À Rabat, décembre rime avec une lecture attentive des chiffres économiques. Dans sa note conjoncturelle de fin d’année, le ministère de l’Économie et des Finances fait état d’une amélioration sensible de la plupart des indicateurs de l’activité nationale, soulignant notamment l’impact positif des précipitations récentes sur la perspective d’une saison agricole favorable pour 2025-2026 ; le taux de remplissage des barrages atteint ainsi 34,7 % au 24 décembre, en hausse comparée à l’an dernier.
Pour de nombreux agriculteurs, cette pluie tombée « au bon moment » était presque un soulagement collectif, après plusieurs années de sécheresse tenace. Au-delà du symbole, elle a des répercussions concrètes sur les cultures et les réserves hydriques, indispensables à une filière qui emploie des centaines de milliers de Marocains.
Les exportations agricoles, forestières et de la pêche ont également enregistré une progression, autour de +7,3 %, traduisant une reprise dynamique des ventes à l’international des produits du terroir marocain.Toutefois, le secteur de la pêche montre des résultats plus contrastés, en particulier dans l’artisanale et côtière, où les volumes de débarquements ont reculé, rappelant la fragilité de certaines chaînes de production face aux aléas climatiques.
Du côté de l’industrie, les indicateurs restent globalement positifs. Les industries manufacturières ont vu leur indice progresser, tout en restant en deçà de l’élan observé au trimestre précédent, tandis que le secteur extractif – crucial dans un pays riche en phosphates – a poursuivi sa trajectoire ascendante. Ces résultats plaident pour une diversification continue de l’appareil productif, indispensable pour soutenir une croissance durable et créatrice d’emplois.
Le secteur des services, moteur de l’activité économique, a brillé cette année grâce à une performance solide du tourisme : +14 % d’arrivées de visiteurs étrangers à fin novembre, +9 % de nuitées et une hausse de 16,7 % des recettes touristiques. Ces chiffres, corroborés par les données de la saison touristique 2025, confirment que le Maroc reste une destination prisée au Maghreb et en Afrique, attirant voyageurs et investisseurs.
Cette dynamique a eu des effets tangibles sur les secteurs connexes. Le transport aérien a enregistré une hausse de 11 % du nombre de passagers, et l’activité portuaire a progressé de 6 %. Dans les rues de Casablanca ou sur les quais de Tanger Med, le mouvement est palpable : plus de marchandises transitent, plus de touristes arrivent, et plus de PME voient le jour dans les services et le commerce.
Sur le plan social, la consommation des ménages est restée robuste, portée par des mesures gouvernementales visant à renforcer le pouvoir d’achat dans un contexte d’inflation négative (-0,3 % en novembre). Ce contexte a contribué à soutenir la demande intérieure, moteur traditionnel de l’économie nationale.
Autre indicateur à souligner : la création d’emplois salariés a connu un rebond notable, avec 220 000 postes supplémentaires au troisième trimestre 2025. De plus, les envois de fonds des Marocains résidant à l’étranger ont poursuivi leur croissance, offrant une bouffée d’oxygène appréciable pour de nombreuses familles et pour la stabilité macroéconomique.
Cependant, tous les signaux ne sont pas au vert. Les exportations nationales globales ont progressé de 2,6 %, soutenues par des segments comme le phosphate (+16,7 %) et l’aéronautique (+8,3 %), mais ces gains sont partiellement compensés par une hausse des importations de 9,4 % (hors énergie), ce qui a pesé sur le déficit commercial et réduit le taux de couverture à 56,5 %.
Alors que l’année 2025 s’achève, l’économie marocaine illustre une résilience notable – fruit d’une diversification progressive, d’une demande intérieure soutenue et de performances fortes dans l’agriculture et le tourisme. Néanmoins, les défis structurels, tels que le déséquilibre commercial et la dépendance à certains secteurs vulnérables, rappellent qu’il reste un long chemin à parcourir pour transformer la croissance en prospérité durable et inclusive pour tous les Marocains.












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