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À propos de « Trahison pieuse » d’Intissar Haddiya

Ed. Librinova 2021


Rédigé par La rédaction le Jeudi 2 Septembre 2021

J’aime beaucoup Intissar Haddiya, cette figure d’écrivaine qui est en même temps médecin néphrologue engagée, militante pour les greffes de reins, professeur à la faculté de médecine, mère de famille, poète, polyglotte, et grande lectrice, dont la culture alimente l’écriture.



Par Annie Devergnas Docteure en Littérature et critique littéraire spécialiste de littérature maghrébine d’expression française

Mais je ne parlerai ici que de la romancière. Je garde un très beau souvenir de son premier roman, Si Dieu nous prête vie, qui décrit comme si nous y étions, avec tendresse et précision en même temps, une salle de dialyse et tous les destins qui s’y entrecroisent. Chaque personnage est attachant, avec ses souffrances et ses espoirs, ses projets d’avenir malgré la mort qui rôde… De la générosité, de l’amour, du courage, de l’entraide...

Le second roman, L’inconnue, est l’histoire du grand amour qui relie une maman d’adoption à un bébé qu’un geste anonyme et généreux lui met dans les bras, alors qu’elle ne s’y attendait pas et que, victime d’une grande injustice, sa vie avait pris un tour presque désespéré. Que de sentiments touchants relient cette femme brisée à cette petite fille, et à leur humble et fidèle amie !

Je n’ai nul besoin de relire ces romans, parus, l’un, en 2016, et l’autre en 2019, pour me souvenir de ces caractères, restés bien vivants dans ma mémoire. Et ne pensez pas que leurs beaux sentiments soient à aucun moment empreints de mièvrerie, non, simplement, ils révèlent ce que l’humanité peut offrir de meilleur au milieu des obstacles que la vie leur a infligés, comme pour mieux épanouir leurs qualités de cœur.

Or, voici que je termine ce troisième roman, Trahison pieuse. Et, dois-je l’avouer, j’en ressors avec des sentiments mitigés ! Pourtant, j’ai retrouvé le style précis, habile à peindre un cadre de vie, que ce soit une riche villa ou un quartier pauvre, un jardin sous une violente pluie d’orage, la cabane d’un gardien de quartier…

Ou bien l’assemblée des femmes venues partager le deuil de Hajja, dont le richissime mari est décédé le matin même, leurs mimiques, leurs tenues, leurs expressions… Mais le malheur rôde encore dans la villa endeuillée, il n’a pas fini de frapper ! Nous assistons ainsi à la visite qui va faire chavirer le destin un peu plus encore : les nouveaux-venus nous font remonter les années dans un passé dont l’horreur ne fera qu’augmenter au fil des pages.

De leur côté, les deux femmes employées au service de la veuve vivent un autre drame, tout aussi inattendu et qui brise une autre vie. Comme s’il n’avait pas déjà provoqué assez de larmes, le malheur va ainsi se déporter quelques rues plus loin, où la mort sanglante utilise un individu au destin étrange.

Voilà bien les ingrédients d’un drame qui aurait dû me passionner… Mais en réalité, à part la digne Hajja, pour qui la mort tragique est la seule issue face à l’écroulement de son univers, et surtout la chaleureuse Itto, la domestique, aucun personnage ne m’a inspiré de sympathie ! Les deux plus beaux, physiquement, sont aussi les plus pervers, les plus redoutables.

Et voyez cet homme presque anonyme qui se mue en assassin fou, ne sortant de sa misère que pour devenir un meurtrier, comme il est laid ! Les personnages masculins d’ailleurs sont soit lâches, soit d’une cruauté, d’une duplicité, impardonnables ! Quelle ambiance oppressante, digne d’un roman de Charles Dickens, nous avons là ! Non, ces êtres dépravés qui prennent plaisir à anéantir des créatures trop passives, ou naïves, n’ont aucune chance de me séduire, ils me feraient tous douter de l’humanité…

Alors, j’ai une petite prière à l’intention de l’auteure : chère Intissar, nous avons assez lu de romans de la noirceur sociale ou morale. Assez d’exploitation du faible par le fort, assez d’injustice, de misère et d’abandon ! Moi je souhaite que tu nous montres à nouveau comment l’Amour, au sens le plus large et le plus noble, vient apporter une lueur d’espoir à notre monde, qui en a tant besoin…





Jeudi 2 Septembre 2021

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