Par Aziz Boucetta
Après des dizaines de pays reconnaissant explicitement la marocanité du Sahara et près de 120 louant la proposition marocaine comme « bonne base de règlement », voilà que grossissent les rangs des Etats qui la pensent comme « la seule et la plus pertinente ». Puis la France s’est ajoutée, importante au regard de son passé dans la région, après les Etats-Unis, importants tout court, et ensuite, récemment, le Kenya, dont l’importance sur le continent africain et au-delà est connue. La diplomatie marocaine a imprimé une allure d’avalanche à son rythme.
Que fait une avalanche ? Elle part d’un éclat de tonnerre ou d’une quelconque déflagration, grossit à mesure qu’elle dévale sa montagne, rafle tout sur son passage et effraie, ou au moins impressionne les autres qui regardent. Pour l’avalanche diplomatique concernant le Sahara, la déflagration avait pris la forme du désormais fameux tweet de Donald Trump le 10 décembre 2020 ; puis l’avalanche a « englouti », englobé, nombre d’Etats de par le vaste monde, les raflant au passage ; et, enfin, les pays qui restent sur leurs positions d’antan ou qui se montrent indifférents sont de plus en plus portés par l’élan, impressionnés par la qualité des capitales qui se rapprochent de Rabat. Il est certes vrai qu’utiliser une parabole neigeuse pour le Sahara est assez étrange, mais cela vaut mieux qu’un mirage…
Tout cela, il faut le reconnaître, est le fruit du travail, de l’organisation, de l’imagination et de la constance de la diplomatie marocaine. Lui, s’en défendra bien évidemment mais Nasser Bourita est la cheville ouvrière de cet éclat diplomatique. Le changement de doctrine de son ministère, il était derrière ; la diplomatie offensive, c’est lui ; la stratégie des consulats, c’est encore lui ; l’Accord tripartite, c’est toujours lui ; la formation, la polyvalence et le plurilinguisme des diplomates, c’est encore et toujours lui. Hors Abdellatif Filali, qui avait un statut particulier, M. Bourita sera le ministre des Affaires étrangères qui sera resté le plus longtemps en fonction, et il l’est toujours.
Maîtrisant ses dossiers, bourreau de travail, portant fidèlement la vision stratégique dessinée au plus haut niveau de l’Etat, architecte de la nouvelle structure du ministère, Nasser Bourita est, avec Moulay Ahmed Laraki et Mhamed Boucetta, le ministre qui aura imprimé sa marque à sa fonction et qui aura conduit la très forte avancée de la cause nationale du Sahara, sachant se rendre indispensable.
Aujourd’hui, l’affaire du Sahara évolue dans le bon sens, et vite. Mais de la même manière que le monde évolue, que les cadres géostratégiques changent et mutent et que les enjeux nouveaux apparaissent, il appartient à notre diplomatie de s’ouvrir un peu plus sur la société civile et la classe politique, comme cela semble être le cas depuis quelques semaines pour les partis (nous y reviendrons). Et de la même manière aussi que cette diplomatie aura fort à faire pour calmer les ardeurs et tempérer les appétits, bien évidemment, des grandes puissances qui ont épousé les positions marocaines, en œuvrant à ne pas oublier l’Espagne qui a été la première après les Etats-Unis à franchir le pas, et aussi en calculant et en calibrant les faveurs faites à Paris qui semble vouloir tout prendre.
Dans l’attente, ne gâchons pas notre joie et félicitons-nous des progrès réalisés dans notre affaire nationale. Le 50ème anniversaire de la Marche verte devra être une occasion de régler définitivement cette question. Nous l’espérons du moins, mais nous sommes sur la très bonne voie !
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost