Spotify n’a jamais caché son ambition de devenir le leader mondial de l’audio, et encore moins son intention de rivaliser frontalement avec YouTube. En annonçant récemment une enveloppe de 100 millions de dollars dédiée aux podcasteurs, la plateforme suédoise confirme son offensive et ouvre une fenêtre d’opportunités inédite pour les créateurs de contenus, y compris au Maroc.

En février 2025, Spotify affichait des résultats record : une hausse de 12 % de ses utilisateurs actifs, atteignant désormais 675 millions dans le monde. Ce n’est plus simplement un service de musique : Spotify est aujourd’hui une place forte de l’audio, où podcasts, livres audio, interviews et contenus originaux s’invitent au cœur de la stratégie.

L’annonce du plan de 100 millions de dollars s’inscrit dans un virage stratégique : Spotify entend séduire davantage de créateurs et les inciter à monétiser leurs productions directement sur sa plateforme, sans passer par YouTube. En clair, Spotify veut devenir la plateforme de référence pour les podcasteurs, au même titre que YouTube l’est pour la vidéo. Et pour y arriver, elle mise sur un modèle de partage des revenus attractif, des outils de création simplifiés et des fonctionnalités interactives innovantes.

Et les podcasteurs marocains ? Encore trop timides
Pendant que les podcasteurs américains, français, sud-africains ou brésiliens s’engouffrent dans la brèche, les créateurs marocains peinent encore à franchir le cap Spotify. Beaucoup continuent de publier uniquement sur YouTube ou sur des plateformes locales, sans tirer parti de la visibilité mondiale et des outils de monétisation de Spotify. Une inertie regrettable, alors même que l’audio est en plein essor au Maroc, porté par une jeunesse connectée, avide de formats courts, d’histoires inspirantes et de débats engagés.

Des podcasts marocains comme NassNass, Zanka 90, ou Podcast Kounouz ont pourtant montré qu’il existait une audience fidèle, intéressée par des contenus audio locaux, en darija, en français ou en arabe classique. Le public est là, les talents aussi. Ce qui manque ? Peut-être une prise de conscience de l’opportunité que représente Spotify.

Être sur Spotify, ce n’est pas seulement être présent sur une plateforme en plus : c’est intégrer un écosystème international, profiter de recommandations algorithmiques puissantes, et toucher une audience mondiale, marocaine et diasporique. C’est aussi structurer sa démarche créative, en s’appuyant sur des statistiques d’écoute précises, des options de monétisation, et des passerelles vers les abonnements premium.

Alors, qu’attendent les podcasteurs marocains ?

Le train est en marche. Spotify ne distribue pas 100 millions de dollars tous les ans. C’est maintenant qu’il faut investir la plateforme, créer, diffuser et oser rêver plus grand. Le podcast marocain a tout à gagner à sortir de ses frontières. Spotify offre la scène. Il ne reste plus qu’à monter dessus.

Et si cette ruée vers Spotify n’était qu’une autre manière de recentraliser le pouvoir entre les mains d’une seule plateforme mondiale ? En concentrant les audiences, les revenus et les données, Spotify pourrait devenir aussi incontournable — et aussi contraignant — que YouTube. La diversification des canaux reste essentielle pour ne pas perdre son autonomie créative et financière.