 0,5 dollar. La richesse affichée repose donc moins sur la publicité que sur le placement de produits, les formations en ligne ou encore le commerce de produits parfois douteux.
 

Pendant des années, les revenus de l’influence ont échappé à tout suivi. Mais depuis 2023, la Direction Générale des Impôts a ouvert la chasse. Selon FNH, environ 120 créateurs ont été ciblés par des audits, pour un manque à gagner estimé à 45 millions de dirhams. Fin 2024, une cellule spécialisée a été créée afin de contrôler les flux provenant de plateformes étrangères et de partenariats non déclarés.
 

À partir de 2025, un régime fiscal spécifique aux revenus digitaux est en cours de mise en place, avec un taux forfaitaire autour de 30 % pour les montants modestes, et jusqu’à 38 % au-delà de 180.000 DH annuels. La période du « Far West numérique » touche donc à sa fin.
 

Si certaines influenceuses vivent honnêtement de leur image, d’autres multiplient les pratiques douteuses :

  • Produits dangereux : en mai 2025, une influenceuse a été poursuivie à Inezgane pour vente de produits d’« engraissement » sans autorisation sanitaire.

  • Exploitation de la misère : en août 2024, une Tiktokeuse a été arrêtée pour avoir filmé l’agonie de sa belle-mère afin de récolter des dons.

  • Arnaques financières : en septembre 2024, FNH a révélé des pseudo-coachs de trading promettant richesse rapide, alors que 90 % des particuliers perdent de l’argent dans ce type d’opérations (AMF).
     

Ces affaires montrent comment autorité, rareté et mise en scène émotionnelle — techniques de manipulation documentées en psychologie sociale — sont mobilisées pour convaincre et pousser à l’achat.
 

Les excès ne restent plus impunis. Au Maroc, plusieurs influenceurs ont déjà écopé de peines de prison pour diffamation, atteintes à la pudeur ou arnaques. À l’étranger, la justice française a condamné en février 2025 l’influenceuse marocaine Rym Renom à un an de prison et 25.000 € d’amende, avec saisie de 40.000 €, pour pratiques commerciales trompeuses. Ces décisions marquent une tendance lourde : la professionnalisation forcée d’un secteur où l’opacité régnait.
 

Les dangers sont multiples. Pour les consommateurs : exposition à des produits nocifs, pertes financières liées au trading « d’influence », et désillusion face à des dons détournés. Pour les créateurs : risque fiscal, risque pénal et surtout risque réputationnel.
 

Le mythe des influenceuses millionnaires se brise ainsi sur une double réalité : un marché concentré entre quelques stars et un océan de créateurs précaires, une vitrine de luxe parfois construite sur des pratiques risquées et désormais surveillées de près par le fisc et la justice.
 

Derrière les images de paillettes, l’influence marocaine vit un tournant. La fin de l’impunité fiscale et judiciaire oblige les créateurs à se professionnaliser. Mais tant que les logiques de manipulation et la recherche du buzz subsisteront, le public restera exposé à des dérives dangereuses.

 


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Lundi 8 Septembre 2025


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