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2024 au Maroc, l’année charnière


Bon, maintenant que tout le monde a souhaité bonne et heureuse année à tout le monde, que les gens sont retournés à leur travail et les jeunes à leurs études, voyons de quoi sera faite cette année 2024. Elle succède à 2023, une année d’incertitudes, de guerres et de grandes hypocrisies dans le monde, de silences, d’approximative gouvernance, de sécheresse et de stress au Maroc.



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Par Aziz Boucetta

 Comment se présente donc cette année au Maroc, sur le plan national et dans son environnement international ?

1/ A l’international, on attend deux élections présidentielles importantes pour le royaume. A Washington, la jeune démocratie locale, qui n’est plus ni jeune ni démocratique, présentera aux électeurs le choix entre deux personnages âgés, octogénaires, dans une sorte de remake de l’élection de 2020. Joe Biden n’est plus vraiment en possession de toute sa vigueur d’antan, en plus d’être en butte aux tracas judiciaires de son fils accusé de diverses choses plus graves les unes que les autres. A Gaza, il est le complice de massacres en masse, possiblement génocide aussi.

Quant à Donald Trump, il a déjà sa photo d’identité judiciaire et doit répondre de quelques dizaines de chefs d’inculpation impliquant la sécurité nationale. L’Amérique vacille, se divise, se craquèle et n’est plus digne de confiance (si tant est qu’elle le fût un jour). Le Maroc, traditionnellement, est plus confortable avec les Républicains, mais le monde change et rien n’est plus aussi sûr qu’avant.

Chez notre voisine l’Algérie, l’élection présidentielle se prépare aussi. Abdelmajid Tebboune voudrait bien rempiler mais l’opacité du régime, son incertitude, ses luttes de clans et autres règlements de comptes compliquent la donne. Du temps de feus Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Gaïd Salah, les choses étaient mieux tenues mais aujourd’hui, le régime est aux abois, soutenu par les Russes, manipulé par les Français, mis sous pression par les Américains et en délicatesse avec tous ses voisins.

Notre amie la France tangue et s’inquiète beaucoup pour ses Jeux Olympiques, surtout avec la cérémonie d’ouverture à hauts risques qui se prépare. Paris et Rabat sont en froid depuis plusieurs années, en quasi rupture depuis deux ans, mais un rapprochement spectaculaire s’est opéré en fin d’année, fait de petits pas significatifs et surtout de la visite de deux hauts sécuritaires français chez leurs homologues marocains.

Doit-on y voir une décrispation des relations, sachant que la condition de Rabat est une évolution de la position française sur le Sahara ? Tout est possible mais rien n’est moins sûr ; ainsi vont les relations de la France d’Emmanuel Macron avec le reste du monde, d’incertitudes en coups de théâtre, de coups de menton en renoncements.

L’Europe, ce « jardin » dont se vante le vice-président de la Commission Josep Borrell et qui devient de plus en plus broussailleux, s’apprête à tenir ses élections à l’issue desquelles sera formée une nouvelle Commission. Après la calamiteuse présidence von Der Leyen et en plein bras de fer entre Rabat et Bruxelles sur maints dossiers, il sera intéressant de voir qui seront les nouveaux « jardiniers » en charge de se prémunir contre la « jungle » autour (dont le Maroc), toujours selon M. Borrell.

Enfin, le Maroc, comme les pays du...monde, attend les suites et peut-être la fin de deux conflits majeurs, en Ukraine et à Gaza. Le premier nous concerne sur le plan de l’économie (prix des produits énergétiques et alimentaires), et le second nous implique sous l’angle de la morale et du droit international. On aura remarqué que pour les deux conflits, l’attitude marocaine est faite de discrétion et d’engagement croissant, mais si les deux perdurent en 2024, il faudra bien que Rabat affiche des positions plus tranchées, plus hardies, plus risquées.

 

2/ Au niveau national, le Maroc continue de rouler à deux vitesses, avec un positionnement géostratégique visible et audible, mais une pratique politique plus que poussive. La réforme de l’enseignement paraît bien menacée par le recul du gouvernement face aux revendications et aux grandes manifestations des enseignants, et ce recul a donné des idées, puis des ailes, à de nombreux autres corps publics qui ont constaté que la manifestation et la grève paient face à un exécutif faible…

La grogne sociale menace, la contagion revendicative s’accélère, et la crispation des colères augmente, après la crise Covid et les poussées inflationnistes de 2023.

Le gouvernement Akhannouch a réussi la convergence des mécontentements, avec une loi de finances fiscalement « sévère », un patronat humilié pour avoir osé balbutier son agacement face à l’action gouvernementale, une classe moyenne de plus en plus moyenne et qui a de moins en moins de moyens, le monde rural asséché… De ces colères, exprimées ou rentrées, et de leur gestion, sera faite l’année 2024, remaniement ou pas.

Quant à la majorité gouvernementale, naguère forte et puissante, elle se trouve aujourd’hui avec trois partis brinquebalants ; le PAM prépare son congrès de tous les dangers et l’Istiqlal repousse le sien, le RNI domine tout et veut s’accaparer le tout, sans parler à personne, et plusieurs élus des trois partis sont poursuivis par la justice.

Tout porte à croire que cela se poursuivra en 2024, et cela créera du remous au sein de la société. Si, à l’inverse, tout cela s’arrête, le remous sera plus fort… Il est en effet temps de nettoyer ce qui le doit.

Le royaume se prépare à l’échéance de la CAN 2025, et les projecteurs du monde seront braqués sur lui. Le royaume s’active pour lancer son initiative pour le désenclavement du Sahel, attirant sur lui les regards, et peut-être les foudres, des grandes puissances qui n’aiment pas trop ce genre d’intrus dans leurs stratégies ; il restera à clarifier la position d’une Mauritanie de plus en plus opaque et mystérieuse quant à ses relations avec Rabat.

Pour la situation à Gaza, il sera de plus en plus difficile à la diplomatie marocaine de ne rien dire, de ne pas condamner, surtout quand Benyamin Netanyahou insiste sur la longueur de la guerre et sur la poursuite des massacres en cours.

 
Une année 2024, donc, pleine d’incertitudes et de défis. Le Maroc voit grand mais doit se débarrasser de ceux parmi les siens qui voient et jouent petit. De cette année 2024 et de l’action du Maroc dépendra son positionnement pour les 5 ou 10 prochaines années. 2024, l’année charnière.

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost 



Mardi 9 Janvier 2024

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