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Les Voraces et les Coriaces…


Casablanca est une hydre à multiples têtes. Autant, elle est une ville dynamique qui personnifie à merveille le dynamisme économique du Maroc, autant c’est une ville sans foi ni loi, à plusieurs égards. Casablanca reste la cité de tous les excès, de tous les courages et de toutes les déceptions. Si le contraste marocain pouvait être localisé quelque part, il le serait certainement à Dar El Beida, la Maison Blanche ou Casablanca.



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Cette ville a grandi vite, trop vite même. Elle a aspiré toutes les ambitions à bon ou à mauvais escient…
L’une des facettes de cette hydre est l’immobilier. Casa est la ville où on autorise le plus de logements dans le royaume et où on construit le plus, quel que soit le type de bâtiments.

Des fortunes colossales s’y sont créés en si peu de temps dans l’immobilier que des industriels et des rentiers ont quitté leur confort pour s’y engouffrer têtes baissées, y transposant leur goût du challenge et du défi mais aussi de l’esbroufe et de la concurrence meurtrière. 

C’est cela le libéralisme sans visage, terrible car incontrôlable et mesquin, car dénué d’humanité. 

La dernière mode chez les Voraces de l’immobilier à Casablanca, est d’acheter des immeubles habités dans les quartiers huppés de la ville et de commencer doucement à rendre la vie infernale aux locataires afin qu’ils finissent, lassés de luttes stériles, par quitter les logements où ils ont passé toute leur vie afin de permettre au propriétaire de casser, réaménager et offrir de nouveaux appartement high-class à une nouvelle clientèle fortunée et tellement arriviste dans cette ville où tout le monde veut prospérer.

Tous les moyens sont bons pour extirper les locataires Coriaces, mais démunis devant cette puissance de l’argent…

Les nouveaux propriétaires usent de tous les moyens possibles : couper l’eau et l’électricité dans les parties communes des immeubles ou aux locataires eux-mêmes; casser de manière insidieuse tout ce qui peut l’être, afin de pouvoir déclarer l’immeuble auprès des autorités, comme insalubre ou menaçant ruine et de permettre son évacuation à moindre frais et sans devoir indemniser les locataires.

Ce qui est perpétré aujourd’hui à Casablanca par des promoteurs immobiliers multirécidivistes dans l’infraction aux valeurs urbaines et citoyennes qui ont fait jadis la beauté de cette ville, est somme toute ahurissant, abominable et hautement condamnable. 

La fédération de l’immobilier est immobile face à ses dépassements émanant de membres de sa corporation. 

Les autorités sont dépassées par des situations où le cadre juridique existant qui est flou et imprécis, ne protège pas suffisamment les locataires face à la prédation de ces promoteurs. 

 

Les Coriaces locataires, qui refusent d’abdiquer face à ces Voraces promoteurs, sont épuisés par les recours en justice qui n’aboutissent jamais ou qui sont trop longs pour les rétablir dans leur droit constitutionnel d’avoir un toit.

Nos lois sur l’urbanisme, la construction ou la copropriété sont obsolètes et inadaptées pour instaurer une justice et une équité urbaines pérennes à nos concitoyens. 

Les ministres se succèdent au département de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville depuis une vingtaine d’années, sans faire voter ni loi, ni politique en matière d’urbanisme. Je ne sais pas à quoi ces ministres ont passé leur temps quand ils ont occupé ce département…

En attendant, des villes se construisent sans que des règles élémentaires de vivre-ensemble ne soient édictées. 

Nos villes ressemblent à des ville « Dead Wood », chères aux westerns yankees, quand la loi du plus fort se faisait entendre au bout de son colt ou du fond de son portefeuille.

Le « darwinisme social » est la règle en urbanisme dans nos villes, devenues de plus en plus des ghettos pour riches et où les notions de solidarité et d’humanité, pourtant nées dans nos médinas ancestrales, il y’a de cela plusieurs siècles, dépérissent dans l’indifférence générale, faute de continuateurs et de transmetteurs aux générations futures… 

Alors, en attendant que quelqu’un se penche sérieusement sur ces questions cruciales liées à l’urbanisme à Casablanca et ailleurs au Maroc, des Voraces cherchent par tous les moyens à réduire au silence des Coriaces qui veulent uniquement préserver leur mémoire urbaine…

Rédigé par Rachid Boufous 



Lundi 19 Juin 2023


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