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Les aventures d’Ursula von der Leyen en Afrique…


Les Américains brandissent leur « America great again », les Allemands conservent leur tonitruant « uber alles », les Français apprennent le coût du « quoi qu’il en coûte »… et nous autres Marocains scrutons et mesurons désormais le fameux « flou et ambivalence » de nos partenaires.



Par Aziz Boucetta

lesaventuresdursula.mp3 A lire ou à écouter en podcast :  (2.21 Mo)

Les Américains brandissent  leur « America great again », les Allemands conservent leur tonitruant « uber alles », les Français apprennent le coût du « quoi qu’il en coûte »… et nous autres Marocains scrutons et mesurons désormais le fameux « flou et ambivalence » de nos partenaires. Le « flou et l’ambivalence », ce sont les mots du roi Mohammed VI pour désigner les pays qui affichent une position opaque et ambigüe sur la question du Sahara. Parmi eux, l’Union européenne dont la présidente de la Commission Ursula von der Leyen était dans nos murs cette semaine…

… Une visite courte, aussi courte que tardive. L’Allemande a pris les rênes de la Commission le 1er décembre 2019 et elle aura attendu 26 mois avant de poser le pied au Maroc, qu’elle a pourtant qualifié de « voisin, partenaire et ami »… Ce n’est donc qu’à la veille d’un peu attendu sommet Union africaine/Union européenne que Mme von der Leyen s’est soudain souvenue du voisinage, du partenariat et de l’amitié du royaume.

Cela s’est reflété dans l’accueil réservé à la présidente de l’UE. Malgré son rang de premier ministre, dans la tradition protocolaire européenne, elle a été reçue à sa descente d’avion par le ministre des Affaires étrangères et elle n’a rencontré le chef du gouvernement que le lendemain, avant de s’envoler vers Dakar, sans avoir été reçue par le chef de l’Etat. Dans son allocution de bienvenue, Aziz Akhannouch n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que « cette visite de la présidente de la Commission européenne est la première dans un pays sud-méditerranéen depuis sa désignation ».

Le chef du gouvernement a ensuite évoqué, assez sobrement à vrai dire, la priorité accordée par le royaume au grand chantier de la couverture médicale universelle, puis il a cité l’économie verte, la transition énergétique, la coopération culturelle et l’investissement. Mme von der Leyen a répondu en commençant par les condoléances aux Marocains pour le décès du petit Rayan et, reprenant les éléments cités par Aziz Akhannouch, a aussi insisté sur les liens historiques et les liens étroits tissés tout au long des siècles entre Européens et Marocains. Ce qui est plus irritant qu’exaltant.

« Flou et ambivalence »… Des discours convenus et des mots soigneusement choisis, pour masquer une mésentente robuste due à un agacement croissant des Marocains face à une persistance européenne à jouer sur plusieurs fronts : Plaire au Maroc en ménageant Alger, commercer avec l’Afrique en restant vague sur le Sahara, passage géographique obligé entre Europe et Afrique, vouloir bénéficier des atouts sahariens (pêche, ensoleillement, métaux rares…) sans reconnaître l’appartenance de ce territoire au Maroc… « Flou et ambivalence », donc, encore et toujours. Et c’est du fait de cette inconsistance du discours de l’UE que la présidente de sa commission n’a pas été reçue par le roi, sans l’avis et l’aval duquel rien de sérieux ne saurait ni ne pourrait être entrepris.

Avec les problèmes qu’elle connaît dans son entourage, l’Union européenne devrait admettre ce principe fondateur des relations internationales, en l’occurrence l’action et l’anticipation. Elle gagnerait à prendre les devants en rompant avec son attitude à l’égard du Maroc, hésitante au mieux, « floue et ambivalente » au pire. Le Brexit, l’Ukraine, le groupe de Visegrad ou celui des « frugaux » entraînent l’Europe, à son insu semble-t-il, sur une voie de nanisation accélérée.

En effet, l’Europe connaît un risque croissant de conflit armé au nord, subit les coups de boutoir des Anglais à l’ouest et de colère de la Turquie à l’est ; quant à ses relations avec le sud, Bruxelles ne parvient toujours pas à se défaire de son attitude post, voire néocoloniale.
Comment, en effet, lancer et faire prospérer des investissements avec des pays dont on entrave la mobilité des citoyens ? Comment se faire admettre et reconnaître dans un continent qui a désormais le choix entre plusieurs « offres » de coopération et dont on ne voit réellement que les questions de migration et les menaces sécuritaires ? Comment susciter et maintenir la confiance de peuples auxquels on assène continuellement des leçons de bonne conduite démocratique ? Comment parler d’échanges culturels avec un continent auquel on dénie toute forme de relativisme culturel ?

L’Afrique avance à son rythme et se développe à sa vitesse mais elle avance et se développe. L’Europe doit véritablement comprendre, et non seulement déclarer, que l’Afrique est le continent en devenir et que l’avenir de la première passe inévitablement par l’adhésion de la seconde. Autrement, les grandes et belles déclarations resteront de simples… grandes et belles déclarations.

Rédigé par Aziz Boucetta sur  Panora Post



Samedi 12 Février 2022


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