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Les influencenseurs


Depuis son arrivée à la tête du RNI – nous sommes fin 2016 –, Aziz Akhannouch déploie ses « talents » dans la communication politique. Sauf qu’en lieu et place des médias, élément incontournable et nécessaire de cette communication, il a opté pour les influenceurs, cette nouvelle caste sociale qui fait et défait les opinions, tenue de faire de l’audience et non retenue par une quelconque éthique. Sa méthode, éprouvée de par le vaste monde : l’argutie au lieu de l’argument, l’émotion à la place de la persuasion, le clic supposé remplacer le déclic.



Par Aziz Boucetta

Nous voulions, nous espérions un nouveau modèle de développement, et nous avons élu une majorité pour cela… Las, nous avons un nouveau modèle politique où l’éthique politique a encore du chemin pour se mettre en place, ou même trouver sa place… Le gouvernement, mené par le RNI, fait de la communication type RNI. Explications.

Depuis son arrivée à la tête du RNI – nous sommes fin 2016 –, Aziz Akhannouch déploie ses « talents » dans la communication politique. Sauf qu’en lieu et place des médias, élément incontournable et nécessaire de cette communication, il a opté pour les influenceurs, cette nouvelle caste sociale qui fait et défait les opinions, tenue de faire de l’audience et non retenue par une quelconque éthique.

Sa méthode, éprouvée de par le vaste monde : l’argutie au lieu de l’argument, l’émotion à la place de la persuasion, le clic supposé remplacer le déclic.

Il existe certes des « influenceurs » de talent, comme Mustapha El Fekkak, plus connu sous le pseudonyme de Swinga qui, lui, est un véritable créateur de non moins véritables contenus, dans le cadre d’une entreprise régulièrement constituée.

Ce n’est donc pas lui qui serait en cause dans ce marché qui lui est imputé, mais le fait que les donneurs d’ordre fassent l’économie du passage obligé par les journalistes, autrement plus critiques, qui perçoivent un salaire et ne réalisent pas un chiffre d’affaires.

Quand les défenseurs du temple de la démocratie criaient au loup, ils avaient raison car dans leur grande majorité, les influenceurs, à force de billevesées favorisent l’émergence d’une opinion publique biaisée. Et une opinion publique biaisée vote et élit une majorité qui affiche une légitimité politique fictive. Et c’est ce qu’on a vu lors des élections du 8 septembre.

Qu’a-t-on vu ? Un parti venu de nulle part, même si cette venue remonte à près d’un demi-siècle. Le RNI, peu connu pour ses positions idéologiques, est aujourd’hui au « pouvoir ». Mais le pouvoir, même avec des guillemets, implique une présence médiatique, des réponses intelligentes à des questions pertinentes, voire dérangeantes.

Or, le chef du gouvernement s’exprime peu, ou pas, et quand il le fait, c’est souvent poussif, presque douloureux. Alors il a recours aux influenceurs pour redorer un blason qui ne cesse de ternir.

Et il fait des émules !... Lors de la présentation du programme Forsa, un bon programme pourtant, doté de 1,25 milliard de DH, c’est d’abord très curieusement la ministre de (entre autres) du Tourisme qui monte à la manœuvre. Les journalistes sont là, mais ce sont les influenceurs qui sont à l’honneur. Interpelée sur la question, elle regarde ailleurs.

Interrogé sur le même propos, son confère porte-parole du gouvernement, lors de son point de presse hebdomadaire, a bafouillé quelque chose dont il ressort que le programme étant destiné à des jeunes, il valait mieux recourir aux influenceurs qu’aux journalistes.

Il est vrai que les influenceurs, moyennant paiement légal encore une fois, bien que peu éthique pour les donneurs d’ordre, deviennent des encenseurs volontaires de leurs clients, et des censeurs (souvent) involontaires des journalistes.

Est-ce donc ainsi que ce gouvernement, qui a tué la politique, compte occire la communication ? Notre majorité, qui loue matin et soir la démocratie pour qui veut encore l’entendre, doit pourtant savoir que l’un des facteurs essentiels de cette démocratie est la presse, les médias, qu’il y ait ou non des réseaux sociaux.

Comment donc Nizar Baraka, patron d’un parti aussi prestigieux que l’Istiqlal, peut-il s’accommoder de cela ? Comment Abdellatif Ouahbi, chef d’un parti certes moins prestigieux mais lui-même orateur confirmé et « bête de médias » affirmé, peut-il accepter cela ? Ne posons même pas la question concernant le chef du gouvernement, plus ombrageux que jamais.

Cela étant, une interrogation… le gouvernement n-a-t-il donc trouvé aucun « influencenseur » pour expliquer pourquoi la Samir est toujours fermée ?… Pourquoi les prix des carburants à la pompe ne baissent pas alors que les cours à l’international ont sensiblement reculé ?… Pourquoi n’avons-nous pas de stocks stratégiques en dépit de l’exhortation royale ?… Pourquoi aucune aide n’est offerte à la population pour amortir le choc inflationniste de l’énergie ?…

Un nouveau modèle politique, donc, en lieu et place du tant attendu et encore plus espéré modèle de développement

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panora Post



Jeudi 21 Avril 2022


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