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15 Février : journée mondiale de lutte contre le cancer de l'enfant


Rédigé par le Jeudi 15 Février 2024

Chaque année, le 15 Février est marqué par la Journée Mondiale de Lutte contre le Cancer de l'Enfant, une occasion de sensibiliser le public à cette maladie dévastatrice qui touche des milliers d'enfants à travers le monde. Cette journée vise à attirer l'attention sur les défis auxquels sont confrontés les enfants atteints de cancer, ainsi que sur la nécessité d'améliorer les traitements et le soutien aux familles.



Des statistiques alarmantes

Au Maroc, l’incidence des cancers chez les enfants et adolescents est de 1200 nouveaux cas par an. Parmi eux, 800 sont traités dans les cinq unités d’oncologie pédiatrique et environ 500 guérissent chaque année. Les cancers les plus prédominants chez l’enfant ? Les leucémies, les lymphomes, les tumeurs du rein et les tumeurs cérébrales.

Toutes les unités sont accompagnées et soutenues par la Fondation Lalla Salma et utilisent des protocoles de traitements reconnus au niveau national et international.

Malgré les progrès dans le domaine de la recherche et de la médecine, le cancer reste l'une des principales causes de décès chez les enfants dans de nombreux pays. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 300 000 enfants âgés de 0 à 19 ans sont diagnostiqués chaque année avec un cancer, et près de la moitié d'entre eux ne survivront pas à cette maladie.

La discipline de l'oncologie pédiatrique est relativement récente dans le domaine médical, mais elle a connu une croissance rapide au cours des dernières décennies. Ceci est largement attribuable aux progrès significatifs réalisés dans le traitement des enfants atteints de cancer, ce qui a conduit à une nette amélioration des taux de rémission observés au cours des trente dernières années.

Cependant, ces avancées n'ont profité qu'à une fraction des enfants à travers le monde, principalement en Europe et en Amérique du Nord, laissant près de 80 % de la population pédiatrique mondiale dans l'ombre, en particulier sur le continent africain. Bien que les taux de guérison aient atteint 80 % dans les pays à revenu élevé, ils stagnent entre 10 et 40 % dans les nations à revenu faible ou intermédiaire, avec des données exactes difficiles à obtenir.

Chaque année, environ 400 000 enfants sont touchés par le cancer à l'échelle mondiale. Cependant, tandis que seulement 3 % de ces cas échappent au diagnostic en Europe et en Amérique du Nord, ce chiffre monte à 57 % en Afrique de l'Ouest. En d'autres termes, sur les 6 à 7 millions d'enfants potentiellement touchés par le cancer entre 2015 et 2030, près de 2,9 millions d'entre eux, principalement en Afrique, mourront faute d'avoir été diagnostiqués.

Des cancers différents selon les populations

Les leucémies, les lymphomes et les tumeurs du cerveau et de la moelle sont les types de cancer les plus courants chez les enfants de moins de 16 ans à l'échelle mondiale.

Cependant, cette répartition varie d'un pays à l'autre, influencée notamment par le nombre de cas effectivement diagnostiqués ainsi que par des facteurs génétiques et environnementaux. Par exemple, le lymphome de Burkitt est endémique en Afrique, tandis qu'il est plutôt sporadique dans les pays du Nord.

Il est évident que la lutte contre les cancers pédiatriques représente un défi majeur pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier pour de nombreux pays africains.

Comment améliorer ces résultats et garantir que "les enfants africains puissent être traités avec succès dans leur propre pays par des équipes africaines", comme l'a déclaré en 2000 le Pr Jean Lemerle, fondateur du Groupe franco-africain d'oncologie pédiatrique (GFAOP) ? Il est impératif d'améliorer l'offre de services cliniques, diagnostiques et thérapeutiques.

Améliorer accueil et formation

Cela implique une amélioration de la formation du personnel médical et paramédical afin d'établir des unités spécialisées et des équipes multidisciplinaires essentielles pour assurer une prise en charge efficace des enfants.

