Il a commencé son discours par une précision qui vaut son pesant de menaces à l’encontre des présumés responsables du grand foutoir survenu au Qatar suite à la distribution de billets gratuits au public marocain venu soutenir, en nombre, notre équipe nationale au Mondial. 

Il s’avère aujourd’hui que certains membres de la fédération, à qui le président, a confié cette tâche ingrate de distribuer lesdits billets, auraient saisi l’occasion de les revendre au marché noir, au plus offrant, dévoyant ainsi la volonté de la fédération et du Qatar d’offrir des billets gracieusement au public exclusivement marocain. 

C’est une honte innommable, vu que beaucoup de gens qui croyaient vraiment que les billets étaient gratuits avaient pris des billets d’avion au départ de Casablanca vers Doha, pour se retrouver en face d’un marché noir organisé par des membres indélicats de la fédération ou pire, à des scènes de clientélisme de la pire espèce, certains membres offrant bien sûr les billets sans contrevaleur financière, mais à des membres de leur famille, à des gens qui leurs étaient acquis ou à des individus dont ils escomptaient des faveurs de diverses manières. 

En plus de cela, la désorganisation qui s’en est suivie et la colère des supporters éconduits après des heures d’attente devant les centres de distribution, ont poussé les autorités qataris à supprimer certains vols au départ de Casablanca ou à interdire la sortie de l’aéroport de Doha à des gens qui étaient venus du Maroc sans billets. 

Un vrai moment de panique vécu par les autorités qataries, qui avaient annulé tous les vols en provenance du Maroc, car elle craignait un appel d’air ingérable à partir du moment où on annonçait partout que des billets gratuits étaient à disponibles au Qatar sur simple présentation du passeport marocain….!

Aujourd’hui on apprend que le président du club de Safi est l’hôte de la brigade nationale de la police judiciaire à Casablanca, connue pour élucider les affaires que même Sherlock Holmes n’arrive pas à dénouer. 

Le président en question est confronté à des audios d’acheteurs où il parlerait de transactions sonnantes et trébuchantes à propos des fameux billets gratuits dont il aurait eu la charge de les redistribuer aux supporters de l’équipe de « Rass l’avocat »…

La suite logique de cette affaire serait bien sûr une comparution devant un juge d’instruction intransigeant et intraitable pour répondre à ces questions. D’où un Big scandale en gestation, que personne ne voudrait voire ouvrir, de peur d’éclabousser des centaines de personnes.

Bref, le président de la fédération prend les devants dans cette réunion et déclare qu’il posséderait une liste de gens qui seraient mouillés dans cette affaire et qu’il propose aux membres de la fédération de constituer une commission interne présidée par des juges, et que si cette commission lui dit à la fin de ses investigations, que telle ou telle personne est incriminée, le président se chargerait de virer, ad vitam aeternam, le ou les suspects, de l’univers, idyllique, du football marocain….

Tout cela est bien beau à priori, mais toutefois, il y’a des choses à tirer au clair et des questions logiques, voire basiques, auxquelles le président de la fédération omet de répondre : 

- Qui a décidé que des billets allaient être acquis par la fédération auprès de la FIFA pour les redistribuer gratuitement aux supporters marocains ?
- Qui a donné les billets gratuits aux membres de la fédération pour les distribuer aux supporters marocains ?
- Qui a annoncé au public que les billets gratuits étaient disponibles sur place sur simple présentation du passeport marocain ?
- Enfin, qui est responsable, à la base, de ce foutu bordel ?

Ces quatre questions sont primordiales, car les dispositions qui y sont prises relèvent de la responsabilité du président de la fédération, en premier lieu. Et ce sont ces dispositions qui ont créé à la base tout ce qui va suivre comme désorganisations, dépassements, débordements…

Il aurait été judicieux que la fédération, par le biais de son président reconnaisse du moins sa responsabilité morale dans ce qui s’est passé au Qatar à ce sujet. Dire simplement qu’elle a mal apprécié la situation et qu’elle a manqué de jugement et enfin de présenter ses excuses, surtout aux personnes lésées et ayant cru, de bonne foi, à cette gratuité des billets qu’elle n’a jamais vues ou alors à des prix usuriers…

Maintenant, savoir qui a vendu à qui, des billets gratuits, à quel prix et en quelle quantité, c’est bien à la justice et à la justice, seule, de le démêler et de condamner, s’il y’a lieu, les responsables.

