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Le Maroc, une carrosserie de berline avec une motorisation Lada


le Maroc est parvenu à marquer sa présence sur la scène internationale, et sa différence aussi, comme on le voit dans ce jeu d’équilibre que le royaume mène avec les grandes (et moins grandes) puissances.



Par Aziz Boucetta

Décomplexée et audacieuse… c’est ainsi que se présente, aujourd’hui, la diplomatie du Maroc. Palais à la manœuvre, ministère à l’œuvre, ou l’inverse, mais les résultats sont là : le Maroc est parvenu à marquer sa présence sur la scène internationale, et sa différence aussi, comme on le voit dans ce jeu d’équilibre que le royaume mène avec les grandes (et moins grandes) puissances. Mais, encore une fois, c’est en interne que la machine est grippée.

Après la reconnaissance à la cowboy de la marocanité du Sahara par Donald Trump, dans son dernier quart d’heure à la Maison Blanche, bien nombreux étaient les oiseaux de mauvais augure qui affirmaient la tête dans les mains que Joe Biden allait vite défaire ce que son prédécesseur avait fait tout aussi vite. Le suspense avait duré quelques semaines, puis encore quelques mois, avant qu’Antony Blinken n’évoque la Déclaration tripartite en novembre 2021, puis participe même à la célébration de son premier anniversaire, quelques semaines plus tard, partage ses tourments iraniens avec Nasser Bourita au Néguev et, enfin, vienne sur nos terres pour trois jours !

Avec l’Empire du Milieu, le royaume tient … le milieu. Pas trop d’engagement avec Pékin, mais pas trop d’indifférence non plus. On installe certes une mégacité « chinoise » au nord, près de Tanger, mais on ne se précipite pas vraiment… Oui, on opte pour le vaccin des amis chinois, mais c’est avec des Suédois qu’on construit une usine de fabrication de vaccins. On promet le train à grande vitesse, mais on y va à sage allure… lorgnant du côté des Gaulois réfractaires à définitivement et solennellement reconnaître que le Sahara appartient au Maroc.

Côté russe, c’est une autre paire de manches… le Maroc n’a jamais appartenu à la sphère d’influence de Moscou, même durant la guerre froide, surtout pendant la guerre froide. Depuis que Vladimir Poutine a élu domicile au Kremlin, le Maroc joue finement avec la Russie. Concurrents et partenaires, les deux pays cohabitent sur une scène internationale mouvementée et tourmentée. Mais Rabat a su placer son joker dans l’affaire ukrainienne, refusant de condamner, et même de s’abstenir, au vote condamnant l’agression, car c’est une agression, quelles qu’en soient les causes, très certainement discutables. Moscou en saura gré à Rabat, le moment venu, pour sa position et sa prise de risque…

Et voilà qu’aujourd’hui, après cette position sur la Russie, Nasser Bourita se trouve à un sommet au Néguev, aux côtés d’entre autres Antony Blinken et Yaïr Lapid, et ça a causé sécurité, ça a glosé sur l’Iran, la sécurité régionale,  voire continentale, et même mondiale… quelques jours après que l’Espagne ait rendu gorge et que l’Allemagne se soit rendue à la raison, et quelques heures avant que le secrétaire d’Etat américain vienne au Maroc pour une visite de trois jours, et Dieu sait qu’il a du pain sur la planche en ce moment...

Le Maroc triomphe donc sur le plan diplomatique, se pose en élément incontournable, s’impose comme faiseur contributeur de paix. Ou au moins contributeur et facilitateur.

Mais cette apparence de puissance reste une simple apparence car nous avons les flancs fragiles et les côtes graciles. On sait gérer une pandémie car nous avons un Etat solide, mais nous n’avons pas les moyens de sortir du marasme qu’elle a créé ; on sait manœuvrer en cas de crise mondiale en Ukraine, mais on n’a ni céréales ni pétrole et encore moins de gaz, et pas trop les moyens d’en acquérir.

Nous n’avons pas d’agriculture digne de ce nom car quand on se tord le cou à guetter le ciel et à attendre la pluie, et qu’on prie pour que le ciel nous gratifie de pluie, alors nous avons un problème puisque nous sommes un pays semi-aride en voie d’aggravation et que nous tardons à en prendre (sérieusement) conscience. Pas plus que nous n’avons de véritable plateforme R&D (hors OCP Group) ou de grandes entreprises multinationales (sauf peut-être les quatre banques marocaines). Et par-dessus-tout, nous sommes affligés aujourd’hui d’un gouvernement poussif, incapable d’avoir une vision d’avenir, de faire de la prospective, d’anticiper et d’agir avant même que d’avoir à réagir. Le roi, qui a bien compris tout cela, donne ses directives, mais ce n'est pas lui qui dirige le gouvernement et gère le quotidien.

Cet écart entre positionnement international et réalité nationale est notre grand problème, un problème auquel nous devrions remédier au plus vite car si l’apparence est belle, l’intérieur est faible. La première des choses, la plus importante, est d’abord une adhésion massive de l’opinion publique à cette nouvelle posture diplomatique et stature géopolitique du royaume.

Mais il faut également une classe entrepreneuriale audacieuse et non pas rentière, attirée par la facilité et le gain rapide… et bien, sûr, nous ne le dirons jamais assez, une création de richesses qui soit significative, et des richesses ruisselantes.

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panora Post 



Mercredi 30 Mars 2022


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