Un tabou persistant, des conséquences concrètes
Dans de nombreux pays, y compris au Maroc, les menstruations restent enveloppées d’un voile de honte. Dans certaines familles, le mot même est banni des conversations. À l’école, de nombreuses adolescentes manquent plusieurs jours de cours chaque mois faute de protections adaptées ou à cause de l’embarras. Certaines doivent improviser avec du tissu, du papier journal ou rien du tout.
"Quand j’ai eu mes règles pour la première fois, je croyais que j’étais malade", confie Amina, 17 ans, élève dans un lycée de la région de Salé. "Personne ne m’en avait parlé. J’ai eu honte d’en discuter avec ma mère."
L’inégalité menstruelle, un enjeu de dignité
Au-delà du tabou, c’est une véritable inégalité sociale et économique qui se joue. Les protections hygiéniques, dont le prix reste élevé pour une partie de la population, ne sont pas accessibles à toutes. En milieu rural, certaines jeunes filles abandonnent même l’école à cause de l’absence de toilettes adaptées ou de fournitures sanitaires.
Des associations féministes tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. Pour elles, l’hygiène menstruelle doit devenir une priorité de santé publique et de justice sociale. "On ne peut pas parler d’égalité des chances tant que les règles restent un obstacle à la scolarisation ou au travail", explique Rachida El Hani, présidente d'une association féministe.
Vers une prise de conscience ?
Des initiatives commencent à émerger. En 2024, le Maroc a vu naître une campagne baptisée #7a9iRassi, visant à éduquer les jeunes sur le cycle menstruel et à distribuer gratuitement des protections hygiéniques dans certains établissements scolaires. D’autres militent pour que ces produits soient subventionnés voire gratuits, comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays comme l’Écosse ou la Nouvelle-Zélande.
Pour cette journée du 28 mai 2025, plusieurs associations organisent des ateliers, des conférences, et des distributions de kits d’hygiène dans les lycées et centres de jeunesse, avec un objectif clair : normaliser la parole autour des règles.
Changer les mentalités, une affaire collective
Mettre fin à la précarité menstruelle ne dépend pas uniquement de politiques publiques. Cela passe aussi par l’éducation des garçons, la formation des enseignants, et l’engagement des médias. Le changement commence quand on cesse de chuchoter le mot 'menstruation.
En cette Journée internationale de l’hygiène menstruelle, les voix s’élèvent pour dire que les règles ne doivent plus être une souffrance, une honte ou un frein. Elles doivent simplement être ce qu’elles sont : un phénomène biologique normal, qui mérite respect, compréhension et dignité.












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