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La bévue iranienne de Netanyahou


Rédigé par le Mardi 17 Juin 2025



Depuis 13 juin 2025, Israël mène des attaques contre les infrastructures nucléaires et militaires iraniennes, beaucoup plus dans l’objectif d’inciter le peuple iranien a renverser son actuel régime politique que de détruire définitivement son programme nucléaire, dont les sites sont profondément enterrés et largement dispersés à travers un territoire qui s’étend sur 1.648.195 Kms2, soit près de 80 fois celui d’Israël.

Premier constat : l’indéniable efficacité des services de renseignements israéliens, le fameux Mossad, qui confirme à chaque fois que sa réputation n’est pas usurpée.

Sans les agents et drones d’attaques israéliens infiltrés et pré-positionnés en Iran, qui ont ciblé les défenses aériennes iraniennes, entre autres missions de sabotage en arrière des lignes ennemies, l’aviation israélienne n’aurait pas aussi bien réussi à décapiter le haut commandement militaire et éliminer des physiciens nucléaires iraniens.

Second constat : la profonde méconnaissance de la culture chiite par les dirigeants israéliens, qui ont supposé, à tort, que le peuple iranien, déjà étouffé par les sanctions économiques occidentales, allait vite craquer sous la pression des frappes aériennes, chasser ses dirigeants et hausser le drapeau blanc de la reddition en acceptant toutes les conditions israéliennes en échange d’un arrêt des hostilités.

Résilience iranienne

C’est vite oublier que l’Iran, à peine sorti de la révolution de 1979, a fait preuve d’une grande résilience en tenant tête, durant 8 ans, de 1980 à 1988, face à l’Irak de Saddam Hussein, malgré la direction d’une armée déboussolée par la chute du régime du Shah et une économie dévastée par l’instabilité politique.

Saddam Hussein, soutenu dans sa guerre contre l’Iran par le camp occidental, avait également supposé que le peuple iranien n’attendait que l’occasion de se débarrasser du régime des mollahs. Il aurait, au contraire, réussi à unifier les rangs des Iraniens derrière le leadership de la nouvelle théocratie.

L’autre supposition erronée du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, est que l’assassinat de quelques scientifiques iraniens pouvait mettre un terme à son programme nucléaire. 

Malgré les difficultés causées par les sanctions contre l’Iran, ce pays a quand même réussi à se positionner au premier rang du monde musulman en termes de publications dans les revues scientifiques internationales, et ce grâce à d’importants investissements dans la formation et la recherche et développement.

L’Iran s’est classé 53ème mondial pour l’indice de l’innovation en 2022, selon l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

L’image d’une théocratie des mollahs que se plaisent à diffuser les médias occidentaux de l’Iran occulte sciemment la réalité des compétences scientifiques iraniennes.

Effet boomerang

L’économie de l’Iran subit bel et bien, de plein fouet, les conséquences des sanctions, instaurées depuis 1995 par les Etats-Unis, 2006 par les Nations Unies et 2007 par l’Union européenne. Sa population est fatiguée d’en supporter autant et les critiques envers le régime sont légions. 

Mais de là à présumer que les Iraniens seraient prêts à demeurer passifs face à une agression étrangère, dans l’espoir que celle-ci allait les débarrasser du régime honni, comme vient de le faire Netanyahou, c’est aller trop vite en besogne.

La réaction iranienne aux frappes israéliennes ne s’est pas fait attendre. Tel-Aviv, Haïfa et d’autres villes israéliennes reçoivent, chaque soir depuis le 14 juin, une volée de missiles et de drones qui sèment la mort et la désolation et que les défenses aériennes israéliennes semblent éprouver beaucoup de peine à stopper.

Un scénario que ne pouvait pas ne pas prévoir Benjamin Netanyahou, qui a tablé justement sur les pertes israéliennes pour jouer encore une fois la victime et appeler les Etats-Unis au secours, en vue d’impliquer cette dernière dans une guerre ouverte avec l’Iran.
 
Au vu du déroulement des évènements jusqu’à présent, le président américain a flairé le piège de Netanyahou et n’a nul envie de d’engager d’importantes dépenses militaires et de sacrifier la vie d’Américains dans un affrontement armé contre l’Iran pour faire plaisir aux sionistes révisionnistes au pouvoir à Tel-Aviv.

Ceci est également un rappel pour les Israéliens que les Britanniques ne les ont pas aidé à fonder leur Etat en Palestine, en 1948, pour qu’ils puissent se défendre tout seuls. Israël a été créé pour constituer une source d’instabilité géopolitique permanente au Moyen Orient, tout en restant grandement dépendant de ses parrains anglo-saxons.

Sprinteurs contre coureurs de fond

De par la culture et la doctrine militaire de chacun des deux protagonistes, les Iraniens peuvent être comparés à des coureurs de fond et les Israéliens à des sprinteurs, comme l’a si bien formulé l’analyste géopolitique et ancien diplomate indien, Melkulangara K. Bhadrakumar, dans un article publié le 16 juin par Indian Punchline. 

Plus le conflit actuel entre Israël et l’Iran se prolonge, ce qui a commencé par un réel succès tactique des services de renseignement israéliens dans les frappes contre l’Iran risque fort de se muer en défaite stratégique pour Israël. 

Certains Israéliens commencent déjà à fuir la « Terre promise » à bord de yachts loués pour des milliers de dollars, selon le quotidien israélien Haaretz dans son édition du 17 juin, puisqu’ils ne peuvent passer par l’aéroport de Ben-Gourion. 

Netanyahou cherche à étendre la guerre, entamée contre Gaza, le Liban et la Syrie, à tout le Moyen Orient et la prolonger autant que faire se peut pour rester au pouvoir et éviter, ainsi, la prison pour corruption. Il pourrait très bien perdre et la guerre et le pouvoir et terminer sa carrière politique dans une cellule de centre de détention.

Il y a des limites même à la « chutzpah » (mot hébreu qui signifie culot, effronterie). Netanyahou finira par l’apprendre à ses dépens.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 17 Juin 2025


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