Ils toussent, s’essoufflent, peinent à respirer ou à dormir. Dans les cabinets pédiatriques des grandes villes marocaines, les crises d’asthme et les laryngites aiguës explosent. Le phénomène n’est plus seulement saisonnier. Lors du Morocco Medical Expo 2025, les pédiatres ont tiré la sonnette d’alarme : entre pollution urbaine, retards de diagnostic et confusion avec des infections banales, les urgences respiratoires infantiles doivent être repensées.

Asthme infantile : une épidémie silencieuse
L’asthme est aujourd’hui la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant, touchant près de 10 à 12 % des petits Marocains selon les dernières estimations. Il est responsable de milliers de passages aux urgences chaque année… et pourtant, il reste sous-diagnostiqué ou mal suivi.

Le Pr Yassine El Haouzi va rappelé que beaucoup d’enfants sont traités de façon ponctuelle (antibiotiques, sirops), sans plan d’action personnalisé, sans prise en charge préventive, ni éducation des parents à la gestion des crises.

La laryngite aiguë, souvent confondue avec un simple rhume
La laryngite striduleuse (ou « faux croup ») touche principalement les enfants de moins de 5 ans. Elle provoque une inflammation brutale du larynx, avec toux aboyante, voix rauque et difficultés respiratoires nocturnes. Le tableau impressionne, inquiète, mais est souvent banalisé ou mal interprété, retardant la mise en place d’un traitement efficace à base de corticoïdes inhalés.

Pollution, tabac, habitat : les causes modifiables
La progression de ces pathologies respiratoires s’explique en grande partie par l’environnement urbain délétère :

pollution atmosphérique et particules fines,
humidité dans les logements mal ventilés,
exposition au tabagisme passif,
et explosion des allergènes domestiques (acariens, moisissures).

La médecine ne peut pas tout régler seule. Les experts ont insisté sur la nécessaire mobilisation des collectivités locales pour agir sur l’air, le bâti et l’éducation sanitaire.




Une réponse médicale à structurer
Le Maroc dispose de très peu de services de pneumopédiatrie spécialisés. Les médecins généralistes et les pédiatres doivent souvent gérer seuls des cas sévères, sans outils diagnostics avancés (spiromètre, tests d’allergie, imagerie pulmonaire de qualité).

Les intervenants au salon vont plaidé pour :

la formation en allergologie pédiatrique de terrain,
l’intégration de protocoles d’éducation thérapeutique pour les enfants et leurs familles,
et la disponibilité élargie des traitements inhalés remboursables.

Mieux éduquer pour mieux respirer
Un enfant asthmatique bien suivi, éduqué à reconnaître ses signes d’alerte et entouré d’un environnement sain peut vivre sans aucune limitation d’activité. À condition qu’il soit compris, diagnostiqué et pris en charge à temps.

La prévention, ici encore, reste le médicament le plus puissant… et le moins prescrit.

FOCUS : Asthme et laryngite chez l’enfant – bons réflexes
Reconnaître les signes : toux nocturne, sifflement, voix rauque, difficultés à l’effort
Éviter les erreurs : pas d’antibiotique systématique, pas de banalisation
Éduquer les familles : plan d’action, bon usage des inhalateurs
Améliorer l’environnement : aération, arrêt du tabac à la maison, lutte contre l’humidité
Créer des parcours de soins spécialisés en collaboration avec les écoles

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