Dans un communiqué officiel, Akdital a confirmé son intention de racheter l’intégralité du capital de Taoufik Hospitals Group, acteur de référence du privé en Tunisie. Fondé en 2014, THG exploite aujourd’hui quatre établissements hospitaliers, totalisant plus de 600 lits, dont 100 dédiés à la réanimation. Le groupe s’appuie sur 1 600 collaborateurs et un réseau de plus de 500 médecins partenaires, un socle humain qui lui permet de couvrir une large palette de soins spécialisés.
 

Cette acquisition, si elle est finalisée, constituera la première implantation d’Akdital en Afrique du Nord hors Maroc, après des incursions ciblées au Moyen-Orient, notamment à Riyad et à La Mecque. Pour un groupe longtemps concentré sur le marché national, le pas est symbolique. Et stratégique.

Sur le plan économique, les fondamentaux de THG expliquent l’intérêt d’Akdital. En 2024, le groupe tunisien a réalisé un chiffre d’affaires consolidé supérieur à 45 millions de dollars, avec une marge d’EBITDA de 35 % et une marge nette de 13 %. Des niveaux de rentabilité élevés pour le secteur hospitalier privé, confirmant la maturité de son modèle.
 

Les perspectives pour 2025 tablent sur une croissance d’environ 15 %, portée notamment par l’essor de l’oncologie, discipline au cœur des besoins de santé dans la région. Les établissements de THG sont par ailleurs reconnus comme des centres d’excellence, couvrant aussi la neurologie, la cardiologie interventionnelle, la traumatologie et la rééducation fonctionnelle, avec des accréditations internationales et locales (HAS, INEAS) attestant de la qualité et de la sécurité des soins.

Au-delà des chiffres, l’opération repose sur une logique de complémentarité. Akdital entend créer une plateforme d’échanges de compétences, favoriser la mobilité des talents médicaux et mutualiser les savoir-faire organisationnels. Dans un secteur où la pénurie de spécialistes est un enjeu régional, cette circulation des compétences n’est pas un détail.
 

Un cadre du secteur de la santé, rencontré récemment à Casablanca, résumait l’enjeu en une phrase simple : « La croissance n’a de sens que si elle améliore concrètement l’accès aux soins et les standards médicaux. » C’est précisément sur ce terrain qu’Akdital sera attendu.

Pour Akdital, cette acquisition s’inscrit dans une trajectoire déjà dynamique. En 2024, le groupe a dépassé les 2,95 milliards de dirhams de chiffre d’affaires, avec un réseau de 33 établissements au Maroc et plus de 3 700 lits. La montée en puissance de segments à forte valeur ajoutée, comme l’oncologie, alimente une croissance rapide, confirmée en 2025.
 

Reste un point de vigilance : l’équilibre entre expansion privée et accessibilité des soins. Dans un contexte où la pression sur les systèmes publics demeure forte, l’essor d’acteurs privés régionaux pose la question de la complémentarité, et non de la substitution, avec le service public.
 

Avec THG, Akdital ne signe pas seulement une acquisition financière : il affirme une vision régionale de la santé privée. Le succès de cette opération se mesurera autant à la création de valeur qu’à sa capacité à répondre, durablement, aux attentes sociales et sanitaires du Maghreb.