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Le cas Bakkoury




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Mustapha Bakkoury est interdit de quitter le territoire national, ainsi que lui en a fait part la police des frontières la semaine dernière, alors qu’il s’apprêtait à quitter ledit territoire vers Dubaï pour affaire concernant son travail. Et de fait, l’ensemble des médias se sont accaparés de l’information, l’ont amplement diffusée, relayée ensuite sur les réseaux sociaux.
 

L’homme est condamné, jeté à la vindicte populaire, et ô combien la vox populi est méchante et perfide quand un « Grand » tombe. Car Mustapha Bakkoury est un « Grand ». En effet, il fut patron de la CDG, avant de prendre la tête du PAM, puis de Masen (« le machin qui s’occupe du soleil », comme le disait si aimablement Abdelilah Benkirane). Il est aussi président de la Région Casablanca-Settat depuis 2015.
 

Hormis quelques médias qui se comptent sur les doigts d’une main de Boris Eltsine, personne n’avait déjà parlé de la gabegie qui semble étouffer Masen. Le très sérieux Conseil économique, social et environnemental avait publié durant l’été un rapport épinglant une gestion très douteuse, non par incompétence ou indélicatesse, mais par mauvais choix. Soit. Des sanctions devaient normalement tomber, et c’est là que le bât blesse. Il blesse la dignité et la présomption d’innocence !
 

Si Mustapha Bakkoury est sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire, c’est que la justice en a décidé ainsi, et si c’est le cas, alors une procédure est ouverte auprès du parquet. Deux questions se posent : Pourquoi l’affaire n’a-t-elle pas été portée par communiqué devant le public, puisque l’intéressé est un personnage public ? Et pourquoi M. Bakkoury n’a-t-il pas été préalablement avisé de cette mesure, lui évitant ainsi l’humiliation d’une interdiction de quitter le Maroc à partir d’une région dont il est président ? Et, enfin, a-t-on pensé à l'image du pays, réputé pionnier en matière d'énergies renouvelables ?
 

Aujourd’hui, cet homme comparaît devant le tribunal du peuple et, en l’absence de communication officielle du parquet ou d’un juge d’instruction, chacun y va de son pronostic, de son analyse : gestion erratique, accumulation d’une fortune personnelle, intelligence avec une puissance étrangère, mauvais choix technologique… L’homme est déjà condamné par une opinion publique emportée par un voyeurisme morbide, lui-même porté par les réseaux sociaux ou certains médias, tout un monde qui réclame et se réclame pourtant de l’Etat de droit et des droits humains…
 

Et la population casablancaise dans tout cela ? Ne mérite-t-elle pas de connaître le sort de son président de région, alors que nous sommes en précampagne électorale ? Et pourquoi son parti, le PAM, dont il fut le Lider (presque) Maximo de 2012 à 2016, ne dit-il rien ? On voudrait écœurer les Casablancais(e) et les dissuader d’aller voter que l’on ne s’y prendrait pas autrement ! Et on voudrait décourager les élites à aller à la fonction publique que l’on n’agirait pas différemment !
 

La justice est, dit-on, aveugle, mais elle ne doit pas être aveuglée par l’effet d’annonce ou de supposés coups de semonce. Le Maroc veut assainir sa gestion et soigner sa gouvernance ? Soit, mais il y a la manière, et la manière est le respect de la présomption d’innocence et de la dignité des gens. Ce que vit Mustapha Bakkoury, dans la forme, est indigne du Maroc auquel nous aspirons. S’il est jugé et condamné, cette publicité qu’il a subie aura été une double peine, et s’il est acquitté, il aura été sanctionné pour quelque chose dont la justice l’aura innocenté.
 

D’après certaines informations, cette affaire a été initiée par des rapports de la Cour des Comptes, qui vient de recevoir sa nouvelle présidente Zineb el Adaoui. Ahmed Rahhou, au Conseil de la Concurrence, fera-t-il pareil ? MM. Abdennabaoui et Daki, à la Cour suprême, lui emboîteront-ils le pas ? On ne le peut que souhaiter, non pour voir des gens tomber, mais pour voir l’équité et l’éthique se dresser.
 

Il se passe bien des choses dans ce pays depuis quelques mois et le cas Bakkoury en est le dernier avatar ; gageons que c’est pour bâtir un Etat de droit. A la fin du 19ème siècle, Courteline s’interrogeait : « Par quelles interventions de prodigieux avatars, de lentes transformations, de nuances insensibles, Gabrielle peu à peu était devenue tata ? », et le Maroc tendait à devenir un Etat de droit.
 

Mais ce n’est pas en traitant comme cela de hauts fonctionnaires et en les livrant à l’opprobre publique qu’il y parviendra sous des délais raisonnables.
 

Par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com




Mercredi 21 Avril 2021


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