Le Maroc se distingue sur le continent par l'enthousiasme de ses citoyens pour les nouvelles technologies. Dans le cadre d’une enquête menée dans 39 pays et auprès de plus de 53 000 personnes, Afrobarometer révèle que près de huit Marocains sur dix se disent prêts à adopter les nouveaux usages numériques, tandis que seulement 3% estiment ne pas l’être.

Malgré cette volonté, des obstacles structurels persistent. Le smartphone est devenu le principal moyen d'accès à Internet, mais la possession d’un ordinateur personnel reste rare, notamment dans les zones rurales. L’étude souligne un écart significatif : environ 68% des ménages urbains possèdent un ordinateur, contre seulement 18% en milieu rural.

Le rapport d’Afrobarometer dresse également un tableau contrasté de l'Afrique numérique. Dans sept pays, dont le Maroc, le Gabon et l’île Maurice, au moins la moitié de la population possède un ordinateur. En revanche, dans des pays comme le Niger, le Malawi ou le Liberia, ce chiffre ne dépasse pas 20%.

En moyenne, seulement 18% des Africains possèdent un ordinateur personnel, tandis que 15% y accèdent par l’intermédiaire d’un membre du foyer. Le smartphone est plus répandu, avec 47% des répondants déclarant en posséder un, tandis que 35% utilisent encore des téléphones basiques, sans connexion Internet. Ces limitations techniques entravent leur capacité à participer pleinement à l’économie numérique.

Un autre facteur crucial à considérer est l'accès à l'électricité. Seuls 22% des foyers africains bénéficient d’un accès continu au réseau national. Bien que la situation soit moins préoccupante au Maroc, elle demeure un obstacle au développement d'activités numériques. Sans électricité fiable, l'accès à Internet et aux services numériques reste précaire.

D’après Afrobarometer, 42% des Africains disposent aujourd’hui des ressources nécessaires (appareils, connexion et électricité) pour participer activement à l’économie numérique. Cependant, la répartition de ces ressources est inégale : plus de trois quarts de la population dans des pays comme Maurice, les Seychelles, le Gabon et le Maroc sont jugés « prêts », alors qu’à peine une personne sur dix à Madagascar ou au Malawi peut en dire autant.

L’étude rappelle que l’expansion d’Internet depuis les années 1990 est étroitement liée à la croissance économique et que le numérique est devenu un moteur essentiel de création d’emplois dans le Sud global. Toutefois, elle met en garde contre le risque que l’économie numérique accentue les inégalités si l'accès aux infrastructures et aux équipements n'est pas démocratisé. Les citoyens les moins connectés risquent de rester cantonnés à un rôle de simples consommateurs, sans bénéficier des opportunités offertes par l'innovation.