Cela nécessite également une amélioration des conditions d'accueil, un accès facilité aux médicaments spécifiques tels que la chimiothérapie, la radiothérapie, la chirurgie oncologique, ainsi qu'aux thérapies de support, aux soins palliatifs et à la gestion de la douleur. En outre, cela exige un soutien aux programmes de communication communautaire et de mobilisation sociale visant à promouvoir le diagnostic précoce chez les enfants.

En 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé l'initiative Cureall de lutte contre le cancer pédiatrique, visant à fournir une assistance technique aux gouvernements pour renforcer et maintenir des programmes de qualité dans la lutte contre cette maladie. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'autres actions menées par diverses organisations telles que le Groupe franco-africain d'oncologie pédiatrique (GFAOP) ou l'Alliance mondiale contre le cancer (AMCC).

Par exemple, depuis 2016, l'AMCC a mis en place un programme de lutte contre le rétinoblastome en formant des médecins au diagnostic précoce et au traitement de cette maladie dans plusieurs pays africains. Quant au GFAOP, depuis les années 2000, il s'est engagé dans le développement et la progression structurée de plus de 20 unités d'oncologie pédiatrique en Afrique francophone.

Dans un premier temps, il a contribué au financement des médicaments anticancéreux pour les cinq cancers les plus courants en Afrique, puis entre 2014 et 2018, il a établi un Diplôme interuniversitaire d'oncologie pédiatrique (DIUOP) à Rabat (Maroc) pour la formation des pédiatres, suivi par la création de l'Institut Jean Lemerle à Dakar (IAFOP) pour la formation des paramédicaux. En 2019, le GFAOP a également lancé un programme de diagnostic précoce pour lutter contre les retards diagnostiques dans les pays d'Afrique francophone affiliés à l'organisation.

S’adapter aux spécificités locales

Tous ces programmes, déployés à une échelle multinationale, représentent des actions cruciales pour le développement de l'oncologie pédiatrique en Afrique. Ils ont été complétés sur le terrain par des échanges d'expériences entre les équipes d'oncologie pédiatrique françaises et africaines, notamment à travers des partenariats développés à partir de 2015 par le Groupe franco-africain d'oncologie pédiatrique (GFAOP).

Ces partenariats sont considérés comme l'un des moyens les plus efficaces pour comprendre les spécificités de chaque pays africain, en prenant en compte à la fois les besoins et les attentes, ainsi que les capacités et les priorités en matière de santé. Cela a été démontré par la collaboration instaurée en 2017 entre l'équipe d'oncologie pédiatrique du CHU Sylvanus Olympio de Lomé et celle du CHU d'Angers.

Ces deux équipes ont travaillé en étroite collaboration avec les responsables institutionnels concernés pour élaborer un plan quinquennal de développement de l'oncologie pédiatrique, tenant compte des réalités spécifiques du Togo, non seulement sur le plan sanitaire, mais également sur les plans économique et politique.

Cette collaboration a conduit à la rénovation du laboratoire d'Anatomie pathologique du CHU Sylvanus Olympio, étape cruciale pour garantir des diagnostics de qualité. Ce laboratoire est chargé d'examiner au microscope les tumeurs prélevées lors des interventions chirurgicales, permettant ainsi aux médecins pathologistes de poser des diagnostics précis. Ces informations sont ensuite utilisées pour proposer les traitements les plus adaptés aux patients.

Des objectifs ambitieux

D'autres initiatives sont également en place, telles que l'organisation de réunions médicales conjointes (comme des visioconférences mensuelles) pour discuter des meilleures pratiques de prise en charge des patients, la modernisation des infrastructures Internet, la formation continue des médecins et du personnel paramédical, ainsi que l'autonomisation pour garantir l'accès aux médicaments essentiels.

Ces initiatives s'ajoutent aux efforts déployés par le gouvernement togolais dans le cadre du Plan national de développement sanitaire, qui vise à étendre considérablement la couverture médicale de la population à long terme.

La route vers l'objectif fixé par l'OMS d'atteindre un taux de survie d'au moins 60 % pour tous les enfants atteints de cancer d'ici 2030 est encore longue. Cependant, nous sommes convaincus que cet objectif est réalisable, à condition que les pays à revenu élevé assument pleinement leurs responsabilités envers les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier les nations africaines.

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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 15 Février 2024

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