La librairie , un espace public 

 A Tétouan il n’y a pas que des juillettistes jouisseurs qui passent le plus clair de leur temps dans les plages, cafés et bistrots, à savourer des boissons fraiches. Il existe aussi des esthètes assoiffés d’art et de culture, qui se donnent rendez-vous à la librairie l’Agora à Tétouan , tenue de main de maitre par Si Abdelaziz Sbai, qui n’a jamais trahi sa promesse d’être un espace public, réunissant les écrivains de haute voltige avec leurs lecteurs.

En dépit de la canicule, ceux-ci se sont imposé la gageure d’assister à une rencontre passionnante et amusante avec l’une des icônes de la littérature marocaine Fouad Laroui, qui nous a présenté son nouvel opus au titre aguicheur, Trente jours pour trouver un mari. ET Bien marries et marrantes étaient les lectrices qui croyaient que Si Fouad allait, dans ce livre, leur dévoiler une stratégie matrimoniale.

Pour éviter le spoling, on dira tout simplement que le narrateur y raconte des histoires facétieuses de femmes, maitresses de leurs destins, en quête de conjoints, tout en nous conviant à une réflexion philosophique sur le libre-arbitre, la fatalité…

Le clou de la soirée a été sans conteste la projection d’un film documentaire préparé par l’Agora, en hommage au prix Goncourt de la nouvelle, avec la collaboration de professeurs et écrivains marocains de renom tels Khalid Zekri , Abdellah Baïda , Mokhtar Chaoui Jr. , Abdelilah Khalfi, Jean Zaganiaris .

Comme à l’accoutumée, dans son dernier livre, l’auteur( lecteur invétéré s'il en est) force l’admiration par son style d’écriture, en citant des vers de poésie, en employant des facéties ou des champs lexicaux, dénotant sa grande érudition. Témoin sa façon de nommer l’Américain que lorgne Khaoula : c’est un Etasunien, un yankee, un amerloque, un ricain, un gringo.

La causerie modérée par Leila Benali a été fort enrichissante, en dépit de la question appauvrissante du choix de la langue française par les écrivains marocains. L’auraient-ils délibérément choisie ? et puis ne dit-on pas que tous les écrivains s’expriment dans une sorte de langue étrangère ?