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L’Amérique se retire, le monde s’arme




Adnane Benchakroun

Un mot, un geste, un soupir de lassitude : les États-Unis se retirent. Pas seulement d’un pays, d’un traité, ou d’un conflit. Non, cette fois, c’est plus profond, plus total. Le vieux gendarme du monde, usé par ses propres divisions, se replie. Et chacun sait ce qui se passe quand la sentinelle quitte son poste : l’obscurité tombe.

Ce retrait n’est pas une décision spectaculaire, annoncée en fanfare depuis un pupitre à la Maison Blanche. C’est une usure, un effacement progressif. L’Amérique d’aujourd’hui regarde moins vers l’extérieur : elle panse ses plaies internes, s’enfonce dans une polarisation féroce, et laisse aux autres le soin de gérer l’incendie mondial qu’elle n’a plus la force d’éteindre.

Et alors ? Alors c’est la guerre. Pas une guerre mondiale classique, avec des alliances et des fronts. Non, une guerre morcelée, éclatée, diffuse. C’est la guerre civile en Afrique, la guerre des gangs en Amérique latine, la guerre des empires en Europe de l’Est, la guerre du pétrole et des pixels au Moyen-Orient, la guerre des routes et des ports en Asie.

Car l’histoire est cruelle : chaque fois que le gendarme s’éclipse, les seigneurs de guerre surgissent. Regardons les précédents : la Somalie après le Black Hawk Down, l’Irak après le retrait américain de 2011, l’Afghanistan en 2021. Chaque vide laissé par Washington a été comblé par la poudre, les milices, les mafias.

Et aujourd’hui, ce n’est plus un retrait géographique, c’est un retrait de l’ordre. Washington ne veut plus arbitrer. Elle ne sait plus si elle doit défendre les démocraties ou faire du business. Elle ne sait plus si elle doit craindre la Chine ou la côtoyer. Elle ne sait plus si l’Europe est un allié ou un passager clandestin.

En son absence, les frontières s’enflamment. L’Amérique centrale devient une autoroute de la violence. L’Afrique se reconfigure sous l’effet d’armées privées, de putschs et de routes commerciales sous influence russe ou chinoise. L’Europe regarde l’Ukraine et devine : demain, c’est elle. Et dans le chaos, chacun arme son voisin, par procuration, par peur ou par cynisme.

Le monde post-gendarme est là. Il ressemble à une fête sans surveillant, où les plus forts dictent leur loi, et où les faibles apprennent à se battre ou à fuir.

​Mais peut-être que c’est une bonne chose.

 Peut-être que le retrait américain obligera les régions du monde à grandir, à assumer leur sécurité, à construire leurs propres équilibres. Peut-être que l’autonomie naît dans le désordre. Ou peut-être… que l’humanité n’est pas encore prête à vivre sans gendarme.

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Vendredi 18 Avril 2025


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