Du 19 décembre 2025 au 21 janvier 2026, l’exposition «En Jeu» métamorphose la Galerie Khalid Fine Arts en espace de dialogue entre arts visuels et football. À l’orée de la CAN, treize artistes y revisitent le geste, restituent la mémoire et l’émotion du jeu, faisant de chaque œuvre un rebond poétique.

À l’initiative de Jalil El Gharib, directeur de la galerie, ce projet puise dans une passion ancienne pour le ballon rond. Celui qui s’est longtemps imaginé entraîneur ou agent a vu son destin bifurquer vers les cimaises, sans jamais renier son attachement au football.

À l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, l’idée s’impose: faire se répondre l’univers du foot et celui de l’art en invitant treize créateurs à traiter le thème à partir de leur mémoire, de leur lien à l’équipe nationale et de leur sensibilité à l’identité africaine.

Entre mouvement, mémoire et gestes picturaux

Certains artistes traduisent le football par l’énergie, le mouvement et la mémoire qu’il charrie. Youssef Azarin, nourri de jeux interminables jusqu’à la nuit, voit dans le ballon un espace de dépassement et de suspension des conflits, transposé dans une esthétique intime.

Fouad Cherdoudi rapproche la pratique picturale d’un match: la toile blanche évoque le coup d’envoi et chaque trace devient une passe hésitante vers l’action.

Noureddine Daifallah, maître de la calligraphie, reconnaît dans le football une pulsation rythmique, colorée et dynamique en résonance avec les courbes de la lettre et la géométrie de ses compositions.

Imane El Makhchouni concentre le «chaos harmonieux» du jeu dans des œuvres bichromatiques où silhouettes, traits et signes s’entrelacent.

Rebel Spirit appréhende chaque match comme un récit vivant, une chorégraphie d’émotions que ses créations figent pour en magnifier les instants forts.

Reda Kanzaoui, fidèle à son univers de clown, célèbre le football de quartier, terre d’espérance malgré la modestie des moyens, dans une scène expressionniste traversée de couleurs et de symboles inspirés des masques africains; il accompagne son œuvre d’un poème en arabe dédié à la «Dame ronde».

Figures, identité et liesse populaire

Chez Badr Bourabain, tout se joue dans le regard: des portraits de joueurs marocains, puissants, déterminés et complexes, se détachent sur des fonds vifs, rappelant la solennité de l’hymne national.

Mohamed Rachdi convoque humour et personnages populaires en mettant en scène «Kabbour et Chaibia» de la série «L’Couple», sur un terrain où se rejouent conflits, attachements et relation charnelle entre équipe et public.

Proche du joueur Achraf Hakimi, Hassan Hajjaj croise identité, humour, mode, mouvement et souvenirs collectifs dans des accessoires et symboles où l’esprit du football éclate dans une esthétique ludique.

Abderrahim Hamza établit un parallèle entre dribble et geste calligraphique, et installe une carte de l’Afrique au cœur de l’étoile verte du drapeau marocain dans une pièce tridimensionnelle.

Abdelmajid Sabri invente un nouveau terrain pictural, déformant l’espace pour traduire l’effervescence des foules. L’empreinte africaine est également centrale dans l’œuvre de Mederic Turay, avec une toile dédiée au duo gardien-filet et des sculptures de Coupes du monde en céramique, nourries de son univers visuel.

«En Jeu» rappelle la puissance fédératrice du football, capable de rassembler, de transcender les différences et d’apaiser les différends. Un rendez-vous à vivre pour qui veut voir, sentir et penser le football dans sa dimension esthétique et visuelle.