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Pour un droit effectif à la déconnexion dans un environnement numérique de plus en plus intrusif


Rédigé par le Mercredi 28 Mai 2025



Dans un Maroc en transition numérique rapide, où les smartphones, messageries instantanées et plateformes collaboratives sont devenus omniprésents dans les environnements professionnels, la frontière entre vie privée et obligations professionnelles s’efface à une vitesse inquiétante. Les salariés sont souvent sollicités bien au-delà des horaires légaux, au nom de l’urgence, de la flexibilité ou d’une disponibilité devenue implicite. Cette situation touche particulièrement les cadres, les enseignants, les agents de centres d’appels, mais aussi les freelances du numérique, les employés en télétravail ou les fonctionnaires connectés en permanence.

Dans cette dynamique, il est devenu crucial que le futur Code du travail marocain consacre un droit explicite et opposable à la déconnexion, pour préserver la santé mentale, l’équilibre familial et la qualité de vie des travailleurs, tout en responsabilisant les employeurs quant à leurs usages numériques.

Ce droit ne consiste pas seulement à éteindre son téléphone : il implique une obligation positive pour l’employeur d’organiser les outils de communication professionnelle de manière à ce qu’ils n’empiètent pas sur les temps de repos, les congés ou les soirées. Il pourra s’agir de désactiver les notifications en dehors des heures de travail, de programmer l’envoi différé des e-mails, ou de formaliser des horaires de disponibilité numérique, y compris en télétravail.

Les entreprises et administrations marocaines devront ainsi intégrer des protocoles de déconnexion numérique dans leur règlement intérieur, après consultation des représentants des salariés. Pour les structures de taille moyenne ou les administrations locales, des modèles types pourront être fournis par le ministère de l’Emploi et de la Transition numérique.

Le non-respect de ces dispositifs, s’il entraîne une dégradation avérée de la santé du salarié (stress, burn-out, trouble du sommeil), pourra être considéré comme une forme de harcèlement numérique, engageant la responsabilité de l’employeur. Les syndicats et les délégués du personnel auront pour mission de veiller au respect de ce droit, notamment dans les secteurs soumis à une forte pression digitale.

Ce droit à la déconnexion serait ainsi l’un des piliers d’une modernisation équilibrée du travail au Maroc : une modernisation qui respecte le temps humain, la fatigue mentale, les obligations familiales et les rythmes biologiques, au lieu de les broyer dans la quête de performance continue.

Syndicaliste : ​L’avis de l’avocat du diable


« L’intention est belle, mais dans la vraie vie, qui ose vraiment dire à son patron : ‘Je ne répondrai pas à votre message WhatsApp après 20h’ ? Au Maroc, la culture de l’obéissance hiérarchique est trop forte, surtout dans le privé, pour qu’un droit à la déconnexion soit autre chose qu’un vœu pieux. Et puis soyons honnêtes : beaucoup de travailleurs ont peur que s’ils ne répondent pas tout de suite, quelqu’un d’autre prendra leur place. Le vrai problème, ce n’est pas la technologie, c’est l’insécurité économique.

Tant que le travail est rare, tant que les CDI se font rares comme la pluie à Guelmim, on acceptera tout, même les messages à minuit. Alors avant de parler de déconnexion assistée, parlons d’abord de garantie d’emploi et de stabilité contractuelle. Sans cela, ce droit restera un luxe pour cadres parisiens délocalisés à Casablanca. »






Mamadou Bilaly Coulibaly
Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 28 Mai 2025

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