Créer une commission pour cela, c’est le meilleur moyen, pour enterrer en première classe un sujet qui éclabousse toute la fédération. On sacrifiera un bouc émissaire, en l’occurrence le président du club de Safi, et on fermera le dossier illico presto au bout quelques semaines…

 

Que des margoulins siègent dans les instances du football, ce n’est pas une spécificité locale, ni même continentale, mais un fléau mondial. La FIFA n’a jamais abrité en son sein des saintes ni touches ni des ermites sincères. L’univers du football étant devenu glauque dès que l’argent des multinationales l’a submergé, il y’a une quarantaine d’années avec l’arrivée de Joao Havelange, antique président de la fédération internationale et accessoirement grand ami des dictateurs et du grand capital. 


C’est lui qui a certes modernisé le football, mais qui l’a perverti avec une inflation stratosphérique des coûts d’organisation du mondial et des salaires indécents des joueurs. Il a a aussi permis que des gens comme Sepp Blatter de pénétrer dans la planète foot et de  détourner ce sport vers le plus offrant.


On ne doit donc s’attendre à ce que le football, de part le monde, soit un univers de bisounours. Et il ne faut pas, non plus, nous prendre pour des cons au niveau local. 

Il n’y a qu’à voir l’origine des dirigeants de certains clubs de football, ici, pour tout comprendre.


Mais si le président de la fédération marocaine de football veut vraiment saisir cette occasion pour faire le grand ménage dans les instances dirigeantes des clubs de football et de la fédération, tout le monde applaudira son initiative et on ne peut que l’encourager à le faire.


Faouzi Laqjaa est aujourd’hui auréolé d’un succès mérité, et il a fait de l’excellent travail depuis son arrivée à la tête de la fédération, en dotant le football national de moyens modernes, plus à même, de permettre l’exploit de notre équipe au mondial du Qatar. Et cette affaire de détournement de billets gratuits est le meilleur prétexte qui lui est offert, pour botter hors des terrains tous les margoulins et gangsters qui n’ont rien à faire, ni dans les instances dirigeantes ni à la tête des clubs locaux.


Il est anormal que les clubs de foot nationaux élisent à leurs têtes des gens à la gestion douteuse et à la moralité sujette à caution. 
La fédération de football devrait prendre à sa charge le fonctionnement des clubs et de ses instances, en y opérant une véritable révolution managériale et on y appelant de vraies compétences au dessus de tous soupçons. Pour faire simple, il faut enlever l’argent aux clubs.


L’époque du président de club débiteur envers lui, est révolue. Un président de club n’a pas à prêter de l’argent ou à en donner à son club pour le soutenir et saisir par suite cette véritable captation de la décision, pour devenir un vrai dictateur, décidant de tout et ignorant les autres membres, sincères mais désargentés. C’est une vision archaïque du football, qui a marché un temps, elle n’est plus d’actualité et devrait cesser. 


Une occasion en or se présente aujourd’hui au président de la fédération, il ne faudrait pas qu’il passe à côté d’elle ou de manquer de courage, en se concentrant uniquement sur une sombre affaire de distribution de billets gratuits. 


Il faut élever le débat un peu et déléguer cette affaire à la justice, qui saura, grâce à ses fins limiers, démêler tout ce spaghetti glauque, qui fait honte à notre football et qui porte préjudice à notre pays. Il faut voir loin et plus haut. 


Nous avons un dossier d’organisation de la coupe d’Afrique 2025 à défendre. 


Nous devons construire des académies de football partout et susciter de nouvelles vocations chez les plus jeunes, en développant les filières sports-études. 


Nous devons mettre à niveau les stades existants et compléter la construction de nouveaux stades avec l’infrastructure de transport et hôtelière qui va avec.

Nous devons préparer, à l’avance, le dossier de candidature de la prochaine coupe du monde qui reviendra de droit à l’Afrique et dont nous ne devons pas rater, sous aucun prétexte, l’organisation.


Tout le reste, à savoir, si untel a vendu dix billets ou mille billets gratuits ou qu’untel en a offert à sa tante ou à la cousine germaine de son voisin, c’est franchement secondaire pour une fédération qui doit avoir de très grandes ambitions et qui a le soutient indéfectible de tout un pays, tant que les choses vont bien…